Acheter et vendre par soi-même ou faire affaire avec un concessionnaire ? Benoit Charette, journaliste automobile et propriétaire de l’Annuel de l’automobile, en a discuté avec Annabelle Barrette, vulgarisatrice automobile. Ils vous éclairent pour prendre la meilleure décision pour vous et pèsent les pour et les contre de chaque méthode.

Benoit Charette : Il fût une certaine époque où les gens vendaient beaucoup leur voiture par eux-mêmes. Est-ce que c’est encore une réalité dans le monde automobile ou ce phénomène-là a diminué ? 

Annabelle Barrette : Je ne pense pas que c’est de moins en moins une réalité, quand on regarde les Marketplace et les Kijiji de ce monde. Sur ces plateformes, tout le monde essaie d’aller chercher le meilleur prix pour son véhicule. Il y a une certaine mentalité où on se dit : « Je vais avoir un meilleur prix si je le vends par moi-même que la concession, ce qu’elle va me donner ».

B. C. : Est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’on peut vendre à prix plus élevé si on vend son véhicule par soi-même ? 

A. B. : Oui. Mais la tranquillité d’esprit a aussi un prix. C’est-à-dire que, oui parfois à la concession, on peut donner un peu moins pour l’échange, c’est normal. Il faut inspecter la voiture, il faut mettre du reconditionnement dessus et il faut la vendre avec un minimum de profit !

Par contre, ça donne une tranquillité d’esprit au client. On est rassuré. Une fois que l’échange est fait, la concession va s’occuper d’aller payer le solde – s’il y en a un du côté de la banque. En fait, on nous prend en charge. Et on va aller sauver une partie des taxes dans notre nouvelle transaction.

Annabelle Barrette, vulgarisatrice automobile.

B. C. : Les taxes. Comment ça fonctionne acheter d’un particulier vs un concessionnaire ? 

A. B. : On va essayer de faire ça simple ! Par exemple, si tu m’achètes un véhicule à 30 000 $, je reprends ton véhicule, et en échange, je te donne 10 000 $. Ça fait 30 000 moins 10 000, donc 20 000 $. Puis, on va calculer les taxes sur ce montant de 20 000 $, et non du 30 000 $. Alors on sauve des taxes. En bref, le fait que je te donne un peu moins, mais que tu vas aller sauver des taxes sur ton montant total financé, c’est là que c’est avantageux.

Par contre, si tu achètes d’un particulier, tu le sais que ton acheteur aura une taxe à payer du côté de la SAAQ. Il faut faire attention à une chose : mon ami me vend sa voiture à 20 000 $, mais elle ne vaut pas 40 000 $. Quand je vais arriver à la SAAQ, elle va charger le prix de la TVQ sur le prix listé dans leur livre. Alors il faut regarder cet aspect quand on achète d’un particulier. À combien le véhicule est-il listé ? Est-ce que je vais avoir un surplus à payer à la SAAQ ? Ça se peut que ça fasse mon affaire quand même ! Il faut juste faire le calcul pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Puis, si on achète d’un particulier, il faut regarder ce qu’on a comme recours si jamais le véhicule qu’on nous vend n’est pas en état. Il faut faire une inspection aussi. Il faut que je regarde si le vendeur ne doit pas d’argent dessus. Ce sont des dépenses qu’il faut calculer.

La bonne nouvelle, c’est qu’au Québec, il y a des petites entreprises qui commencent à exister pour faciliter ces transactions. Par exemple, Kiwiz vont offrir l’inspection à un particulier qui veut acheter à un autre particulier pour une centaine de dollars. Dans ce montant, l’entreprise inclut également une garantie court terme. Ça peut être rassurant pour un acheteur !

B. C. : C’est important et il faut le mentionner. Si vous achetez un véhicule qui a encore un lien financier, on peut saisir votre véhicule, même si ce n’est pas vous qui avez le lien financier. 

A. B. : Ça se sont des histoires d’horreur ! Dans ma carrière de directrice commerciale, c’est la chose que j’ai entendue le plus souvent.

Je dis toujours aux clients : « Le deal du siècle, il existe rarement ». Par exemple, on voit un véhicule qui vaut 10 000 $ de moins sur Kijiji. On se dit : « Quel deal ! ». Tu t’en vas là-bas, achètes le véhicule, ensuite à la SAAQ, tu fais un chèque certifié – la vie est belle !

Le problème là-dedans, c’est que la SAAQ et la banque ne se parlent pas. Et les gens oublient cela. Ils pensent qu’en passant par la SAAQ, ils sont en sécurité, mais ce n’est pas le cas.

B. C. : On doit s’assurer que si on achète un véhicule d’un particulier, on fait les mêmes étapes qu’un concessionnaire fait lorsqu’il nous vend la voiture ? 

A. B. : Oui ! D’aller chercher le car packs, c’est important. On prend le car packs qui est national et le complet – on ne lésine pas sur le budget. Ça peut coûter jusqu’à 100 $.

Il faut le prendre pour trois raisons. D’abord, dans le car packs complet, tu vas voir le RDDRM (Registre des droits personnels et réels mobiliers). Donc si le véhicule a un lien à travers le Canada. Si c’est un véhicule ontarien, et que tu as juste sorti le car packs du Québec, on ne le dira pas. Deuxième chose, on regarde tous les entretiens du véhicule sur le car packs. Je donne un exemple classique : le véhicule avait 42 000 km il y a 5 ans, et en date d’aujourd’hui, en a 24 000. On a un problème ! Troisièmement, il faut faire inspecter le véhicule. Quand on a ces trois choses-là, on peut acheter d’un particulier.

Il faut aussi se rappeler que c’est supposé être le fun !

Après ça, s’il y arrive quelque chose de gros, comme un moteur qui explose deux semaines après l’achat, le recours serait les petites créances. Et là, on s’embarque dans une transaction qui est un peu moins plaisante.

B. C. : Donc acheter un véhicule d’un particulier : c’est oui, mais avec des précautions. Toutefois, si vous voulez la tranquillité d’esprit, le concessionnaire est encore un meilleur endroit ?

A. B. : Exactement, et il y a encore un manque de véhicules usagés en ce moment. Alors c’est le temps en ce moment si vous voulez vendre votre véhicule en concession ! Les véhicules ont une plus grande valeur. C’est aussi de voir combien vaut cette tranquillité d’esprit !