Cuisine locale, pub et garderie
Il y a 5 ans, Anne Garneau et Viviane Loranger-Bolduc ont lancé leur garderie, au cœur de Sainte-Anne-des-Lacs. Aujourd’hui, l’endroit est devenu un lieu rassembleur pour toute la communauté, avec une épicerie et un pub.
C’est au pub derrière l’épicerie Radis Noir que m’accueillent trois des copropriétaires. Des tables à pique-nique, des chaises Adirondack et des lumières accrochées décorent cette cour atypique. À cet endroit, les parents de la garderie La fabrique de petits bonheurs se rencontrent pour discuter, prendre un verre ou manger lorsqu’ils viennent chercher leurs enfants.
Un lieu rassembleur
Cette histoire a commencé alors que les propriétaires avaient installé un petit café dans la garderie. Gregory Schlybeurt, chef, s’était joint à Anne et Viviane. C’est lui qui préparait les menus pour les enfants, mais aussi pour les parents, qui souhaitaient prendre un repas pour emporter. Depuis le début, la nourriture est biologique et locale.
« C’était un lieu rassembleur. On a installé des tables. Les parents venaient beaucoup au café », explique Anne. « Les éducatrices pouvaient venir prendre des pauses, les enfants pouvaient continuer à jouer après la journée. Ça faisait un mini cœur de village », ajoute Viviane.
Ce concept fonctionnait très bien, et la demande devenait de plus en plus grande pour les plats préparés, comme pour les aliments. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’une épicerie.
En 2020, l’épicerie Radis Noir est donc née, tout juste en bas de la garderie. Un petit sentier en forêt de quelques mètres relie les deux bâtiments. Ainsi, quand les parents viennent chercher leur enfant le soir, ils peuvent à la fois y faire leur épicerie.
« Quand on a parti l’épicerie, les gens achetaient un poke bowl et le mangeaient dans le parking à côté de leur auto. On s’est dit qu’on allait mettre des tables dehors », explique Viviane.
Cet été-là, ils ont construit leur pub, qui se trouve derrière l’épicerie. « On a bâti ça avec des matériaux recyclés, on a fait ça nous-mêmes, avec l’ancien gazebo de la garderie ! », souligne Vivianne.
Ils sont désormais cinq personnes impliquées dans l’entreprise : Anne Garneau, Gregory Schlybeurt, Viviane Loranger-Bolduc, Virginie Bock-Poirier et Andy Schlybeurt. Tous ont des rôles bien à eux qui se complètent.
Une épicerie de proximité
La plupart de leurs produits proviennent de la région et sont biologiques. Par exemple, leur poulet vient de la Ferme la Rose des Vents à Mont-Laurier. Maxime Belleau des Jardins de Max à Prévost vient vendre ses légumes à l’épicerie. Souvent, c’est par une connaissance des parents de la garderie, ou par les parents eux-mêmes, que les propriétaires trouvent les producteurs. Comme quoi c’est vraiment toute la communauté qui est impliquée.
« C’est ce qui est le fun de bien connaître son village », se réjouit Viviane. « Quand je suis arrivée à Sainte-Anne-des-Lacs, j’avais le goût de m’impliquer dans la communauté. Il y a un esprit de partenariat et c’est vraiment cool », ajoute Gregory.
Cuisiner et vendre seulement des aliments locaux vient avec son lot de défis, souligne Gregory. Particulièrement en ce moment, le transport et l’approvisionnement sont difficiles.
« Les gens ont des attentes. Ils souhaitent qu’on ait des bananes, des fraises, des bleuets, locaux et bio… en novembre ! », dit Vivianne. « Il faut que les gens nous suivent là-dedans, et qu’ils n’aillent pas au Provigo parce qu’ils veulent des fraises au mois de janvier. »
« C’est une mentalité à changer », croit Gregory.
Éviter le gaspillage alimentaire
En ayant une épicerie, un pub ainsi qu’une garderie de 130 enfants, les pertes sont grandement diminuées. « On n’en a presque pas », affirme Gregory. Lorsque certains légumes ne sont plus assez beaux pour être vendus à l’épicerie, Gregory les utilisera pour ses prêts-à-manger, par exemple.
La relation avec les producteurs est aussi très importante pour les propriétaires. « Si Max [des Jardins de Max] me dit que les bok choy ont explosé cette semaine, je les prends et on va faire quelque chose sur le menu avec ses bok choy! », explique le chef.
Pour lui, le gaspillage alimentaire est un gros problème sur lequel l’industrie doit s’attaquer. Et c’est par ce genre d’initiative, d’économie circulaire, que l’on peut trouver des solutions. « On est capables de faire rouler notre stock, par rapport aux autres épiceries, où il y a beaucoup de pertes. »
« On peut transformer à peu près tout. On ne pourrait pas avoir un comptoir de produits frais, si on n’avait pas le pub et la garderie, parce qu’on le perdrait », explique Viviane. « Des concepts comme celui-ci, qui sont nés de façon organique, plutôt que sur un papier, ça se nourrit et ça fonctionne. »