(Photo : Courtoisie)
Gary Lawrence.
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Voyager en restant chez soi

Par Rédaction

La pandémie mondiale vous empêche de voyager à l’étranger cet été ? Le Journal vous propose de voyager par procuration, durant les vacances ! Dans les prochaines éditions, nous publierons deux récits de voyage extraits du nouveau recueil de Gary Lawrence, Fragments d’ailleurs, paru aux éditions Somme toute au mois de juin. Collaborateur de longue date du journal Le Devoir et du magazine L’actualité, Gary Lawrence a aussi prêté sa plume à de nombreuses publications avant de devenir rédacteur en chef du magazine d’aventure et de plein air Espaces. Nous avons rencontré l’auteur et journaliste pour le lancement de son livre.

 

Q : Vos pieds ont foulé plus de cent pays. Qu’est-ce qui vous a poussé au départ à faire votre baluchon pour partir à l’aventure ?

Je venais de terminer ma maîtrise en droits humains et environnementaux et j’avais un grand besoin de liberté. J’avais beaucoup d’admiration pour la série La Course destination monde où des globetrotteurs rivalisaient, semaine après semaine, pour produire le meilleur reportage télé. J’ai posé trois fois ma candidature, sans succès. Alors, je suis parti explorer le monde avec ma copine. Puis, ma copine est partie (en vacances de ses vacances) et je me suis mis à écrire. J’ai aimé l’écriture. J’aime ça bouffer du kilomètre, avaler du paysage, et puis raconter.

Q : Qu’est-ce que vos voyages vous ont apporté?

J’étais timide à la base. Mais en voyage d’exploration, je n’ai pas eu le choix de communiquer. Ça m’a beaucoup déniaisé. Je n’ai plus aucune gêne maintenant à aborder n’importe qui. Je demande le chemin et ça donne lieu à des rencontres intéressantes. Voyager ça rend sociable! Et puis, j’en ai fait un métier finalement.

Q : Votre recueil se compose de 50 récits datés de différentes époques. Y a-t-il un fil conducteur ?

Pas vraiment, ce sont des fragments. J’ai évité l’ordre chronologique parce que ça correspond à une sorte d’éparpillement qui me ressemble.

J’ai voulu qu’il y ait un équilibre entre les époques, les pays. Par exemple, j’ai dispersé les pays qui m’ont bouleversé, comme le Cambodge, l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. Des réalités qui dépassent la fiction. Une pauvreté inimaginable. Il faut être sur place pour comprendre. J’ai alterné ces récits, lourds comme des virus, avec des portraits économico-culturels-touristiques. Par exemple, ma visite au cimetière du Père-Lachaise à Paris (Nécropole).

Q : Vous n’aimez pas être comparé aux influenceurs. Pourquoi ?

Les 100% influenceurs entachent la crédibilité des vrais journalistes de voyage, à mon avis. Nous ne sommes pas payés juste pour nous rendre dans une destination et pour produire deux ou trois posts de 5 lignes à 1000$. Je suis maintenant rédacteur en chef, donc salarié, mais pendant des années j’ai écrit du contenu informatif pour rentabiliser le voyage. Avec la convergence c’est encore plus difficile de gagner sa vie en faisant mon métier parce qu’on doit souvent signer des cessions de droits d’auteur, pour être publié.

Q : Comment vous décrivez-vous ?

Je suis un observateur, un agrégateur, un explorateur, un journaliste de voyage… qui cherche de l’inspiration pour écrire. J’apporte d’une certaine façon, ma façon de voir le monde, autant dans le bien que le mal. J’ai voyagé sur de courtes périodes, en profitant des opportunités qui se présentaient.

Q : Que voudriez-vous que les lecteurs retiennent de vos récits ?

J’aimerais qu’ils apprécient le style littéraire, le travail de recherche qu’il y a derrière, et surtout, qu’ils remettent en question leur façon de voyager. Y’a trop de gens qui sont plus dans la ‘’consommation’’ que dans le voyage. Quand on collectionne les destinations, on passe par-dessus plein de réalités. On va trop vite. La pandémie est un bon moment de réflexion sur la façon de voyager. On va limiter nos vols, développer le souci de l’environnement, voyager moins en troupeau pour ne pas aggraver les problèmes.

Je ne suis pas tellement pour les voyages de groupe, sauf si le groupe est restreint, disons à 5 ou 6 personnes. J’aime arriver par les petits sentiers, au détour d’une route, accompagner par un habitant local. C’est bien différent comme approche que de débarquer d’un autocar avec 50 personnes. Plus le groupe grossit, plus tu deviens envahissant… et ça perturbe l’environnement.

Q : Allez-vous changer votre façon de voyager avec la pandémie ?

C’est moins facile qu’avant de voyager. On ne sait pas quand ça va revenir…. Les compagnies d’assurance qui ne couvrent plus l’assurance maladie à l’étranger, par exemple, si on va en Europe. C’est un inconvénient majeur. L’Europe a ouvert ses frontières au tourisme, mais c’est une percée fragile pour un retour à la normale. Avant la Covid-19, je m’apprêtais à partir pour l’Ouzbékistan en Asie centrale. Je vise l’automne, sauf si une deuxième vague de Coronavirus survient…

Q : La pandémie a refroidi les ardeurs de nombreux voyageurs, toutes générations confondues, pourquoi est-ce important de continuer de voyager ?

Voyager, c’est s’exposer à des imprévus. Mais pour comprendre le reste du monde, il faut y aller. Jérusalem, par exemple, est bien plus magique sur place que ce qu’on en voit à la télé! Il faut voyager pour faire des rencontres qu’on ne pourrait pas faire autrement. Vivre l’hospitalité légendaire au Moyen-Orient ou en Grèce. C’est le meilleur moyen de relativiser aussi. On mange des insectes en Thaïlande. La vie se passe différemment ailleurs : aux îles-Fidji, on constate que l’argent ne mène pas toujours le monde non plus!

Q : Sur 100 pays, les 3 meilleures destinations ?

C’est assez subjectif. Personnellement, j’aime les îles, la mer et la nature. J’ai adoré le Cap-Vert en Afrique, un État insulaire composé d’un archipel d’îles volcaniques. Les îles Marquises [en Polynésie] parce que je suis un fan de Brel et je voulais savoir ce qui avait inspiré son album Les Marquises. Je recommande aussi de visiter Les Açores, un archipel au milieu de l’Atlantique, pour avoir une destination fraîche durant les vacances d’été… à seulement 4 heures et demie de Montréal et pour l’influence portugaise de cette région autonome du Portugal.

Q : Des destinations à éviter ?

Je dirais la Corée du Nord. Principalement parce que l’on sait que l’argent qui entre se retrouve dans les poches du dictateur. C’est toujours dangereux de s’aventurer dans un pays ou les droits civiques ne sont pas toujours respectés. Mais comme je suis curieux, il se peut que je m’y rende pour voir de mes propres yeux…

Ensuite, j’éviterais Dubaï, aux Émirats arabes unis. Un pays à l’éthique élastique qui attire une forme de tourisme destiné à plaire aux Occidentaux. Dubaï offre comme un mirage de pays ouvert et développé, mais il entretient de vieux réflexes de charia. Par exemple, les femmes occidentales se font draguer, mais comme le consentement n’est pas similaire à ici… il arrive qu’elles se fassent violer. Et si elles portent plainte au poste de police, elles risquent d’être enfermées pour adultère. Heureusement, la presse exerce une influence pour les sortir de cette impasse, mais c’est déjà arrivé.

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