Passe-Montagne
Par Sandra Mathieu
35 ans de passion des hauteurs
Peu importe où l’on se trouve à Val-David, on n’a qu’à lever les yeux pour apercevoir le terrain de jeu des mordus de grimpe. Si on les plisse un peu, on peut distinguer des formes humaines qui évoluent tranquillement sur ces rochers, telles des araignées multicolores. Bienvenue dans l’univers de l’école d’escalade Passe-Montagne qui transmet la passion des hauteurs depuis 35 ans!
Le fondateur de l’école, Paul Laperrière, est tombé dans cette potion verticale à l’âge de neuf ans, alors qu’il explorait les environs du chalet familial à Val-David. « Je me souviens que j’avais un scrapbook dans lequel je collectionnais des photos et des images d’escalade. Val-David a toujours représenté mon deuxième chez moi et j’ai toujours su que je m’y installerais un jour. »
La naissance de Passe-Montagne
« Dans les années 70, la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade engageait des moniteurs, mais j’ai rapidement voulu travailler de façon plus autonome », dévoile-t-il. En 1981, il fonde une PME sur la rue Saint-Denis à Montréal, avec son frère et sa conjointe de l’époque. Au départ, l’entreprise se concentre dans les cours d’escalade et la location de matériel d’escalade et de plein air. Ils ajoutent ensuite le volet voyage jusqu’à la fin des années 90.
En 1989, le premier projet de mur d’escalade intérieur voit le jour à l’Université de Montréal, en collaboration avec Passe-Montagne, La Cordée, Patagonia et Merrell. Le Cégep André-Laurendeau emboîte le pas. « Par la suite, on n’avait plus à convaincre les gens, la demande était là », précise-t-il.
L’entreprise s’installe officiellement à Val-David au début des années 90. Le volet production de prises et de murs prend de l’ampleur et devient le cheval de bataille de l’entreprise. Paul se souvient des débuts, alors qu’il produisait chaque prise à la mitaine, sur son balcon.
« Nous avons foncé vers les marchés que les autres n’allaient pas chercher : les structures dans les McDo et dans les parcs pour enfants, par exemple. Dans nos dernières années, nous avons produit jusqu’à 450 000 prises d’escalade par année dans notre entrepôt sur la 117, en face de Fer & Métal Sainte-Agathe. La plupart étaient destinées aux marchés étrangers : États-Unis, Corée, Japon, Chine, Équateur, Arabie, et aussi en Europe. On était rapides pour innover, améliorer les produits et créer des prototypes. » Les cours d’escalade, vers 2005, ne représentaient pas plus que 3 % du chiffre d’affaires.
Avec une vingtaine d’employés, l’aspect gestion prend beaucoup de temps et Paul réalise que l’enseignement de l’escalade ne fait presque plus partie de sa vie. Le volet production a été vendu en 2007 à des amis américains et Paul revient alors à ses premières amours : l’enseignement! « J’ai gardé l’école d’escalade et la tour d’escalade mobile. L’hiver, je suis accompagnateur lors de sorties de ski et de camping, j’accepte des contrats d’inspection d’équipement et je voyage. »
Val-David : le paradis de la grimpe
« Le parc régional est certainement le site québécois le plus agréable pour l’enseignement : un terrain compact et accessible, au cœur du village. Lorsqu’on a commencé, le site était peu développé. J’ai probablement ouvert environ la moitié des voies », confie Paul.
Il dément le mythe selon lequel il est plus facile de s’initier à l’escalade sur un mur intérieur et il encourage les néophytes à s’inscrire à un cours de sensibilisation (une journée) ou encore d’initiation (deux jours) à l’extérieur, en privé ou en groupe.
L’équipe de moniteurs est triée sur le volet et aucune place n’est laissée à l’improvisation.
Les cours sont élaborés de façon à répondre aux besoins des grimpeurs de tous les niveaux.
Ainsi, en plus des cours pour débutants et des camps d’escalade pour les 9 à 15 ans, l’école offre des cours de perfectionnement ou de transition, ainsi que des cours avancés : premier de cordée, autosauvetage ou encore une journée guidée personnalisée.
Paul et Shabana Ali, sa graphiste, ont travaillé d’arrache-pied pour produire la nouvelle version du Guide des parois de Val-David, parue le printemps dernier. La dernière édition datait de 1994. On y trouve, entre autres, une centaine de nouvelles voies et on y découvre le nouveau secteur Pain de sucre.
« Je ne changerais pas ma vie avec quiconque! Je fais ce que j’aime et je transmets ma passion! »
Depuis une quinzaine d’années, Paul se rend à Cuba où il développe la grimpe, principalement dans la Vallée de Viñales : ouverture de voies, formation, etc. Il travaille à la création d’une fondation, en collaboration avec des avocats américains et des guides cubains, pour aider le développement de l’escalade à Cuba. Il est devenu une référence de l’escalade dans ce coin de pays qu’il visite chaque année.
Plus d’infos :
Site Web : http://www.ecole-escalade.com/
Facebook : https://www.facebook.com/passemontagneecoledescalade/?fref=ts
Saviez-vous que?
Val-David est littéralement le berceau de l’escalade au Québec. Le Suisse John Brett a été le premier à en voir le potentiel en 1932. On le surnomme d’ailleurs le père de l’escalade au Québec.
Paul a également cofondé Horizon Roc à Québec et en a été le copropriétaire pendant deux ans.
La sécurité est une priorité pour l’école. Depuis 35 ans, les seuls incidents ont été des foulures de chevilles dans les sentiers qui mènent au site!
Depuis 20 ans, Passe-Montagne offre des activités de consolidation d’équipe, en collaboration avec Challenge Action, un leader dans le domaine.
Témoignage
« Ça fait 25 ans que je grimpe, mais en juin cette année, j’ai décidé de suivre mon cours de premier de cordée avec mon fils à Val-David. Paul, de l’école Passe-Montagne, est un homme passionné, rigoureux et très généreux de son temps. Il a su nous transmettre ses connaissances autant en ce qui a trait aux techniques qu’à la sécurité. Je suis allée chercher la confiance et l’assurance qu’il me manquait. Mon fils et moi avions des besoins très différents et Paul s’est adapté à nos niveaux respectifs. J’adore le site d’escalade à Val-David, car il est certainement le plus diversifié et le plus accessible au Québec, vu sa proximité avec le village. Il y a des parois pour tous les goûts et tous les niveaux. »
– Paola Frare