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Centre d’exposition de Val-David: Découvrir Christo Stefanoff

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Jusqu’au 8 janvier, le Centre d’exposition de Val-David présente un véritable trésor caché : les œuvres de l’artiste bulgare-polonais Christo Stefanoff. Rescapé d’un camp de concentration nazi, le peintre se réfugie à Val-David en 1952. Il y habitera jusqu’à sa mort en 1966.

Manon Regimbald est la directrice générale du Centre d’exposition de Val-David depuis 15 ans. Auparavant professeure à l’université en histoire de l’art, elle a été renversée par la vision et le talent de Christo Stefanoff. Madame Regimbald entend parler du peintre pour la première fois il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, l’exposition de ses peintures est un aboutissement significatif pour la directrice générale.

L’avant-guerre et l’après-guerre

Grâce à une collaboration « exceptionnelle » avec la famille du défunt artiste, Manon Regimbald expose plusieurs de ses peintures depuis octobre. L’exposition est divisée en deux parties majeures. D’abord, on découvre les œuvres plus joyeuses de l’avant-guerre. À l’époque, l’artiste voyage un peu partout en Europe. Il réalise également des autoportraits et des portraits de personnalités connues, comme la reine néerlandaise Wilhelmina, le président espagnol Niceto Zamora et le président suisse Giuseppe Motta. Il se rend même à Hollywood où il réalise les portraits d’actrices et d’acteurs.

En 1937, Christo Stefanoff marie la polonaise Irena Pludowska et prend la nationalité polonaise. L’éclatement de la guerre sépare ensuite le couple. L’artiste passe pratiquement toute la guerre en captivité. À partir de 1944, il est emprisonné dans trois camps de concentration différents, pour son implication dans une organisation humanitaire polonaise, Zegota. Leur rôle consistait notamment à organiser l’aide aux Juifs.

Le couple se retrouve après la libération et s’installe d’abord aux Pays-Bas, puis à Val-David en 1952. Christo Stefanoff crée alors des peintures qui illustrent des scènes de batailles et des enfants-soldats. Ces peintures sont présentées en deuxième partie de l’exposition à Val-David. « Je voulais qu’on ressente, au-delà des horreurs de la guerre, le pouvoir de la création, affirme Manon Regimbald. Je voulais qu’on voie comment l’art nous permet de passer au travers, autant pour l’artiste qui crée que ceux qui viennent voir ce qu’il a fait. »

Héritage local

Une fois installé à Val-David, l’artiste s’implique énormément dans sa communauté. Il participe à créer un endroit propice à l’émergence et au développement des artistes. En 1960, Christo Stefanoff fonde une galerie. Elle existe toujours, mais n’est plus ouverte au public depuis plusieurs années.

Puis, en 1961 il démarre un projet de centre culturel à Val-David, composé de galeries d’art, de chapelles, de 20 appartements pour les étudiants en arts et d’un amphithéâtre de concert en plein air. Une maquette est présentée en 1965 aux élus de la Municipalité. Or, le projet s’essouffle. Peu de temps après cette présentation, Christo Stefanoff subit une hémorragie cérébrale. Il décède finalement en mars 1966.

L’héritage de l’artiste est significatif, à la fois dans notre région et dans le monde. Un peu partout, on y retrouve sa plume et son talent. Christo Stefanoff a notamment peint les vitraux de l’église de Sainte-Agathe-des-Monts et de la cathédrale de Saint-Jérôme. Au Québec, il continue aussi à peindre des personnalités reconnues comme le cardinal Paul-Emile Leger ou le gouverneur général du Canada, R.Morton. Plus près de chez nous, il réalise le portrait de Raymond Louis Burdairon, fondateur du restaurant Au Petit Poucet, à Val-David.

Pertinence sociale et historique

Le Centre d’exposition de Val-David permet ainsi de découvrir un artiste visionnaire, dont les œuvres traversent les époques et possèdent toujours une résonance sociale particulière. Il n’y a qu’à penser à la guerre en Ukraine, soulève Manon Regimbald.

Des citations issues d’oeuvres littéraires, comme celles d’Anne Frank ou de Simone Veil composent également l’exposition. On retrouve ici la signature de la directrice du Centre et de la passionnée de l’histoire de l’art. « Toute ma vie, quand j’ai enseigné dans des universités ou pour des séminaires, j’arrivais avec mes livres de littératures ou de poésie. Le rapport entre les mots et les images, c’est le pivot à partir duquel je travaille le monde de l’art », raconte Madame Regimbald. L’exposition sera présente jusqu’au 8 janvier.

 

 

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