Derrière la carte postale

Par Mathieu Laberge

Jeux olympiques de Sotchi

C’était connu avant même qu’ils ne commencent. Les Jeux olympiques de Sotchi seront ceux de la démesure avec un budget qui dépasse les 50 milliards de dollars. Une somme plus élevée que celle des Jeux olympiques d’été de Pékin en 2008, même si ceux-ci ont accueilli beaucoup plus d’athlètes et de disciplines sportives.

Une fois arrivé sur place, les installations sportives situées au bord de la mer Noire font davantage penser à une piste d’atterrissage d’ovnis et de soucoupes volantes qu’à des installations sportives. Et c’est sans parler de la vasque de la flamme, une longue tour penchée qui rappelle les formes de notre Stade olympique. Pour le dépaysement, c’est réussi!

Les téléspectateurs du monde entier verront de magnifiques images des athlètes en action, et ce, de tous les angles possibles et au super ralenti.

Au retour des pauses publicitaires, les réalisateurs vous montreront des images de cartes postales de la mer Noire avec les montagnes enneigées en arrière-plan.

De l’autre côté de la carte postale, il y a les routes empruntées par les navettes qui transportent les journalistes entre les hôtels et les sites de compétition. Tout ça ressemble à la scène d’un théâtre où l’on n’aurait pas encore terminé de construire le décor. Comme en témoigne l’odeur de colle à tapis qui flotte dans ma chambre, la finition a été faite en vitesse. À l’extérieur, des cours à scraps sont entourées de banderoles aux couleurs des Jeux. On aperçoit aussi plusieurs grands terrains boueux sur lesquels des roues de tracteur ont laissé leurs traces.

Et on a planté quelques arbustes ici et là, pour embellir le tout. C’est plutôt raté.

Quelques canaux sillonnent ce quartier sans âme, ce qui nous rappelle que ce secteur marécageux a été remblayé pour accueillir le monde, un peu à l’image de l’Île Notre-Dame qui a été créée de toutes pièces pour l’Expo 67. Le problème est que nous ne sommes plus dans les années 60. Les impacts écologiques que peuvent causer de telles décisions sont connus et scientifiquement démontrés.

À la vue de ce décor, on se demande sérieusement si les spécialistes du développement durable et les urbanistes sont des professions en Russie.

Les compétitions seront un succès. Mais pour le reste? Et qu’est-ce qui attend les locaux après? Ils sont déjà en dehors de la carte postale. Est-ce que leur seul rôle sera de faire le ménage une fois que la visite sera partie?

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