La guerre tarifaire : une « opportunité » pour les Pays-d’en-Haut ?
Avec la guerre tarifaire provoquée par Trump et l’incertitude économique qui en découle, à quoi peut-on s’attendre dans les Pays-d’en-Haut ? Selon Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur et président du comité de développement économique de la MRC des Pays-d’en-Haut, il pourrait s’agir d’une « immense opportunité » pour l’industrie touristique de la région.
Shanna Fournier, directrice du développement économique de la MRC, abonde dans le même sens. « D’entrée de jeu, les entreprises dans la MRC sont beaucoup au niveau tertiaire, comme le commerce de détail, la restauration et les services professionnels. Il y a aussi beaucoup d’entreprises dans le domaine de la construction. »
Cependant, certaines entreprises pourraient bien connaître des turbulences. Explications.
« Il faut ouvrir les bras »
« Notre industrie première, c’est le tourisme. Il faut la développer et la solidifier », soutient M. Gariépy. Il donne l’exemple de l’investissement de 10 M$ annoncé aux Sommets. « Il y aura des retombées sur la restauration et l’hôtellerie. On doit se concentrer là-dessus. » Mme Fournier souligne aussi que « beaucoup d’entreprises d’envergure ont investi massivement pour s’adapter, entre autres aux changements climatiques, pour enrichir leur expérience ».
Le contexte actuel pourrait donc se révéler être une opportunité. « Je parlais avec des amis qui vont annuellement dans le sud des États-Unis. La plupart ont changé leurs plans. Ils ont décidé de faire une croix sur les États-Unis pour un bout de temps », illustre M. Gariépy. Ainsi, les Québécois et les Canadiens se tourneront vers d’autres endroits pour leurs vacances, comme Saint-Sauveur et les Pays-d’en-Haut, qui sont déjà prêts à les accueillir, soutient le maire.
De plus, la faiblesse du dollar canadien pourrait jouer à notre faveur. « Ceux qui demeurent au nord des États-Unis vont vouloir profiter du taux de change. Ça sera avantageux de venir au Québec. Ils en auront plus pour leur argent. Donc il ne faut pas partir en guerre contre les Américains qui viennent ici. Au contraire ! Ce sont peut-être aussi des victimes de leur président. Il faut ouvrir les bras », insiste M. Gariépy.
La MRC est également reconnue pour son offre d’événements culturels, ajoute Mme Fournier. « Les chambres de commerces y travaillent. Il y a le Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS). On a des restaurants réputés et une belle offre en hébergement. Tout ça fait en sort que l’offre est bonifiée. »
Le maire reconnaît toutefois être inquiet pour les restaurateurs, comme les prix de l’agroalimentaire pourraient être affectés par les tarifs. Cela dit, plusieurs ont déjà adapté leur menu. « Je suis toujours dans les restaurants. Beaucoup achètent local et ils y sont de plus en plus sensibles. » M. Gariépy croit d’ailleurs que la production de légumes et de fruits en serre devraient être développée davantage dans les Pays-d’en-Haut.
« Concerné et concerté »
Cela dit, tout n’est pas rose, nuancent nos intervenants. « Une période d’incertitude, ce n’est jamais propice aux investissements, peu importe le secteur d’activités », illustre Mme Fournier. D’ailleurs, quelques entreprises seront touchées directement par la guerre tarifaire. « Comme elles ne sont pas beaucoup, on est en contact avec elles directement. »
André Genest, préfet de la MRC, rappelle au passage que des tarifs sur le bois d’oeuvre pourrait faire augmenter les coûts de construction, par exemple. Et plusieurs entreprises du domaine de la construction se trouvent dans la MRC.
Les commerces de détail pourraient aussi être affectés, ajoute Mme Fournier. Si eux-mêmes paient plus cher leurs produits ou leurs composantes, cela aura un impact sur le prix chargés aux consommateurs.
Le service de développement économique peut d’ailleurs accompagner les entreprises des Pays-d’en-Haut, rappelle la directrice. « On est la courroie de transmission entre les entreprises et les programmes du gouvernement. Les gouvernements aussi s’adaptent. Comme au temps de la pandémie, ils ont des programmes qui sortent selon les tarifs. Ça peut être difficile pour les entreprises de s’y retrouver. Donc on a une équipe de conseillers qui est grande et agile. » Les entreprises peuvent aussi obtenir du soutien pour leur budget, leurs prévisions financières et se préparer à divers scénarios.
Depuis la pandémie, l’organisme a aussi offert des fonds et du soutien pour aider les entreprises dans leur virage numérique. « Le commerce en ligne a beaucoup cru ces dernières années », constate M. Genest. Ainsi, les entreprises d’ici sont déjà plus adaptées et mieux outillées qu’en 2020.
D’ailleurs, Mme Fournier a remarqué que les acteurs socioéconomiques travaillent beaucoup plus ensemble depuis la pandémie. « Ça, c’est resté. Tout le monde est concerné et concerté », se réjouit-elle