Le film Liliane Colpron, un pas d’avance a été présenté en avant-première dimanche dernier au cinéma Pine. Produit par la maison de production adéloise Vital Productions, ce documentaire, majoritairement filmé dans les Laurentides, se penche sur l’héritage de Liliane Colpron, entrepreneure et fondatrice des boulangeries Première Moisson.

« Essayez d’être visionnaire quand vous êtes une femme, que vous n’avez pas fréquenté une faculté de gestion, que vous avez trois jeunes enfants et que vous démarrez votre business avec pas grand-chose. Tout ça en 1967. Le plafond de verre était très bas », lance Marie-Claude Désorcy, au scénario et à la recherche, quelques instants avant la présentation du film. C’est pourtant ce qu’a accompli Mme Colpron.

Avant-gardiste et inspirante 

Liliane Colpron a mis sur pied quatre entreprises au cours de sa vie : une première boulangerie industrielle à Dorval, une petite boulangerie au centre-ville de Montréal, une boulangerie industrielle pour produire de la pâte congelée, puis, ultimement, les boulangeries Première Moisson qu’elle a dirigées avec ses trois enfants.

Visionnaire, elle a aussi instauré des valeurs environnementales et écologiques au sein de cette quatrième société, en trouvant des agriculteurs et des meuniers disposés à produire le blé et la farine localement et sans intrants chimiques. Depuis quelques années, Liliane et ses enfants ont cédé Première Moisson à d’autres mains, mais ils ont largement transformé la dynamique agroalimentaire au Québec. 

« C’est beaucoup grâce à Liliane si aujourd’hui on a des produits biologiques, dont la farine, au Québec. Première Moisson, à l’époque, ne voulait plus utiliser de farine modifiée. Alors ils ont développé des relations d’affaires avec des producteurs locaux. Ça n’existait même pas à l’époque, l’achat local, mais c’est ce qu’ils voulaient faire et ils l’ont fait », souligne le producteur, Serge Desrosiers.

« J’ai découvert une grande femme. Les pionnières en affaires au Québec comme elle, ce sont des visionnaires, mais aussi des têtes dures », raconte la réalisatrice Sandrine Béchade, un sourire dans la voix. « En plus, c’était une époque où il y avait tout à faire », ajoute celle qui réside dans les Laurentides depuis plus de vingt ans.

Un modèle pour les prochaines générations 

Le documentaire fait intervenir des membres de la famille, des amis et Liliane Colpron, qui se confie sur son parcours, ses aspirations et son héritage. Sa fille parle de sa mère comme étant une femme qui a toujours eu « l’audace de faire les choses différemment ».

Après sa séparation, Liliane est une jeune mère célibataire avec trois enfants. Elle doit alors gagner sa vie. Avec l’objectif de recréer les boulangeries de Paris, mais à Montréal, elle fonde une première boulangerie à Dorval et plus tard, une autre au centre-ville de Montréal. Elle innove ensuite dans un autre pan de la boulangerie : sa troisième entreprise produit de la pâte congelée que les restaurants, notamment, peuvent cuire et conserver plus longtemps. Puis, elle lance avec ses enfants Première Moisson en 1992. En 2014, on comptait 20 boulangeries dans plusieurs quartiers de Montréal.

Tout ce parcours est traversé par les valeurs pour lesquelles Liliane et sa famille sont demeurées fidèles : l’intégrité, l’écoute, le respect des autres et surtout, le respect du tout, de l’environnement et de la planète.

Le film sera utilisé pour monter une formation au HEC Montréal. Il servira de modèle pour les jeunes entrepreneurs. Le documentaire sera également diffusé le 11 décembre prochain à LCN. 

« J’ai toujours été en quête de sens de la vie. Et si ce film peut servir de modèle aux jeunes entrepreneurs pour faire ce qu’ils aiment, avec passion, pour moi, j’aurai réussi ma vie », affirme Liliane Colpron.