Un Perrier avec… Bill Hattem
Par Thomas Gallenne
Un perrier avec Thomas
À 59 ans, William (Bill) Hattem est président-directeur et entraîneur-chef des Panthères de Saint-Jérôme. Né à Montréal, il a cependant toujours vécu à Saint-Jérôme.
Bill Hattem: «Je suis la troisième génération de descendance libanaise. Mon grand-père Salim Hattem avait ouvert un commerce très populaire, le Bazar Saint-Jérôme. On a gardé nos coutumes mais on s’est intégré beaucoup dans la communauté. Ma mère s’est mariée très tôt. Mon frère aîné, Raymond junior, a dix-huit mois de plus que mon frère jumeau Robert (Bob) et moi, et le plus jeune, Andrew, a 10 ans de différence. On est très proche. On a de nombreux enfants et petits enfants. On peut être une quarantaine à Noël.
J’ai marié une québecoise, j’avais 21 ans. Elle connaît toutes les coutumes et prépare la cuisine libanaise. Nous on est des libanais orthodoxes. On fête Pâques tous les quatre ans.
TG: «Bill, en quoi le hockey est une »école de la vie » pour les jeunes?»
BH: «J’ai commencé à jouer au hockey vers l’âge de six ans. Ce sport montre aux jeunes comment travailler en équipe, des valeurs de discipline, de se fixer des objectifs, de respecter des consignes, de s’amuser aussi. Et ce sont des valeurs transférables partout. Des valeurs qu’on donne aux jeunes pour la vie. Comme on dit: There’s no »I » in the word team. Il faut mettre l’égo de côté dans une équipe.
Et quand c’est plus dur pour l’équipe, qu’il y a de grands défis à relever, il faut se dire que c’est l’équipe qui est le plus important et qu’il faut faire des sacrifices.»
TG: «Est-ce difficile d’instaurer la notion de sacrifice dans une génération qu’on a considérée comme la génération d’enfants-roi?»
BH: «J’ai souvent le commentaire que nos jeunes ne sont plus ceux d’autrefois, mais je ne crois pas à ça. Les jeunes d’aujourd’hui sont très motivés, ils ont des objectifs encore plus haut que les générations précédentes, il s’agit juste de savoir comment aller les chercher. Je leur dis toujours de viser le plus haut possible, ils vont finir par faire quelque chose de bon. Regarde, moi je voulais être joueur de hockey, je ne le suis pas devenu mais j’ai réussi dans ce monde. J’ai eu une manufacture qui faisait de l’équipement de hockey, j’ai une équipe de hockey, je suis dans l’association One Goal. Le soir quand je me couche, j’ai hâte au lendemain. Le moteur dans ce que je fais demeure la passion. Ça me pousse à devenir toujours meilleur, à jamais me satisfaire de ce que je fais.»
TG: «Peux-tu m’en dire plus sur One Goal?»
BH: «C’est un groupe de manufacturiers dans le domaine du hockey qui a crée une association il y a 8 ans. Notre mission première est de promouvoir le hockey auprès des familles et d’en faciliter l’accès aux enfants de 4 à 8 ans, en Amérique du nord.»
TG: «L’homosexualité dans le hockey est-il encore un sujet tabou?»
BH: «Je pense que les mentalités ont évolué. Entre ce qu’on pensait dans mon temps et aujourd’hui, ça a beaucoup changé. C’est un peu comme les filles au hockey. Il y en a qui disaient que des filles dans des vestiaires, c’est tabou, sortez ça de là. Aujourd’hui, c’est à chacun son choix. Tant que ça nuit pas à l’équipe et à l’atmosphère. Et je pense que la nouvelle génération l’afficherait plus car elle est plus ouverte. Il y a toujours des »rednecks » comme on dit mais je pense que la majorité aujourd’hui accepte plus les choix des personnes qu’il y a deux générations.
Parlant de femmes, la première à avoir joué dans la Ligue nationale est Manon Rhéaume. Elle fait partie de notre association One Goal. Elle est en charge d’un comité pour promouvoir le hockey chez les femmes. Il y a aussi Hayley Wickenheiser qui a joué professionnel et qui est très connue au Canada.»
TG: «Tu parlais de One Goal, de promouvoir le hockey. On sait que ça prend des infrastructures et que c’est dispendieux. Comment tu vois le sport dans 20 ans?»
BH: «Je crois beaucoup qu’un aréna dans une ville, c’est une fierté: ça rassemble le monde, les familles, et pas juste pour faire du hockey. En 1952, ils ont été assez visionnaires à Saint-Jérôme pour bâtir un des plus gros complexes de sport au Québec. Mais pendant 50 ans, il n’y a pas eu d’entretien ni d’investissement. On a laissé ça aller. Et c’est un gros problème qui touche toutes les municipalités et auquel One Goal ne peut pas s’attaquer car c’est énorme.
Et un aréna c’est plus qu’un lieu. Ça fait partie de notre culture, de notre histoire. Dans notre aréna, on a eu des joueurs comme Yvan Cournoyer, Guy Lafleur, Jacques Locas. Normand Piché du tournoi Pee-Wee a eu la brillante idée de demander aux gens de placer d’anciennes photos à l’aréna. Ça rappelait toutes sortes d’histoires dans notre jeunesse. C’est ça la fierté. Et les vieux amis qu’on a fait depuis l’âge de 9 ans dans les arénas, c’est des affaires que tu peux jamais perdre. Mes meilleurs amis que j’ai encore aujourd’hui, c’est du monde que j’ai rencontré au hockey quand j’étais jeune.»