Photo : Monia Proulx

Pays-d’en-Haut — Le verdict électoral, sans flafla

Par Philippe Leclerc

Préfecture — Une victoire nette, un contenu mince

2025 : 18 027 votes, un peu moins de 41 % de participation. Catherine Hamé, mairesse sortante de Sainte-Anne-des-Lacs, l’emporte avec 51 %. Quatre adversaires se partagent 49 %. Le plus proche, Richard Darveau, frôle 18 %.

C’est une montée claire par rapport à 2021 (14 457 votes) et 2017 (15 330). Le vent soufflait déjà : l’idée d’élire une femme préfète gagnait du terrain. Sa jeunesse a parlé à beaucoup d’électeurs.

Mais son contenu a manqué. Engagements maigres, presque absents. De belles paroles, oui. Comme la stratégie d’habitation. Laissons la chance au coureur. Qu’elle convainque par l’action.

Sur les enjeux, c’est Darveau qui a mené le bal. Il a forcé Hamé à remettre en question le déménagement du siège social de la MRC qu’elle avait appuyé. Selon « l’écho des montagnes » un recul sera nécessaire : les deux grandes villes, mises à contribution pour une facture qui a gonflé, ne suivraient plus.

Saint-Sauveur — Majoritaire… et fragile

Le Parti sauveurois rafle les sièges avec de confortables écarts (300 voix et plus). Sauf au sommet : Luc Martel est élu par 36 voix. Son adversaire, Robert Gravel, pourrait contester. Mais voudra-t-il être à la tête d’un conseil où il est minoritaire?

Cependant, un maire à si faible avance, ce n’est pas enviable. Ça oblige à l’humilité. À gouverner pour les deux moitiés de la ville. Et le dossier de la salle de spectacle sera un test.

Piedmont — Victoire courte, mandat de modestie

Le conseiller sortant Bernard Bouclin bat l’autre sortant, Denis Royal, par 44 voix. Son équipe est élue au complet, au terme de courses serrées (écarts max de 115 voix). Ce score impose une posture pour la suite : écouter, rallier, livrer. La consultation sur la protection du territoire — dont on ne connaît pas encore les résultats — obligera son équipe à y répondre. Si l’appui est fort, on protège. Avec des outils clairs.

Sainte-Adèle — Le retour assumé

Nadine Brière revient à la mairie. Expérience solide, caractère franc, engagement réel envers sa ville. Si elle joue une carte de leadership régional à la MRC, ce qu’elle n’a pas voulu faire lors de son premier mandat, Sainte-Adèle y gagnera. Le réflexe d’autarcie coûte cher en temps et en capital politique. Logement, aménagement, finances : ça se gagne par la constance et le levier MRC.

Saint-Adolphe-d’Howard — Tourner la page

Alexendre Sarrazin l’emporte de peu, face à une opposition issue de l’équipe de Line Légaré, associée à l’administration sortante. Sarrazin n’a pas un chèque en blanc. Il a un mandat de réparation. Les électeurs ont voulu se distancer des deux mandats de Claude Charbonneau, dont le style astringent a pesé.

Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson — Fin d’un cycle

Le coloré et controversé Gilles Boucher termine deuxième. Pierre Richard, nouveau venu, passe devant. Les conflits à l’interne, entre citoyens et entre le maire et des employés, auxquels on y ajoute la tension permanente avec Estérel, ont fini par lasser. Le prochain mandat devra recoudre. Dans la ville, d’abord. Avec la voisine, ensuite. L’orgueil ne paie pas les comptes. La coopération, oui.

Wentworth-Nord — Mandat fort, chantiers lourds

Karine Dostie, entrée en poste après le décès de Danielle Desjardins, reçoit une forte confiance. Trois communautés à réunir : Laurel, Saint-Michel, Montfort. Un symbole à régler, héritage désolant de l’ère Genest: le Pont Newaygo.

La question à la nouvelle préfète est frontale : met-on fin à l’hémorragie ? Pas avec un slogan. Avec un plan, public, un échéancier et des échanges sincères entre les parties.

Morin-Heights — Continuité surveillée

Arrivée tardive d’André Major pour casser la culture du parti unique. Pari raté. Louise Cossette poursuit la tradition avec ses collègues-conseillers élus par acclamation.

Et maintenant ?

On n’a pas couronné des héros, mais des gens comme nous qu’on croisera à l’épicerie, au parc, dans le trafic de la 15. Qu’ils fassent simple et droit, sans tourner autour du pot. Faites-nous ça, et on vous suivra sans vous casser les oreilles. Sinon, on reviendra cogner. Poliment, mais souvent. Parce qu’ici, on paie assez cher pour demander du simple qui marche, pas du beau qui parle.

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