Deviens-tu ce que t’as voulu?
Par claude-andre
L’Âge de raison
Et si un jour, plutôt que de se demander si nous avons atteint le but, on se demandait si nous avons choisi la bonne voie…
Margaret (Sophie Marceau), une redoutable femme d’affaires quadragénaire dont l’horaire est réglé au quart de tour vend des centrales nucléaires. Un jour, un vieux notaire (excellent Michel Duchaussoy) de province vient à sa rencontre dans son environnement postmoderne afin de lui remettre une série de lettres.
Si au départ la cynique Margaret semble en avoir rien à cirer, elle se rendra vite compte qu’à travers ces missives c’est son passé qui lui parle: ces lettres, à forte teneur interrogative, elle se les étaient adressées à elle-même alors qu’elle n’était encore qu’une gamine de sept ans.
D’entrée de jeu, les références sont manifestes. Il y a du Amélie Poulain tant sur le fond que dans la forme chez le réalisateur Yann Samuell qui, on le devine, est également un fervent amateur de l’écrivain Paulo Coelho et autres chercheurs «de l’enfant intérieur».
Dans un monde où les marques de luxe, le compte en banque et le standing social semblent déterminer la valeur des individus, il n’est pas vain de prendre du recul et de se poser la question: et si nous avions tout faux?
La prémisse de départ était donc des plus pertinentes. D’autant plus que Sophie Marceau crève encore l’écran et qu’elle ne manque pas d’autodérision comme en témoignent ces quelques références à ses seins dans le film. Elle qui, on s’en rappelle, avait été profondément outrée lorsque le chanteur Julien Clerc avait fait allusion à sa poitrine avec la sortie de la chanson Assez… Assez.
Juxtaposition de clichés
Mais là où un réalisateur chevronné nous aurait entrainés dans une réflexion pertinente, Yann Samuell juxtapose les clichés pour les faire jouer les uns contre les autres. La vie à 200 à l’heure ponctuée de repas mondains ennuyeux versus les valeurs de la campagne profonde. Le vide clinquant contre le vrai rustique en somme.
Et cela devient parfois si grotesque que le spectateur pourra éprouver un certain malaise. Comme c’est le cas pendant la scène où la belle dialogue avec l’enfant qu’elle était dans une glace. Ou encore celle ou elle se libère de ses tensions internes en compagnie de son amoureux, un attachant ambitieux anglais (efficace Marton Csokas), en lançant des assiettes pour les fracasser.
Elle qui revient d’une rencontre avec son petit ami d’enfance pour lequel elle semblait éprouver un savoureux désir nostalgique encore confus.
Les bons sentiments étant ce qu’ils sont, la belle Margaret renouera avec son enfant intérieur, celui qu’elle était lorsqu’elle se nommait encore Marguerite, tandis que le petit amoureux des années d’innocence deviendra son partenaire pour une aventure humanitaire dans le Tiers-Monde. Là où ils pourront délivrer un village asséché qui n’attendait qu’elle.
Une finale prétentieuse où Sophie Marceau, qui décidémment semble posséder un bouton où appuyer pour pleurer, nous la joue encore une fois Cover girl de grands magazines dans ce qui ressemble à une forme de néo-colonialisme de la bonne conscience. Moyen.