Robert Charlebois
Par Martine Laval
«Ordinaire»? Pas sûr!
Robert Charlebois est un amoureux des Laurentides. Il y vit depuis 40 ans. Parrain du Théâtre Le Patriote, il y a foulé la scène pour la première fois en 1970. Le 9 mai il viendra y faire «danser les bougalous» qui l’aiment comme des fous avec son spectacle 50 ans, 50 chansons. Entretien avec celui qui nous réserve un «Osstidcho»!
40 ans dans les Laurentides Robert Charlebois?
Ah! Le bonheur de vivre est imbattable ici! Comme la qualité de vie, le plein air!
70 ans et vous vous démenez encore beaucoup sur scène! Qu’est-ce que vous faites pour garder la forme?
Contrairement à ce qu’on peut s’imaginer, chanter des chansons Rock dans les aigus, c’est moins fatigant et essoufflant que de chanter lent et grave. Le plus dur c’est de chanter sans bouger en fait! Alors mon workout je le fais sur scène! Comme je donne 60 à 75 shows par année, je pense que ça suffit et pour le reste, disons qu’on lève le pied sur l’alcool, en tout cas la veille d’un show, parce que c’est un dépresseur et ça enlève de l’énergie! À part ça je fais beaucoup de natation, de plongée, de pêche, de golf. Surtout de la natation. J’adore!
Années ‘80-‘90, deux enfants, en affaires dans la bière avec Unibroue. Que vous a apporté cette période de votre vie?
Ça n’a pas été une période tranquille! J’avais deux casquettes et je n’ai jamais travaillé aussi fort que dans ces années-là. Une décennie enrichissante durant laquelle j’ai découvert tout un univers que je ne connaissais pas en même temps que je faisais La Maudite tournée. Je travaillais tellement que j’avais plus le temps de créer! J’aimais mieux mixer des bières! (rires) Mais ce sont les plus belles années de ma vie. Elles m’ont ouvert le cœur sur un univers que je ne connaissais pas. J’ai beaucoup appris. Ça m’a donné un MBA sur le tas. On a été en bourse pendant 13 ans donc maintenant je sais comment régler mes affaires! J’ai vu ça de proche! Je sais comment la terre tourne mettons.
En tant que père, quelles valeurs avez-vous voulu transmettre à vos fils?
Je les ai laissés assez libres, et je crois que j’ai bien réussi mon coup! Ils sont une grande fierté pour moi! Ils sont ma meilleure réussite. Les deux sont formidables! Je les ai élevés dans le respect des autres. Ils s’intègrent et sont à l’aise dans tous les milieux. J’ai essayé de leur donner une éducation artistique et… financière, des principes de politesse, de courtoisie, de bienséance. C’est fondamental pour des enfants, et je pense que c’est pas raté sur ce côté-là!
Faisons un p’tit crochet en Guadeloupe où vous faites le snowbird!
Ce n’est pas pour échapper à l’hiver que je vais en Guadeloupe, mais parce que j’ai une passion pour les Antilles et la mer des Caraïbes. Je me sens bien là! Ça fait 40 ans que je fais ça! Vivre avec des Noirs et parler créole c’est l’fun et ça change les idées! Je vis dans la jungle comme un sauvage pendant trois mois et je ne vois personne. Je suis introuvable du 21 décembre au 21 mars. J’y vais, je m’installe, je change de vie complètement. Puis il faut bien les écrire ces chansons-là! Je lis beaucoup, j’écris, j’ai un p’tit piano, une guitare, pas de télé, et cette année… ma femme m’a acheté une tablette. J’ai jamais eu de cellulaire de ma vie ni d’ordinateur, mais là je trouve que la tablette c’est un univers fantastique pour faire de la recherche et fouiller des sujets.
Et la suite des choses Robert? Des nouvelles chansons?
J’aimerais bien faire un chiffre rond, étant donné que mon 1er album La boulée est sorti en 1965…mais fin 2015 ça vient vite! Faire un album c’est beau, mais encore faut-il apporter quelque chose de nouveau! Des chansons j’en écris des tonnes, mais j’en jette des tonnes aussi! Le plaisir d’écrire on ne peut pas me l’enlever! Mais est-ce que le résultat est meilleur que ce que je faisais de mieux dans mes grandes périodes de création? Moi je ne peux plus juger, et il ne faut pas confondre l’efficacité d’une chanson et le plaisir qu’on a à l’écrire.
Et au Patriote! On s’attend à quoi?
C’est le show des 50 ans, mais un peu différent de la dernière fois! Y’a des grandes chansons que je n’ai pas faites depuis un temps et ça m’tente de les refaire. Autrement, plein de hits, avec le gros band!
Charlebois est toujours «Garou le fou», celui sur lequel la rouille ne prend pas, doté de sa voix unique et de son énergie créatrice essentielle à notre identité québécoise! Il est tout, sauf un gars «ben ordinaire».
