Tendances et nouveautés en automobile : Entrevue avec Benoit Charette
Pour le Buzz Automobile, le journaliste et rédacteur en chef de l’Annuel de l’automobile, Benoit Charette, a fait le tour des Laurentides pour rencontrer des concessionnaires et d’autres acteurs de l’industrie automobile, afin de prendre le pouls des tendances et des nouveautés. Voici notre entrevue.
Simon Cordeau : Tu es allé chez Albi Volvo. Qu’est-ce que tu as retenu ?
Benoit Charette : Ce qu’on retient de Volvo : c’est l’une des compagnies qui a pris des mesures assez agressives en termes d’électrification des transports. En fait, on visait au début 2030 comme étant l’année ultime où il n’y aurait plus de véhicules à essence. Là, on le sait, l’industrie mondiale a un peu ralenti à ce chapitre-là. On vise quand même 80 % en 2030, ce qui est très beau.
On a eu l’occasion d’essayer le EX30, qui est le plus petit, le plus rapide et le plus puissant des modèles Volvo sur le marché en ce moment. Il se vend bien. Ce qu’on nous disait c’est qu’on a pratiquement tout vendu.
La chose, c’est qu’il est fabriqué en Chine. Là, il va y avoir un délai au niveau de la livraison, parce qu’on a transféré la production des modèles Volvo à Gand, en Belgique. Mais tout ce qu’on a commandé à date est pratiquement tout vendu. Donc ça fait foi de l’engouement qui est encore là au niveau des Québécois pour les véhicules électriques.
S.C. : Tu es aussi passé chez Rive-Nord Chrysler ?
B.C. : L’avenir de Chrysler, pour le moment, est devant un espèce de nuage. On le sait qu’il y a des modèles qui s’en viennent. On a parlé du Wagoneer S, qui va avec un modèle à 600 chevaux, que les enthousiastes attendent. C’est un modèle qui va se vendre quand même 91 000 $ : ce n’est pas pour toutes les bourses.
Il y a le Charger, duquel on parle depuis longtemps. C’est sensé s’en venir cette année. Finalement, il va y avoir un modèle à essence et un modèle électrique. Il devait y avoir uniquement un modèle électrique au début. Il commence à un prix plus raisonnable, à 57 000 $.
On attend également le fameux RAM Revolution, qui va être un pickup électrique à l’image des modèles de Chevrolet et Ford qui ont déjà le leur. On n’a pas encore de date là-dessus. C’est supposé être quelque part en 2025.
S.C. : Et comment s’est passée ta visite chez Kia ?
B.C. : On est arrivés dans la cour chez Kia des Laurentides, et Colin Robitaille qui était là nous disait : « Des véhicules électriques, en voulez-vous, on en a ! » Et même si la cour est pleine, il dit : le modèle arrive et il est parti. Donc tout ce qui rentre se vend rapidement. Des EV6, il y en a de toutes les grandeurs, toutes les sortes, toutes les couleurs. On a beaucoup de Niro, qui est un des modèles les plus intéressants en électrique présentement. Il y a des EV9, des EV3 qui s’en viennent.
Les Coréens sont en ce moment les gens les plus agressifs sur le marché. Et les concessions fonctionnent bien, parce qu’on a des gens qui y croient. Et on a des gens pour les acheter aussi.
S.C. : Mais il n’y a pas seulement les concessionnaires automobiles. Il y a toute l’industrie automobile autour. Je crois que tu as visité un atelier de mécanique spécialisée en véhicules électriques ?
B.C. : Garage EMP, qui est à Saint-Jérôme, est intéressant parce que, ce qu’il faut comprendre, c’est que l’électrique arrive en concession, mais dans peu de temps, et c’est déjà commencé, il va falloir entretenir ces véhicules-là hors garantie. Et les ateliers mécaniques devront devenir aussi des ateliers électriques.
Et chez EMP, on investit beaucoup en formation. On a mis 75 000 $ d’argent des propriétaires, Pascal et Geneviève, pour former des spécialistes. Il y a trois jours par semaine qui sont consacrés à la formation. C’est vraiment un exemple à citer, parce qu’il y a très peu d’ateliers qui font ça. Mais eux font de la formation parce qu’ils y croient.
Honnêtement, il y a trop peu de gens comme eux. Mais la survie va passer par là. Parce qu’il faut réapprendre, dans bien des cas, à travailler avec des véhicules électriques. Eux autres le font très bien.
S.C. : Tu me disais que, même pour quelque chose de banal comme changer un pare-brise, ce n’est plus une mince affaire maintenant.
B.C. : Absolument ! En fait, les gens qui n’ont pas changé leur pare-brise sur les véhicules depuis 10-15 ans vont trouver que ç’a beaucoup changé. J’ai beaucoup de courriels de gens qui me demandent : comment ça se fait que ça m’a coûté si cher ? L’électrique aujourd’hui est intégré partout dans un véhicule.
Autrefois, il y avait un pare-brise pâle, foncé ou un peu beige. On changeait ça, on en mettait un neuf : merci bonjour, Monsieur Madame, vous pouvez y aller ! Aujourd’hui, il faut recalibrer l’électronique. Quand on était en visite chez le Docteur du Pare-Brise, il y avait une Tesla. Le propriétaire, Benoit Monette, me disait que celui-là, il n’y a pas besoin d’y toucher. Parce que, quand vous repartez avec le véhicule, le système se recalibre de lui-même en roulant.
Mais ce n’est pas le cas de tous les véhicules. Pour certains, il faut prendre la route, et on a des espèces de cibles, comme des grands tableaux. Il faut calibrer en fonction du tableau, aller sur la route, revenir et certifier que la calibration qu’on a fait est correcte. D’une part, c’est pour se protéger, et évidemment, ça prend plus de temps faire ça, donc il y a des coûts qui sont associent.
S.C.: Donc, comment tu disais, il faut former les gens pour ces nouvelles technologies-là. Je crois que tu es allé à la formation professionnelle en automobile au CEP de Saint-Jérôme, pour voir comment ça se passait ?
B.C. : L’industrie doit suivre ! Parce que ceux qu’on forme à l’école sont les mécaniciens, les techniciens et les électro-dynamiciens de demain. Ce qu’on veut faire de plus en plus, ce sont des stages en industrie. Parce que la formation, c’est une chose, mais ça bouge tellement dans le monde de l’automobile, de la mécanique et de l’électrique, que d’envoyer des jeunes dans l’industrie, ça les met à jour. Mais c’est aussi un grand facteur de motivation de voir, parce qu’ils voient de leurs yeux comment ça fonctionne.
On a même ouvert un département électrique du côté de Saint-Jérôme. Parce que, évidemment, c’est là que la formation doit se faire. On est très encouragés par le fait que l’industrie commence tranquillement à s’ouvrir à la formation. Parce que trop souvent, on va former les employés en concession, et les autres sont un peu laissés de côté. Mais, veut veut pas, il y a beaucoup plus d’ateliers mécaniques indépendants et de bannières que de concessionnaires. Donc il va falloir que ces gens-là suivent.