Frank Pappas, maire de la Ville d’Estérel.

Une annulation de demande de reconnaissance qui soulève des questions

Par Luc Robert

À la séance ordinaire du vendredi 28 janvier 2022, le nouveau conseil municipal d’Estérel a décidé de retirer une demande de reconnaissance de Réserve naturelle du Parc d’Estérel auprès du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Il compte maintenant revenir à la charge avec un règlement local différent.

Selon une ancienne conseillère, « le statut de réserve naturelle aurait pu permettre de protéger le parc de tout développement immobilier, d’exploitation forestière ou minière et n’aurait pu être modifié sans l’autorisation du Ministère à l’avenir ».

L’ensemble du parc actuel ne faisait pas l’objet de la demande de reconnaissance de réserve naturelle. Une section de 5,62 hectares à son extrémité nord à proximité de l’hôtel de ville et du garage municipal, n’était pas incluse, ni le lac Castor.

La demande de reconnaissance « visait entre autres à protéger le Parc Estérel, […] pour les générations futures. Selon des experts consultés, il s’agissait de la meilleure façon de faire. Ainsi, le conseil précédant avait opté pour une entente avec le MELCC, plutôt qu’avec un organisme de conservation à but non lucratif, avec servitude de conservation », a expliqué Mme Christine Corriveau, dans une lettre soumise au conseil municipal actuel.

« La demande de reconnaissance incluait une superficie de 292,30 hectares, soit presque trois millions de mètres carrés. Ce territoire fait partie d’un corridor écologique identifié par l’organisme Éco-corridors laurentiens. Le Parc Estérel est contigu à la réserve de biodiversité projetée de la Station de Biologie des Laurentides », a spécifié Mme Corriveau, une ancienne conseillère municipale de 2013 à 2021 à l’Estérel.

Le maire actuel, M. Frank Pappas, possède une autre vision de la situation. « La demande de reconnaissance, dans le libellé soumis par l’ancien conseil à Québec, était illégale. La demande était viciée au niveau légal. De plus, elle était trop restrictive pour le développement vert, qui aurait entre autres interdit de marcher à l’extérieur des sentiers. De plus, la demande de l’ancien conseil pouvait seulement couvrir deux lots sur trois, légalement. L’Estérel n’avait pas d’autorité légale sur le troisième lot impliqué, car il est contigu à Sainte-Marguerite et au lac Castor. Pour ces raisons, nous avons demandé le retrait de la demande à Québec. N’importe quel fonctionnaire qui aurait accepté et signé ça sans trop faire de recherches nous aurait placé dans une si-
tuation légale délicate »
, a soutenu le maire.

M. Pappas travaille sur une autre option visant la conservation du Parc Estérel. « J’ai été en contact avec Mme Isabelle Marcoux, de l’Institut des Territoires, pas plus tard qu’il y a trois jours. On travaille sur le projet de « Servitude de conservation », qui serait appliquée au niveau local, plutôt que de devoir passer par Québec. Il n’y aura pas de changement de zonage. L’ancienne administration est dans le champ et me prête des fausses intentions. Ma réputation est en jeu : ça restera zoné récréatif », a-t-il réitéré.

Historique

En décembre 2020, en collaboration avec l’Institut des Territoires, l’ancien conseil municipal avait déposé une demande de reconnaissance de réserve naturelle, visant la protection du parc à perpétuité. Ce dernier avait d’ailleurs fait l’objet d’une entente avec le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, de 1990 à 2020, afin qu’il soit préservé aux fins de parc et d’espace vert. Or, la résolution de retrait du nouveau conseil a été adoptée à l’unanimité et permet donc d’abroger la résolution no. 2020-10-135 de l’époque.

Valeur écologique

Au printemps 2019, le Comité consultatif d’environnement (CCE), constitué de citoyens de la Ville d’Estérel, a approuvé la démarche de reconnaissance de réserve naturelle pour le Parc Estérel. En juillet 2019, le CCE a publié un communiqué aux citoyens « À la découverte du Parc Estérel » , relatant « la valeur écologique du parc,
qui inclue 12 milieux humides, 15 sortes d’arbres, 23 sortes d’arbustes, 63 sortes d’herbacés, 5 sortes de mousses, 54 espèces d’oiseaux dont la Paruline du Canada, une espèce menacée, ainsi qu’une faune diversifiée ».

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés