La lettre

Par Rédaction

De récents événements troublants m’incitent à vous proposer la lecture d’une lettre qui est parvenue jusqu’à nous et qui fut écrite quelque temps avant le 18 février 1839, moment de l’exécution par pendaison de son auteur, le patriote Ambroise Sanguinet, au pied de la prison du Pied-du-Courant.

Né à Varennes, il a près de 40 ans lorsqu’il s’implique dans le second soulèvement des frères chasseurs à l‘automne 1838. Emprisonné le 11 décembre 1838 il écrit une lettre à ses enfants après avoir reçu le verdict de mise à mort (il a cinq enfants, dont l’un, Edmond-Fidèle, naîtra après sa mort), voici la lettre:
«Mes chers enfants,je vous recommande que, si votre chère et tendre mère venait à contracter un second mariage de respecter celui qu’elle prendra pour mari et de l’appeler votre père si vous pouvez, ou Monsieur dans le cas ou cela arriverait, si par cas, il vous était brutal ou qu’il fût débauché pour gaspiller votre argent, soit qu’il vint à s’enrichir à même. En ce cas là vous emploierez quelque personne sage et de connaissance pour lui faire rendre compte de vos argents,soit à l’amiable ou par voie de justice; et dans le cas où il vous battrait ou vous maltraiterait en vous faisant travailler plus que vos forces le permettraient ou qu’il vous menacerait de le dire si vous étiez maltraités,alors les plus petits ou les plus grands se plaindront à mon oncle s’il est vivant, ou a d’autres personnes respectables qui prendront vos intérêts, et ils aviseront entre eux s’il est nécessaire de vous placer ailleurs, et de le poursuivre soit en dommage ou au criminel. Mes chers enfants je ne veux pas que soyez maltraités par personne; plaignez vous si vous l’êtes, ne craignez rien, vous n’en serez que mieux, car si vous laissez prendre un pied sur vous, vous serez toujours mal.»

Ambroise Sanguinet (1799-1839) fut exécuté par pendaison en même temps que son frère.
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D’un Sanguinet à l’autre…

Connaissez-vous le frère d’Ambroise? Il s’agit de Charles Sanguinet (1802-1839). De nos jours la rue Sanguinet à Montréal a ainsi été nommée en leur honneur, tandis que depuis 2003, il y a une fête nationale des Patriotes, journée décrétée, fériée et chômée, dédiée à la mémoire de ceux qui ont combattu pour un gouvernement responsable, la liberté d’expres-

sion et d’assemblée ainsi que la reconnaissance de leur nation donnant naissance à la démocratie.

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