Théâtre Entre Amis : L’homme éléphant dans toute son humanité
Le Théâtre du Marais de Val-Morin présentera la pièce L’homme éléphant, écrite par Bernard Pomerance en 1977, les 7, 8 et 9 juin prochains. La pièce raconte l’histoire de Joseph Merrick qui, en raison de la difformité extrême de son corps, s’est fait rejeté par la société anglaise durant l’ère victorienne.
« C’est une histoire qu’on connaît un peu, avec le film de David Lynch [1980]. C’est une histoire vraie qui traite beaucoup d’humanité et d’exploitation. Ce sont des thèmes intéressants », explique Étienne Boivin, directeur artistique et président du Théâtre Entre Amis. La troupe amatrice a choisi cette pièce pour plusieurs raisons.
« Premièrement, il y a le désir d’aller dans différents genres, différents styles. C’est du théâtre épique, par opposition au théâtre dramatique. Je pense qu’on n’en a jamais fait. Donc il y a un désir d’explorer ça, ce style théâtral et son approche différente. » Aussi, d’un point de vue technique, la pièce compte beaucoup de personnages, ajoute M. Boivin. « Je peux donner des rôles à tous les acteurs dans la troupe. On est une douzaine. »
Différence et acceptation
Le metteur en scène croit que l’histoire de L’homme éléphant est à la fois universelle et très actuelle. « C’est une pièce des années 1970, basée sur une histoire du 19e siècle. Mais les thèmes résonnent peut-être même plus aujourd’hui qu’à l’époque. […] C’est une pièce très riche. Au niveau personnel, c’est l’acceptation de l’autre. À un niveau plus grand, c’est l’inclusion dans la société. Et à un niveau très élevé, ça parle aussi de colonialisme et de l’exploitation des peuples par d’autres peuples. C’est très dense », détaille M. Boivin.
Il s’agira aussi d’un défi d’acteur pour Marko Bolduc, qui interprétera Joseph Merrick. « Dans les toutes premières lignes du texte, il y a l’interdiction de travailler avec des prothèses pour essayer de répliquer l’apparence du personnage. Il doit plutôt être composé scéniquement par l’acteur », explique le metteur en scène.
Marko Bolduc enseigne l’art dramatique, mais cela représentera quand même un « beau défi » pour lui. « On essaie de trouver des pièces qui nous font peur, qui nous poussent un peu plus loin », illustre M. Boivin.
Présenté une pièce épique représentait aussi un défi pour le metteur en scène. « On a fait beaucoup de comédies, mais L’homme éléphant est plus dramatique. » Aussi, le théâtre épique fait davantage appel à l’intellect et un peu aux émotions, tout en brisant certaines conventions scéniques. « On rappelle au spectateur qu’il est en train de regarder une pièce de théâtre. Il y a des changements de décor à vue, il va voir l’éclairage, les comédiens vont faire plusieurs personnages. C’est pour que le spectateur ne parte pas trop dans la rêverie et qu’on lui passe des messages. »
Théâtre amateur ?
Bien que le Théâtre Entre Amis soit une troupe amatrice, elle est tout même composée d’acteurs aguerris. « Il y a beaucoup de gens qui ont l’appel de cet art-là, qui ont du talent et veulent pratique le théâtre, mais qui font autre chose dans la vie », illustre M. Boivin.
« On a aussi du sang neuf. Des gens reviennent, mais on a plusieurs nouveaux, peut-être cinq, qui jouent avec nous pour la toute première fois. Je trouve ça l’fun. Ça répond à un besoin de la communauté. » Plusieurs enseignants d’art dramatique jouent ou gravitent également autour de la troupe, ce qui vient « relever » le niveau de jeu et permet de former les autres, ajoute le président de la troupe. « On fêtera notre 15e anniversaire l’année prochaine. »
D’ailleurs, le Théâtre Entre Amis a reçu plusieurs nominations au Gala des Arlequins, organisé par la Fédération québécoise du théâtre amateur, pour sa pièce Le rire de la mer, présentée l’année dernière. Parmi celles-ci, on compte Meilleure production comédie/dramatique, Meilleure mise en scène Gilles-Boyer, Meilleure scénographie et Meilleure courte apparition. « À travers les années, on a remporté quelques prix, dont deux fois la meilleure production. Il y a 200 productions qui participent chaque année, donc c’est quand même assez bien », se félicite M. Boivin.
Le gala se tiendra quelques jours après les présentations de L’homme éléphant. « Qu’on gagne ou non, c’est bien que nos trucs soient soulignés. On est très fiers et contents de ça. »