Les élus de Saint-Jérôme et Prévost se sont mouillés pour introduire les truites brunes dans la rivière.
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Redonner vie à la rivière du Nord

Par Simon Cordeau

Cet été encore, vous pourrez sortir votre canne à pêche et taquiner le poisson, directement dans la rivière du Nord. C’est grâce, entre autres, au travail passionné de Ronald Raymond, président de la Fondation de l’eau rivière du Nord et, maintenant, conseiller municipal de Saint-Jérôme. Depuis déjà 30 ans, il ensemence notre rivière de poissons pour donner vie au cours d’eau et à la pêche sportive.

Nous marchons parmi les arbres du Parc régional de la Rivière-du-Nord, à Prévost. Nous sommes une vingtaine de personnes rassemblées pour assister à l’évènement, dont le maire de Prévost, Paul Germain, et celui de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, ainsi qu’un grand-père et son petit-fils, très excités de voir les poissons.

Après une petite descente, une pointe sablonneuse apparaît. Devant, la rivière coule tranquillement. C’est l’endroit parfait pour introduire les truites brunes qui arriveront bientôt.

Berceau de la truite brune

« La rivière du Nord, c’est le berceau de la truite brune au Canada », explique M. Raymond. Même si elle n’y est pas indigène, la truite brune a été introduite en 1890. Avec l’interconnexion des cours d’eau, elle a pu essaimer et s’établir partout dans la région. « On a même retrouvé de la truite brune dans le secteur du parc du Mont-Tremblant. Dans ma jeunesse, des truites de 4-5 livres, au Parc régional de la Rivière-du-Nord, on avait accès à ça », raconte le pêcheur aguerri. Mais ces dernières décennies, elle avait pratiquement disparue.

Pour voir l’ensemencement: https://www.youtube.com/shorts/WU-D8Waz16s

Cédric, de Pisculture Kenauk, arrive avec les poissons. Ce sont 2 000 truites brunes qui seront aujourd’hui transférées du camion à la rivière, ici à Prévost. La veille, 2 000 truites ont été ensemencées à Saint-Jérôme. Et demain, 2 000 poissons de plus seront ajoutés ailleurs dans la rivière. Au total, ce sont plus de 7 000 truites brunes qui sont introduites. On espère que leur nombre sera suffisant pour satisfaire les pêcheurs, mais aussi pour que la population se régénère d’elle-même, d’une année à l’autre. « Depuis 1992, je fais des ensemencements dans le secteur du Parc de la Rivière-du-Nord. Et maintenant, je peux te confirmer que la truite brune se reproduit », se réjouit M. Raymond.

Pourquoi la truite brune plutôt qu’un autre poisson? D’abord, elle est plus résiliente aux changements de température, qui vacille beaucoup dans la rivière du Nord, explique M. Raymond. « Et la deuxième chose, c’est aussi une truite beaucoup plus solide au niveau de la pollution. On comprend que la rivière du Nord, il y a encore du travail à faire. »

Nouvelle vie

De son camion, Cédric remplit un bac d’eau et de petites truites. Elles mesurent entre 10 et 12 pouces chacune. Elles ont entre 18 et 24 mois : assez matures pour se débrouiller dans la rivière et pour se reproduire à l’automne.

On descend chaque bac au cours d’eau. On ajoute un peu d’eau de la rivière, pour habituer les poissons à la température. Puis on penche le bac, pour laisser les poissons nager vers leur nouvelle maison. Certaines sont timides et hésitent. D’autres partent en un seul instant, et disparaissent dans l’eau brune de la rivière.

« C’est se réapproprier la rivière », lance M. Raymond. C’est aussi lui redonner vie. Après quelques minutes, on peut voir et entendre les truites sauter hors de l’eau. C’est un spectacle magnifique. Les quelques enfants présents s’en émerveillent. Ils ont même pu participer à l’ensemencement des poissons qu’ils pêcheront plus tard.

Bientôt une rivière dorée?

Le doré jaune pourrait être la prochaine espèce réintroduite dans la rivière, nous annonce le maire de Prévost, M. Germain. L’espèce, qui est indigène au cours d’eau, y a disparu. C’est pourquoi les villes de Saint-Jérôme et Prévost ont commandé une étude, avec l’Institut des territoires et la Fondation Rivières. Si la qualité de l’eau et l’environnement le permettent, le doré jaune pourrait y revenir dès l’année prochaine, espère M. Germain.

L’objectif de l’étude est aussi d’identifier les endroits où la pollution entre dans la rivière. « Et pour ça, Saint-Jérôme et Prévost ne sont pas peureux. Souvent les gens ne veulent pas identifier les problèmes, pour ne pas avoir à les régler. Mais nous, on veut travailler là-dessus », soutient M. Germain.

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