Le mystère des cent cinquante fromages

Par Rédaction

Il y a plusieurs années, j’exprimais l’admiration que je portais envers le général Charles de Gaulle à une amie française, je le percevais comme un homme qui avait la stature d’un grand politique, qui non seulement faisait partie de l’histoire de l’Europe et de son pays la France, mais qui venait de marquer l’histoire du Québec à tout jamais. Voilà l’amie courroucée, qui lève le ton, dénonçant De Gaulle, un lâche, qui s’est caché à Londres y attendant la fin de la deuxième guerre pour reparaître tel un héros romain paradant sous l‘Arc-de-Triomphe. Qui plus est, fit emprisonné le maréchal Philippe Pétain, et lui refusa le droit, alors qu’il était âgé de quatre-vingt-quatorze ans, de s’a-vancer plus loin que son balcon, en sa résidence surveillée sur l’île de la Pierre-Levée, pour y voir la mer. J’avoue que la dernière affirmation m’avait laissé pantois. De Gaulle était-il un impitoyable, un salaud, pour ainsi refuser cette petite permission à un homme sur la fin de ses jours (Pétain allait mourir l’année suivante).

Ce qui me consternait, c’est que l’amie française avait un poste administratif fort important,qu’elle avait une culture des plus im- pressionnante, en plus d’être une artiste de renom international, sans compter qu’elle devait connaître l’histoire de son pays beaucoup plus que moi et comme toute bonne Française, elle avait un bagout pour le moins envahissant.

Mais je demeurais prudent, car mon intuition et surtout mon opiniâtreté allait bien me servir.

Je me mis à la lecture de tous les discours que fit le général De Gaulle au Québec, évidemment rien à voir avec les mièvreries auxquelles nous ont habitué la plupart de nos hommes politiques, la cohérence, l’intelligence et même la poésie, bref, rien pour m’éloigner de l’admiration que je lui portais.

Bien sûr je connaissais l’histoire de l’Europe et de ses guerres, mais pas suffisamment pour en comprendre toutes les implications, alors je m‘y engageai, et stupéfaction, je m’aperçois que le lâche De Gaulle décrit par mon amie Française avait été blessé trois fois lors de la guerre 1914-1918 «Soigné à Mayence, Char-les de Gaulle sera successivement interné à Osnabruck, Neisse, Sczuczyn,puis Ingolstadt,Rosenberg, Passau, Ingol- stadt encore et Wulz- burg, Tassau et Magdeburgh. Il totalisera quatre tentatives d’é-vasion. Repris les jours suivants, il sera «con-damné» au to-tal de 180 jours d’arrêt de rigueur et 21 jours de prison militaire.

Est-ce là un lâche?

Je commençai à m’é-nerver, mais poussant plus loin l’enquête,car toute histoire est une enquête dans le temps, non seulement Charles De Gaulle s’était-il exilé à Londres parce qu’il refusa l’armistice avec les Allemands, mais il y organisa la résistance et prépara le futur débarquement des alliés.

Je connaissais bien sûr quelque peu cette partie de l’histoire mais ce que je ne savais pas, c’est que le général De Gaulle avait gracié notre ami le maréchal Phillippe Pétain, qui avait été condamné à mort par un tribunal civil et que c’était le même De Gaulle, qui avait obtenu pour le vieux maréchal, le laxisme approprié pour qu’il puisse profiter de la nature dans son île de la Pierre-Levée.

Le même Charles de Gaulle que l’on sortira de sa retraite pour régler le problème Algérien, victime à quatre reprises de tentatives de meurtres. Enfin, pourquoi cette amie, m’avait-elle ainsi menti et attaqué vicieusement sa mémoire? Tout simplement parce qu’elle était une Bretonne et que Pétain était Breton et qui connaît la Bretagne,connaît leur solidarité, mais celle-ci l’avait malheureusement conduite à sous-estimer le jeune québécois que j’étais alors (20 ans…)

Mais que viennent faire les cent cinquante fromages dans cette mise en situation?

Le général De Gaulle après une succession de crises qui avaient affecté sa carrière politique, s’était exclamé quelque peu frustré: «Comment voulez-vous gouverner ce pays alors qu’il y a cent cinquante sortes de fromages?» Nous avons maintenant parmi nous et bientôt à la grande messe célébrée au domaine de Paul Desmarais le premier, la visite de Nicolas Sarkosy président de la France, eh bien permettez que j’écrive maintenant à mon amie française, que voilà un homme qui fait preuve d’une grande bravoure en venant perpétuer le mépris de Voltaire pour ces quelques arpents de neige en s’unissant à notre Philippe Pétain pour signer l’armistice, avant de revêtir son costume de donneur de leçons. Puisque mon aïeul paternel est parti de Saint-Denis-le-petit-Bourg, en Normandie en 1650, et mon aïeule maternelle, de l’île-de-Ré en Basse Bretagne en 1652, cela me conforte dans mon choix de fromages, je préfère le Coutances de Normandie et parfois du Oka, mais je ne mange pas cent cinquante sortes de fromages, il me semble que Nicolas prince de Sarkosy mange à quelque râtelier que ce soit, et qu’il est un homme aux cent cinquante fromages. Ce qu’il y aura lors de la fête Desmarais dit le premier, pour l’impressionner j‘en suis certain. Le fromage n’impressionnait guère Charles de Gaulle de qui Churchill disait que la croix la plus difficile qu’il avait eu à porter fut la croix de Lorraine… De Gaulle étant bien sûr originaire de Lorraine, tout comme Jeanne D’Arc…
À quand le fromage libre?

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