Wentworth-Nord : Un tango de juridictions perdure depuis 25 ans à l’emprise du corridor aérobique
Par Luc Robert
Deux visions opposées semblent se dessiner sur un tronçon de 3 km du corridor aérobique, à Wentworth-Nord, qui traverse le secteur de Montfort et longe le lac Saint-François-Xavier.
D’une part, la MRC des Pays-d’en-Haut aimerait refaire le revêtement du Chemin de Fer, en divisant les coûts avec la municipalité locale. De l’autre, une cinquantaine de citoyens de l’emprise estiment que la réalisation des travaux hausserait la vitesse des cyclistes et créerait un problème de sécurité. « Ils iraient encore plus vite sur une nouvelle surface plus dure ».
« Qu’ils commencent donc par s’entendre sur l’accès au corridor aérobique. Nous sommes une cinquantaine de citoyens, établis ici depuis bien avant la création du parc (le corridor aérobique, NDLR). Nous n’avons pas d’autre route pour nous rendre à nos terrains. Nous empruntons depuis toujours le chemin de fer pour nous rendre chez-nous. Nous roulons tranquillement avec nos voitures, car nous savons que des cyclistes et des piétons empruntent aussi le corridor. Et là, le MTQ veut que nous prenions de l’assurance responsabilité civile supplémentaire, à nos frais. Et qu’en plus, nos droits d’accès soient renouvelables annuellement : ça ne fonctionne pas », a fait valoir un résident qui préfère taire son nom.
C’est que des citoyens ont demandé à leur compagnie d’assurance si elle était pour couvrir les deux organismes gouvernementaux (MTQ et la MRC-PDH), au cas où un accident surviendrait. Les compagnies d’assurances ont refusé de s’engager à couvrir le risque et d’ajouter les deux organismes gouvernementaux à leurs polices. « Il faut comprendre qu’il y a deux types d’accès à ce secteur de l’emprise : le droit de circuler et le droit d’occupation des lieux. Le droit de circuler ne cause généralement pas problème pour les quelques résidents du secteur. Mais pour l’occupation, c’est problématique. Par exemple, il y a une roulotte qui est garée là depuis longtemps, sur le bord. Il se passe quoi s’il y a une collision, au niveau des assurances ? », a questionné le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut, M. André Genest.
« Même chose l’hiver : c’est aussi une voie partagée avec les skieurs de fond. Une partie de la largeur du corridor n’est pas déneigée pour permettre aux fondeurs de circuler. L’autre moitié est utilisée par les résidents du coin. On a beau détenir un bail de 60 ans (+/- 20 années écoulées à date), le corridor aérobique appartient au ministère des Transports. La MRC, comme locataire, peut seulement émettre des recommandations. C’est au MTQ de trancher en tant que propriétaire », a poursuivi M. Genest. Ce dernier estime que le problème perdure depuis trop longtemps.
« J’ai été maire pendant 25 ans à Wentworth-Nord, en plus de mon temps à la MRC-PDH. Pendant toute cette période, nous avons soumis près de 600 dossiers au MTQ Laurentides-Lanaudière, juste pour le corridor aérobique. Certaines demandes citoyennes d’occupation datent d’il y a 25 ans ! Rien n’a été enregistré chez le notaire depuis. Et les citoyens savent que ça coûte au bas mot 700 $ de la shot de procéder. On dirait qu’ils ne font que s’observer, des deux côtés. »
Les mêmes citoyens font valoir « qu’il ne faudrait pas attendre un accident, comme celui qui avait impliqué un cycliste voulant éviter la voiture d’un employé de la MRC (stationné sur Chemin de Fer), il y a plusieurs années, avant d’installer d’autres panneaux de limitation de vitesse, à ceux existant aux deux extrémités de celui-ci. »
« Il est plutôt cynique d’entendre la MRC proposer des rappels à l’ordre aux marcheurs et propriétaires de véhicules, quand la problématique relève essentiellement de la trop grande affluence des cyclistes, notamment des cyclistes de course. Une demande a été acheminée aux communications de la MRC, afin d’indiquer sur leur page Facebook que le corridor n’est pas un circuit d’entrainement cycliste et qu’il doit être utilisé à des fins touristiques (balades en famille, etc.) », a achevé notre source.