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200 km : en fatbike, c’est une bonne journée en selle…

Par daniel-calve

C’est la deuxième fois que j’entreprenais la Wendigo Fatbike Ultra, un événement hors norme tenu à Cobden Ontario. Il faut croire que je n’avais pas bien compris le concept la première fois. Bilan de cette journée : 191 k de gros bécik pesant, sur une piste « multi-usagers » servant essentiellement aux motoneiges (nous avons compté 15 marcheurs, incluant leur chien).

Un aller-retour spectaculaire par moment, avec un lever de soleil fantastique, un coucher de soleil magnifique et une pleine lune extraordinaire. Mais aussi un retour parfois pénible avec des genoux qui piquent à cause du froid un peu intense… et peut-être aussi des 140 km de moulinette qui précédaient.

La journée débute tôt, le rendez-vous étant à 6 h 30. Les instructions sont données par Cameron Dube, le directeur de l’événement. Essentiellement, nous sommes en autonomie complète. Nous avons le droit d’arrêter dans les commer-ces pour se ravitailler, mais nous ne pouvons pas prévoir une assistance sur le parcours. Quand tout le monde a assez froid (c’est inscrit -24 sur le thermomètre d’un collègue), le temps d’une photo de groupe, nous sommes lancés pour un départ contrôlé par une voiture, avant d’être lâchés lousse sur la Algonquin multi use trail, un genre de petit train du nord, pas d’arbres, pas de côtes, pas de courbes.

En partant, je prends un long relais – à mon rythme – pour tester l’habillement et gérer la température. Après un certain temps, je me laisse glisser à l’arrière du peloton question de jauger la foule et voir avec qui je vais passer les prochaines heures de ma vie.

Dès le départ nous formons un groupe de 8-10, et je trouve mon homme pour la journée : Buck Miller. Il n’a pas seulement un nom de pilote de course sorti d’une BD des années 50, il a l’attitude du champion, la barbe de l’aventurier et la force d’un ours (ça je l’ai découvert autour du kilomètre 175).

Un premier 100 km sans histoire, longue ligne droite, soleil, frette. Un beau 6 h quelques dans la cuisine de Dame Nature, qui a visiblement oublié de fermer la porte du frigo. Après un changement de bas, de chandail et trois pointes de pizza à l’arena de Carleton Place, on rembarque sur les montures pour la poutine, direction White Water Brewery à Cobden (notre point de départ). À ce moment, nous sommes trois, Buck, Grahame et moi. (J’avais roulé avec Grahame l’an dernier). Les autres participants ayant déjà plusieurs minutes de retard.

La première section du retour est un 25km dans la piste molle et charcutée par les motoneiges, on perd Grahame. Une heure plus tard, il réapparaît, méchant come back. Malheureusement pour lui, Buck commence à avoir froid (il fait quand même -20 quelques) et pour se réchauffer, il ouvre les gaz. On re-perd Grahame. De mon côté, tout beigne, jusqu’au mal de genoux qui pique en batinse. Namaste. À partir de là, c’était pas mal moins rigolo.

Buck a recommencé à avoir plus froid pis y’a remis du gaz sur le feu, j’ai mis la tête sur le côté et j’ai essayé de suivre du mieux que possible.

À 25 km de la fin, on voit un Tim Hortons au loin, c’est le temps d’un p’tit Wrap du travailleur, d’un chocolat chaud et d’une roue de tracteur.

Les quelques minutes suivant notre retour en piste furent moins réconfortantes que le petit breuvage chaud consommé chez Tim. Pris de tremblements et de frissons assez sévères, M. Miller en rajoute une couche, et décolle version lancement de fusée. Sur une échelle de 1 à 10, le niveau de plaisir se situe proche du -1000. Cependant, je me considère chanceux qu’il fut mon compagnon, car si j’avais été seul, les deux dernières heures en auraient duré 3…

Pour moi, ça a été une journée agréable, mais difficile vers la fin, mes genoux m’ayant vraiment fait souffrir. Tout mis en perspective, ce n’était pas si mal. Arrivés à la brasserie, fatigués mais heureux, nous nous sommes réellement comman-dé une poutine. Pas de stress, elle ne s’accumulera pas dans les artères. Ensuite, pas le temps de niaiser, il est 22h quand je me couche au motel d’à côté: je travaille demain et c’est moi qui ouvre la boutique.

Vers 1h30 du matin, j’entends Jérôme qui rentre dans sa chambre et qui se démarre une douche chaude. Parti avec nous le matin, il a dû abandonner aux alentours du 170e kilomètre, un pépin mécanique par -26 degrés à 23 h peut prendre une ampleur assez dramatique, et c’est ce qui lui est arrivé. Transi par le froid, il était prêt à sortir le bivouac et son sac de couchage (on nous oblige à avoir un sac avec un niveau de confort de -30 degrés Celsius). Des samaritains ayant aperçu sa lumière clignotante l’on secourut et accueilli dans leur demeure pour qu’ils se réchauffent. Un taxi lui a permis de franchir la ligne d’arrivée en un morceau.

Au final: 191k, 12h43 de déplacement, 15km/h de moyenne, température moyenne -21 Celsius, min -25C. 10 000 calories de brulé, 33$ d’un mélange de pacanes rôties au miel, d’amandes au chocolat et de noix salées (il m’en reste une poignée). 4 bouteilles de Skratch aux pommes chaud, 5-6 pâtes de fruits Xact Nutrition (elles étaient même gelées, c’est du jamais vu!). Métal, verre, plastique, carton, papier, that’s it.

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