Voter avec sa chique-chique

Par cgenest

Sous la patte d’Omalley

La semaine dernière se tenait le sommet sur le commerce au détail à Montréal. Plusieurs personnalités du monde des affaires ont livré trucs et conseils quant à la façon d’attaquer les enjeux commerciaux actuels : globalisation des ventes, diminution du pouvoir d’achat des consommateurs, faiblesse du dollar, multiplication des canaux de vente et de communication, etc. Un de ceux-là se démarquait par ses phrases bien « punchées » et ses prises de position à contre-courant. Bien que celui-ci ne sera pas de la nouvelle saison des Dragons sur Radio-Canada, il crache son discours enflammé à mi-chemin entre le socialisme et la droite capitaliste jouant avec les millions.
 
Alexandre Taillefer
En l’introduisant, l’interviewer s’enfarge, tellement sa feuille de route est chargée. On comprend rapidement que le nouveau proprio de Théo Taxi n’affiche pas le syndrome de l’imposteur, même qu’il semble capitaliser sur sa pseudo-popularité afin de promouvoir, sous forme de contenu bien ficelé, son nouveau projet.
Martelant l’importance pour les dirigeants d’entreprise de s’engager et de prendre position, Taillefer s’est glissé entre l’industrie du taxi désuète, antipathique, dépassée et le grand mal, Uber. Le malin a convaincu notre bon gouvernement de louer des permis de taxi, à une époque où la valeur de ceux-ci fond comme neige au printemps. Pas bête pour amadouer nos chauffeurs de vieilles bagnoles pourries.
Il en remet même une petite couche en plaidant l’harmonisation fiscale. Dans les dents, Uber!
Leçon numéro 1 : être à contre-courant, l’assumer et faire du lobby.
Collectionneur de voitures désillusionné trop rapidement une fois le fix-du-char-neuf passé, il raconte s’être départi de sa rutilante « Béhème » 750, au profit de souliers, vélo et courses de taxi. Au passage, il souligne le poids financier de l’automobile, souvent trop lourd pour beaucoup de Québécois vivant de paye en paye. Prêchant la révolution d’un secteur, il vise rien de moins que l’électrification des transports.
Leçon numéro 2 : viser un projet plus grand que sa propre business, devenir le parrain d’une cause.
Misant sur une prestation de service homogène, le volubile conférencier rémunère les chauffeurs de Théo 15 $ de l’heure, s’engageant ainsi sur le terrain du Fight for fifteen, une cause ayant vu le jour aux États-Unis, argumentant pour un plancher salarial horaire de 15 $ comme tremplin pour mettre du cash dans les poches des travailleurs, qui eux le retourneront de façon directe dans l’économie.
Leçon numéro 3 : toucher la masse par un refrain économique contagieux.
Sa troisième épigraphe un peu étirée se colle tellement bien à un enjeu touchant notre communauté.
 
Consommer local
Vous les commerçants, en misant sur votre journal Accès plutôt que sur les multinationales à la Facebook, qui cumule vos dollars publicitaires aux Pays-Bas, vous contrôlerez l’impact de vos investissements publicitaires.
Pis vous Étienne, François, et pis Isabelle, en passant par Florence, en réfléchissant sur une consommation plus éthique, encline à faire prospérer nos commerçants locaux, au bout de la ligne, l’enrichissement de notre communauté nous donnera les moyens d’un filet social et de programmes collectifs distinctifs.
Au terme de ces 45 minutes d’entrevue-spectacle, l’auditoire s’est levé pour applaudir Alexandre le Conquérant et pis j’ai pigé qu’on avait un peu tous le devoir de changer notre monde en votant quotidiennement par ses achats et que cette action devenait porteuse de résultats beaucoup plus qu’en votant aux quatre ans dans la petite boîte en carton.

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