Raid Gaspésie International 2016
Par Journal Accès
La course : suite et fin!
Benoit Simard, collaboration spéciale
Voici, chers lecteurs, le dénouement à cette course effrénée que nous a fait vivre Benoit Simard, coureur des bois des temps modernes.
Jour 2 : Petite Cascapédia
Ce matin, le temps est magnifique. Nous partons en canot sur un lac turquoise et clair. 200 mètres de sprint et on enchaîne sur un portage d’environ un demi-kilomètre qui nous permettra de rejoindre la Petite-Cascapédia. Je vous laisse imaginer l’embouteillage monstre lorsque les équipes pointèrent la proue de leur navire dans l’entonnoir au bout du lac! Heureusement, nous passons en deuxième place dans ce trou d’aiguille. Martin s’empare d’un canot et semble courir au-delà des troncs, roches et débris, qui jonchent le passage que nous utilisons. Sa force m’épate! Le canot est ma hantise : la sensation de forcer au maximum sans avoir la vitesse qui devrait en résulter, quelle frustration! Heureusement que le paysage rend la chose jolie!
On fait notre bonhomme de chemin, toujours à la limite de nos capacités physiques, la mince ligne pour que le moteur ne surchauffe pas. On grimpe à plusieurs endroits, les organisateurs ayant apparemment aucun scrupule à cacher les points de contrôle soit sous l’eau, ou alors au sommet des plus beaux points de vue de la région. La vue y est belle, mais on doit la mériter!
Encore une fois, nous sommes dans une partie de chat et de souris avec les Estoniens. Nous les avons dans la mire lors d’une section de coastering (course à pied à la limite de la mer, parfois sur la place, et parfois sur les rochers frappés par les vagues). La prochaine transition sera à vélo, et nous comptons bien les rattraper, gagner une étape! Nous les dépasserons à quelques mètres de la dernière transition, où nous déposons les vélos, et repartons aussitôt fait pour le dernier PC du jour. Sur une piste cyclable asphaltée, nous courons pour rejoindre une presqu’île située à 50 mètres de la berge. Tout va tellement vite.
Quand vous êtes premier, il y a toujours la pression de trouver le point de contrôle rapidement. La deuxième équipe bénéficie de l’avantage de voir où sont passés les compétiteurs précédents.
Nous arrivons enfin sur l’île, tous scrutent les environs, avec pour seul indice «sur la plage» pour trouver le carton et le poinçon. Je le vois enfin et tente d’être discret pour ne pas attirer l’attention, mais dès qu’ils nous voient repartir de plus belle pour retraverser vers la rive et rejoindre la ligne d’arrivée qui est à moins d’un kilomètre, ils se remettent à la vitesse grand V et nous voilà engagés dans un sprint endiablé au terme de près de six heures de course! Nous devons baisser pavillon à 50 mètres de la ligne, quand Lyne me ramène à l’ordre voyant que j’étais en train de larguer ma propre équipe. Quel spectacle! Ce sera partie remise. Il nous reste une journée pour atteindre cette victoire tant désirée.
Résultats jour 2 : 75 km, 2e place en 6h18’23’’, à huit petites secondes de Estonian ACE Adventure.
Jour 3 : New Richmond
C’est sous les nuages que nous prenons le départ de la pointe Taylor, il est 5 h du matin et nos lumières illuminent la mer. Ce sera encore une journée intense, et avec seulement 15 minutes de retard, tout est possible pour notre équipe. Nous attaquons la portion de canot en champions! On identifie une lumière plus forte que les autres au loin sur la rive, et gardons le cap malgré les vagues qui sont de plus en plus fortes. Le jour se lève.
Enfin, j’aperçois la casquette blanche! À chaque transition, Isabelle et Michael nous attendent et nous équipent pour la prochaine étape. La vue de Michael qui agite sa casquette blanche est comme un phare tant attendu qui libère l’esprit, sachant qu’on se rapproche de l’objectif, et qu’ils sont là pour nous appuyer. J’adore cette casquette blanche…
À un point de contrôle, suite à un passage plutôt difficile et escarpé, les bénévoles nous encouragent et nous disent que nous sommes premiers à passer, bien que nous croyions être derrière les Estoniens. Joie bien éphémère quand, sortis de nulle part, grimpants d’une falaise inaccessible, les deux frères s’extirpent devant nous et s’harnachent les premiers à la tyrolienne qui suit! Ne jamais vendre la peau de l’ours…, vous connaissez le dicton?
Le temps est à l’orage, une brume épaisse nous entoure. On garde le silence pour ne pas alerter de notre présence les autres équipes. Nous nous retrouvons sur les bords du mont Saint Joseph, que nous grimperons deux fois plutôt qu’une aujourd’hui. D’abord à la course, et ensuite à vélo.
Le tonnerre se fait entendre et la pluie se met à tomber, forte et froide. J’avoue qu’à ce moment, j’ai des doutes et je crains que la température tombe rapidement et que nous risquions l’hypothermie. Nous poursuivons notre chemin, l’intensité est notre amie pour conserver notre chaleur. La fin approche et nous voulons cette victoire d’étape. En approchant les derniers points de contrôle, nous sommes avisés que certaines sections seront coupées, car les éclairs rendent la situation délicate.
L’arrivée est proche, quatre jours de course qui achèvent dans des conditions épiques de pluie et d’orage. Encore un poinçon, et la ligne finale. Je peux déjà voir la casquette blanche. Quelques minutes plus tard, c’est fait, nous méritons enfin la victoire du jour! La fatigue accumulée des jours précédents laisse place à une bonne sensation d’accomplissement.
Les minutes passent et tous se regardent : déjà près de 10 minutes et nous ne voyons pas encore l’équipe Estonian Ace Adventure… serait-il possible? La tension est à son comble, jusqu’à ce qu’ils se pointent enfin. Ils conservent la tête par cinq minutes, cinq petites minutes sur un total de 22 heures 30 et quelques minutes. On les félicite, ce n’est pas tous les jours que nous pouvons nous mesurer à de tels champions; ils auront su minimiser les erreurs au long de quatre jours, sous la pression et dans un terrain magnifique mais hostile.
Résultats jour 3 et final : 58 km en 6h01’, pour un cumulatif de 22h37’. Nous terminons donc deuxièmes au général, mais première position chez les équipes mixtes.
Après une bonne douche, nous nous rendons déguster un peu de Dixie Lee chez les Thériault, classique régionale et incontournable de fin de raid. Le banquet nous attend, et ensuite le retour à la maison. Gaspésie, nous reviendrons. La magnifique organisation de cet événement a de quoi donner le goût de l’aventure. Je suis toujours émerveillé par les paysages incroyables, les opportunités sans égales du parcours. Bravo à l’organisation et leur équipe de bénévoles.
Quant à nous, Lyne, Martin Danny et moi, nous repartons sous peu pour un autre périple en Argentine, je serai plus sage en affrontant le parc Dufresne lors de l’Ultranza du 16 octobre. (evenementstopchrono.net/fr/evenement/11157.html), il faut bien garder la forme!
Et vous? Êtes-vous assez sauvage?!
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