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Primeurs 2007 en Bordelais, une campagne en sursis.

Par pierre-birlichi

Il existe des années où la simple évocation de la présentation des vins primeurs en bordelais à la fin mars, ou au début avril excite les professionnels de toute la planète.

Les acheteurs et les journalistes d’Asie, d’Europe et naturellement des Amériques, se bousculent habituellement pour venir déguster les différents lots soigneusement sélectionnés par les producteurs membres de l’Union des Grands Crus. Nonobstant leurs appréciations personnelles et les évaluations des revues pourtant très réputées du type Wine Spectator, chacun attendra pour passer ses achats, la sortie des notes de Robert Parker. A l’instar des récentes déclarations de Denis Marsan (1) à la télévision française, le marché espère une baisse de 30% des prix par rapport à 2006. A priori, je serai tenté de suivre la tendance. Toutefois, j’estime qu’il faudrait nuancer ce point de vue. En effet, si la qualité des vins est hétérogène, les prix devraient l’être aussi. En effet, de nombreuses propriétés semblent avoir réalisé des vins d’exception, tant et si bien que certaines notes devraient être les meilleures de l’histoire de certaines d’entre elles. Malheureusement, l’inverse est aussi vrai. Quelles sont les réussites auxquelles nous devons nous attendre? Quels sont les domaines qui reviennent le plus souvent dans la bouche des courtiers et des négociants bordelais? Quelles positions prendra le monopôle au moment des achats?

Sur la rive gauche, les appellations Haut-Médoc et Médoc semblent tirées vers le haut par quelques belles maisons. Le Château La Lagune, et la réussite de Potensac devraient, avec le Clos Manou (Médoc) de Monsieur et de madame Dief, inconnus du plus grand nombre, retenir toute mon attention au moment de mes intentions d’achats.

Du côté de Saint-Julien, des vendanges exceptionnelles de 45 jours, comme à Léoville Las Cases, auront permis d’attendre la pleine maturité des Cabernets Sauvignons et surtout des Cabernets Francs. Du côté de Ducru Beaucaillou, les 90% de Cabernet Sauvignon qui composeront pour la première fois la base de l’assemblage de la propriété, susurrent à mes oreilles que la Famille Borie a construit un vin de belle garde. Peut-être un peu moins connu du grand public, le Château Lagrange est bien parti pour offrir l’un des excellents rapports qualité prix de l’appellation. Léoville Barton et Léoville Poyferré ont une fois de plus séduit le plus grand nombre. A moins d’une surprise, je ne m’attends donc pas à une baisse notable des prix du côté de ces deux propriétés par rapport aux millésimes précédents. La qualité justifie le prix.

Dans l’appellation Margaux, il faudra atten-dre un peu pour accéder avec plaisir aux subtilités du Château d’Issan en très nette amélioration depuis 2000. En revanche, les notes accordées à Cantenac Brown et surtout au Château Margaux ne sont pas celles d’un petit millésime. Personnellement, je patienterai un peu avant de me prononcer sur l’ensemble des vins de cette appellation. En revanche, je suis certain d’une chose: les prix ne doivent pas s’envoler sous peine de pénaliser toute une filière que l’industrie mondiale attend au coin du bois.

Vers Pessac Léognan et les Graves, l’interprofession assure que la qualité, bien présente, est assez bien partagée dans l’ensemble de l’appellation avec des belles surprises et des confirmations. Le Château Branon, le Domaine de Chevalier et le Château Haut-Bailly, toujours très apprécié au Québec se distinguent. Légèrement devant, mais devant tout de même, on retrouverait Haut-Brion, et la Mission Haut-Brion, toujours au sommet. Comme leurs prix à venir. Avant de se décider, il faudra donc s’assurer que l’écart de prix entre nos trois nominés et les deux locomotives de l’appellation soit justifié.

Suite la semaine prochaine…
(1) Directeur des Achats à la SAQ, et grand

animateur du Courrier Vinicole.

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