Dans la peau d’une « croque-mort »
Nous aurons tous à y faire face un jour. Les thanatopracteurtrices ont un rôle essentiel dans le processus d’embellissement des corps des défunts. Apparu juste avant la Révolution française, au XVIIIᵉ siècle, le terme croque-mort est aujourd’hui péjoratif. Confrontée quotidiennement à la faucheuse, l’image du thanatopracteur est souvent associée à celle d’un bonhomme sombre, froid, et glauque. La réalité est plus contrastée.
« Il faut être plein de vie pour faire ce métier. » Depuis son adolescence, Mélanie Tremblay est thanatopractrice et conseillère pour la maison Trudel. Cela fait maintenant 20 ans qu’elle accompagne les familles endeuillées et embellit le corps des morts.
« Lorsque j’étais plus jeune, j’ai été très touchée par la mort de mon grand-père. J’ai ressenti beaucoup de curiosité concernant toute la partie événementielle de ses funérailles. Le Cégep de Rosemont proposait un cursus de formation en thanatologie, je me suis inscrite et n’ai jamais regretté », développe la jéromienne.
Divisée en trois volets, la formation apprend aux étudiants à organiser et diriger des rites funéraires, accompagner les familles dans le deuil et maîtriser les techniques de conservation et de présentation des défunts.
Polyvalence du métier
La plupart des thanatopracteurs sont aussi conseillers. « On est multitâches, aussi bien auprès des familles que des défunts », soutient Mélanie Tremblay. « Au Cégep on est formé pour savoir comment réagir et s’adapter au profil psychologique de la personne qu’on a en face de nous. C’est important de mettre de la distance entre les faits tragiques des clients et notre propre ressenti », explique la thanatologue.
Suivant les conditions de décès, certains corps sont plus abimés que d’autres. « On fait tout pour rendre le défunt aussi beau que possible. Cela passe par l’application de cire sur la peau, de réhydratation et coloration du teint, et on a reçu une formation pour maquiller les personnes. Des coiffeurs sont aussi déployés pour embellir les morts », affirme Mélanie Tremblay.
Connection avec la nature
« C’est sûr qu’avec ce métier, tu es confronté tous les jours à la mort. Il faut être plein de vie et arriver à trouver des exutoires pour tenir. Je suis naturellement plus détachée de la mort que d’autres personnes. Personnellement, je suis une femme très attachée à l’art et aux activités de plein air. On me décrit souvent comme une personne généreuse, douce, et patiente. C’est loin de l’image que la population a des croque-morts », s’amuse-t-elle.
« C’est une profession où tu ne peux pas te permettre d’être à moins de 100%. Il faut que je consacre la même énergie et écoute pour chaque famille que je rencontre », explique la spécialiste.
Des coïncidences étranges
« D’après mes croyances, le corps n’est que le véhicule de l’âme. Lorsque quelqu’un meurt, je me dis que son âme s’évade au-dessus de son corps. Il y a des présences, des manifestations à ça. Il m’est déjà arrivé de me confronter à une porte barrée de l’intérieur alors que c’est physiquement impossible. Des lumières qui s’allument toutes seules. C’est sûrement lorsque les morts découvrent qu’ils ont quitté l’enveloppe charnelle », s’interroge Mélanie Tremblay. La femme rappelle tout de même que chacun a le droit d’avoir ses propres croyances.