La femme, figure centrale chez les peuples autochtones

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Avant la colonisation, la femme occupe une place centrale chez la majorité des peuples autochtones. Les femmes sont souvent responsables de la transmission de la culture, elles participent à tous les aspects de la vie politique et possèdent un rôle significatif dans les conseils de bande. Elles sont aussi souvent les gardiennes du territoire et les protectrices de l’eau.

Aujourd’hui, les femmes se battent pour un idéal que certaines nations autochtones ont déjà connu, avant que les Européens importent avec eux le système patriarcal, qu’ils réorganisent la structure familiale et relèguent les femmes à l’espace privée. Voici quelques exemples qui démontrent en quoi les premiers peuples ont été en avance sur notre temps, à bien des égards. Et comment leur vision nous amène à repenser la nôtre.

Le genre chez les Premières Nations

Le genre chez les communautés autochtones n’est pas un facteur central de division. En fait, bien avant le genre, on prend en compte l’âge, la sagesse, le leadership, la capacité à développer son jugement ou à faire des consensus pour déterminer quelle place occupe l’individu.

Le genre est perçu aussi comme étant très fluide chez les Premières Nations : il y a la notion de bispiritualité qui s’éloigne du cadre hétéronormatif occidental. Il s’agit d’un terme vaste qui englobe une grande fluidité, pas seulement au niveau de l’orientation sexuelle, mais aussi de l’identité de genre. Cela part du principe que l’attirance et l’amour sont des connexions de l’esprit et du corps, et que l’esprit ne fait pas nécessairement de lien avec le sexe biologique. On peut avoir un esprit à la fois femelle et mâle, et être attiré par l’un ou l’autre, dans un rapport dynamique qui n’est jamais figé. Cette idée crée un espace pour repenser la sexualité et les rapports de genre.

La dualité

Les concepts de dualité et de complémentarité dans les approches autochtones sont centraux : tout est interconnecté. Ça concerne aussi le rapport entre les hommes et les femmes. Cette vision, d’un point de vue occidental, pourrait sembler aliénante pour les femmes, puisque la dualité renvoie souvent à une opposition entre les genres.

Chez les Premières Nations, c’est complètement différent : la dualité renvoie plutôt à un équilibre dynamique entre deux pôles. Ceux-ci se complètent de manière mutuelle, sans être hiérarchisés. La dualité ne s’applique pas non plus seulement au rapport entre les femmes et les hommes, mais aussi à d’autres éléments, comme la relation entre la nature et l’esprit.

La femme au coeur des récits de création

Dans les spiritualités autochtones, la femme est souvent au cœur même des récits de création. Chez les Mohawks, le peuple est venu au monde grâce à celle-ci : Au départ, il n’y avait sur la terre que de l’eau. Puis, une femme tomba du ciel. Pour la sauver, deux huards vinrent se placer sous elle pour former un coussin où elle pourrait se reposer. Ils la sauvèrent ainsi de la noyade. Pour l’aider encore davantage, une grande tortue plaça la femme sur son dos. Celle-ci deviendra ainsi la première masse de terre, devenue l’île de la tortue.

Dans ce récit, la vie humaine a donc débuté par la chute de cette femme. Ceci démontre la place centrale qu’elle occupe non seulement au niveau de la création, mais aussi dans la perpétuation de la vie humaine. On raconte que son corps est ensuite devenu la terre dans laquelle ont pu grandir les végétaux, comme les courges, le maïs et les haricots.

Sources :
Livre « Empreintes de résistance Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées »
Article « Les mots des femmes » écrit par Patricia A. Monture

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