Benoit Charette en visite chez Pagani (en 2017), avec José Gaudet, Felix Trépanier et le pilote de Pagani Andrea. Courtoisie

Benoît Charette connaît ça, les chars

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

« Je ne pensais pas être journaliste automobile jusqu’à l’âge de 22 ans », confie Benoît Charette, rédacteur-propriétaire de L’Annuel de l’automobile depuis sa fondation, en 2001.

Celui-ci a d’abord étudié pour devenir enseignant d’éducation physique. « Je voulais être journaliste sportif. Je m’occupais des résultats sportifs du Rouge et Or. J’écrivais pour le journal étudiant, et aussi pour le journal La Nouvelle de Sherbrooke, qui appartenait à Jean-Luc Mongrain à l’époque. Je l’ai rencontré, j’avais 19 ans. »

« Tu ne sais jamais à quoi ta journée va ressembler »

Benoit Charette avec sa première voiture, en 1986. Courtoisie

Intéressé par le journalisme, le jeune Benoît prend un cours intensif de trois mois, où on lui conseille de se trouver une job dans le milieu, pour prendre de l’expérience. « Je m’étais présenté à ma radio locale, CFLV, en 1986. J’ai fait six mois de radio. Mais on s’entend qu’à la radio régionale, tu es payé en bouteilles vides. Je faisais 5 $ de l’heure ! Donc, quand une offre pour enseigner s’est présentée, j’ai sauté dessus », raconte Benoît.

Mais quelques années plus tard, il quitte son poste d’enseignant en éducation physique. « Je me suis rendu compte que ce n’est pas pour moi, la routine de l’enseignement. Après trois ans, j’avais l’impression d’avoir fait le tour du jardin. »

Cependant, il avait continué à postuler pour des postes de journaliste et, en 1990, Radio-Canada le rappelle. Il entre dans la section des sports. « C’est là que j’ai rencontré Daniel Héraud, qui écrivait Carnet de route, un livre sur l’automobile. Il m’a demandé, en 1991, si j’avais un peu de temps libre. Je lui donnais un coup de main pour des statistiques et des fiches techniques. »

L’année suivante, Benoît se fait engager à temps plein. « C’est arrivé comme ça, le journalisme automobile. C’était intéressant : je restais dans le journalisme, que j’adorais. Quand tu te lèves le matin, tu ne sais jamais à quoi ta journée va ressembler. Des journées ennuyantes en 30 ans, je n’en ai pas eu beaucoup ! »

Développer son créneau

Dans les années suivantes, Benoît développe son expertise et sa notoriété comme journaliste automobile, à la radio et dans les journaux. Lorsque Daniel prend sa retraite, en 2001, Benoît démarre son propre livre, L’Annuel de l’automobile, avec son ami Michel Crépault.

« Ça prenait une certaine dose de courage. Le Guide l’auto était là depuis 1967. Les gens nous demandaient : “êtes-vous sûrs ?” Mais il y a longtemps eu trois livres automobiles au Québec. Et le temps nous a donné raison », confie Benoît. Surtout, L’Annuel est « une belle carte de visite ». « Les gens te prennent au sérieux. Ça m’a ouvert des portes et permis de me développer ailleurs. »

L’Annuel se veut une référence pratique et indépendante. « C’est un index de tout ce qui se vend sur la route au Canada. On essaie de ne pas en oublier. […] On a presque 300 essais routiers cette année. Mais je ne suis pas tout seul : on est 12 à écrire. » À cela s’ajoutent des reportages sur des sujets d’actualité, comme la place de l’intelligence artificielle ou les nouveaux modèles exotiques.

La Boxster S 2015 de Benoît. Courtoisie

Connaître sa voiture

Dans sa carrière, combien de voitures Benoît estime-t-il qu’il a conduit ? « Oh mon Dieu ! Ça fait 33 ans que je fais ça. Et j’en essaie une centaine par année. Peut-être 3 300 ? J’ai toujours une ou deux autos par semaine chez moi, plus les lancements, où j’essaie parfois plusieurs modèles. »

Durant un essai routier, le journaliste aguerri porte attention à une multitude de choses : le confort, l’accessibilité, la technologie, le bruit, l’espace, comment le véhicule se comporte sur la route… « Est-ce qu’il absorbe bien ? Nos routes sont maganées », illustre-t-il.

Et là-dedans, qu’est-ce qui est le plus important lorsqu’on magasine une voiture ? « Personne ne se pose les mêmes questions. Pour certains, c’est l’économie de carburant. Pour d’autres, c’est la puissance, ou la sécurité, ou l’espace, si tu as une famille et que tu fais du camping. On ne sait pas qui va lire notre article, alors on essaie de prendre des thèmes importants. »

Cela dit, les priorités ont quand même changé, constate Benoît. « La performance, ça ne parle plus à autant de monde aujourd’hui qu’avant. Honnêtement, pour les plus jeunes générations, ce n’est même pas une question. Pour les voitures électriques, par exemple, ils veulent savoir l’autonomie et le prix. Et la marque importe peu. »


Questions-éclairs !

Ta première auto ?

Une Subaru GL Station Wagon 1982, achetée en 1986. Increvable ! Je l’ai revendue à un gars qui l’a gardée 20 ans après.

Un mauvais achat que tu as fait ?

Une Mazda 262. Elle était en bon état, mais j’ai eu des problèmes mécaniques. Finalement, je l’ai revendue pour une Honda Civic. Elle était plus sport, plus l’fun, avec moins de problèmes.

Ton auto actuellement ?

Une Porsche Boxster S 2015. Je voulais quelque chose de l’fun, de plaisant, une petite auto d’été, décapotable. Une voiture pour m’amuser.

Ta voiture de rêve ?

T’as combien de temps ? [Rires] La Ferrari 458 a été un gros coup de coeur. La Porsche Carrera GT, c’était la ride de ma vie. Mais il faut être immensément riche pour avoir ça. Et même si j’avais l’argent, je ne m’en paierais pas une. C’est de l’excès.

Une voiture de collection qui te fascine ?

J’aime beaucoup les vieilles BMW, les Alfa Romeo et les Lancia. Ce sont des voitures extrêmement jolies. Je m’en cherche une. Mais le problème, c’est que ça se conduit aussi comme une vieille voiture. Et il faut que tu l’entretiennes, que tu la minouches. Et je n’ai pas le temps de donner de l’amour à un vieux char.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *