(Photo : Simon Cordeau)

MAC LAU : Transmettre les savoir-faire du territoire

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Le Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU) inaugurait sa nouvelle exposition, Registre des savoir-faire, dimanche 4 juin. Celle-ci présente les oeuvres de 16 artistes liés au territoire laurentien. Elle met en lumière les démarches, techniques et outils utilisés en atelier pour les créer. C’était aussi l’occasion d’inaugurer L’effet Manitou, des espaces de rencontres et de témoignages destinés aux personnes directement concernées par l’histoire du Collège Manitou.

« Ce qui lie les deux projets qui sont inaugurés aujourd’hui, c’est qu’ils sont tous les deux enracinés dans une notion large de territoire, et dans une volonté du musée de s’inscrire au sein de ce territoire. Ces projets sont inextricablement liés par l’idée fondamentale de l’auto-éducation et tous les deux sont porteurs de transformation », a souligné Jonathan Demers, directeur général du MAC LAU.

Registre des savoir-faire

« L’exposition est bien plus qu’un projet sur la dextérité et la maîtrise de la technique. C’est une célébration au sens large du savoir que portent les artistes », a continué M. Demers, pour présenter Registre des savoir-faire. Chaque artiste, à travers son apprentissage personnel, a constitué sa propre discipline et développé un langage visuel unique.

La première salle présente donc divers artéfacts utilisés par les artistes dans leur atelier : moulages, maquettes, échantillons, recettes, outils, carnets, esquisses, annotations, etc. Ces objets offrent un aperçu du processus de création et de recherche derrière leurs oeuvres.

Puis, l’exposition présente des oeuvres de Bonnie Baxter, Maude Bernier Chabot, Annie Cantin, Marjolein Dallinga, Georges Delrue, Betty Goodwin, Didier Morelli, François Morelli, Jobena Petonoquot, Dominique Pétrin, Jean Paul Riopelle, Mariette Rousseau-Vermette, Alain-Marie Tremblay, Suzan Vachon, Luci Veilleux et Claude Vermette. Les artistes ont enregistré des capsules pour expliquer certaines de leurs oeuvres. Lors d’une visite, on peut les écouter grâce au code QR près de l’oeuvre.

L’effet Manitou

Avant le vernissage, le MAC LAU tenait une discussion entre anciens et anciennes du Collège Manitou. Premier établissement postsecondaire entièrement autochtone, le Collège Manitou a existé à La Macaza de 1973 à 1976. Les cohortes ont pu atteindre jusqu’à 175 étudiants par année. « Le cursus scolaire, rattaché à celui des cégeps québécois, était considérablement orienté par les réalités autochtones : littérature autochtone, ethnologie des autochtones d’Amérique, histoire décoloniale, arts et communications autochtones, cours de lange micmac, mohawk, etc. », explique le texte qui présente L’effet Manitou.

Les participants ont partagé l’effet qu’a eu le Collège Manitou sur leur vie. « J’y ai appris ce que je fais aujourd’hui. […] Pour moi, Manitou, ç’a sauvé ma vie. » « Ç’a lancé ma carrière : aider les Premières Nations à avancer. J’ai appris à conduire là, mon premier amour était là. Je m’y suis fait des amis qui durent toute la vie. » « Le Collège Manitou m’a permis de retrouver mon identité », ont-ils témoigné.

La fille de Velma Bourque, directrice académique du collège, a lu une lettre de sa mère. « Le Collège Manitou est beaucoup plus fort et grand qu’un simple lieu physique. Il est composé de chacune des personnes qui y ont vécu et travaillé ensemble. Et rien ne pourra le détruire en autant que nous gardons l’esprit de Manitou vivant par notre travail et notre service. »

« On devrait se souvenir de cette initiative d’auto-détermination comme d’un chemin à suivre. C’est une route qui ouvre les portes de l’émancipation individuelle et collective », a illustré M. Demers. L’objectif du nouvel espace L’effet Manitou est de documenter et de diffuser les effets positifs du collège. « Toutes les personnes concernées par cette histoire peuvent prendre rendez-vous pour consulter, déposer ou numériser des archives, pour écouter ou enregistrer des témoignages ou encore, pour donner rendez-vous à d’autres personnes afin de se rencontrer dans l’espace », peut-on lire.

Le musée présente aussi l’exposition Les énergies libérées, par les étudiants du Collège Kiuna. Ouvert en 2011, celui-ci est le premier centre d’études collégiales consacré à l’éducation des autochtones du Québec depuis la fermeture du Collège Manitou.

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