Les pompiers ont manqué d'eau

Par Thomas Gallenne

Incendie en plein cœur de Sainte-Anne-des-Lacs

Un incendie spectaculaire s’est déclaré le samedi 21 janvier dernier à Matériaux Robert Boyer, en plein centre du village de Sainte-Anne-des-Lacs. La quincaillerie et un entrepôt contenant du bois, des matériaux de construction et plusieurs véhicules utilitaires, ont été ravagés par les flammes en quelques heures. Le commerce est une perte totale et les dégâts estimés à plusieurs millions de dollars. Bien que personne n’ait été blessé, des questions demeurent.

«La centrale d’urgence a reçu un appel vers 4h31, explique le directeur du Service de la Sécurité incendie à Sainte-Anne-des-Lacs Alain Charbonneau. Les pompiers volontaires ont été  »bipés » dans la minute qui a suivi.» Sur les 28 pompiers volontaires que compte le service incendie, 19 sont arrivés sur les lieux dans les dizaines de minutes qui ont suivi l’appel, avec à leur disposition trois véhicules d’intervention: une autopompe qui contrôle les lances à incendie, une autopompe-citerne qui est un véhicule polyvalent servant au transport et au pompage à relais et une citerne servant au transport de l’eau.

Équipement inadéquat?

Alain Charbonneau a reconnu que les valves de sortie d’eau de l’autopompe-citerne ont gelé, ce qui a réduit l’approvisionnement en eau des pompiers dans les premières heures d’intervention. Selon lui, ce véhicule fabriqué aux États-Unis a été acquis usagé par la municipalité vers 2006. Est-ce que ce type d’équipement est prévu pour nos climats? «C’est prévu pour un climat standard, reconnaît M. Charbonneau. Mais ce matin-là, il faisait -24°c, et c’est la première fois qu’on intervenait sur un incendie de cette ampleur par ces températures qui sont en général plus clémentes.»

Les pompiers de Sainte-Adèle, Prévost, Saint-Sauveur et Mille-Isles ont également été appelés en renfort. «On s’est concentré à arroser le second entrepôt et la quincaillerie qui n’étaient pas touchés par l’incendie, raconte le chef Charbonneau. Mais le feu était si intense que les vitres du commerce ont volé en éclat et le feu a fini par s’y propager. Ça aurait pris 2000 gallons d’eau à la minute, ce qui est beaucoup pour une municipalité qui n’a pas de réseau d’alimentation en eau. Au début, on appliquait plutôt 500 gallons d’eau à la minute.»

La municipalité compte-t-elle apporter des modifications aux équipements afin que les valves de sortie d’eau ne gèlent encore et ne complique la tâche des pompiers? «Non, pas vraiment car il s’agit d’une

situation exceptionnelle, croit Alain

Charbonneau. Un incendie résidentiel a un potentiel calorifique moins important que dans ce cas et les interventions par grand froid sont rares. On s’en tient aux moyennes.» Il ajoute dans la foulée que certains équipements sur les camions de Saint-Sauveur et Mille-Isles ont également gelé voire cassé.

Au plus fort de l’incendie, l’intensité des flammes a même menacé la façade en bois de l’église Sainte-Anne, distante de quelques dizaines de mètres et que les pompiers ont dû arroser. Le sinistre a mobilisé près d’une quarantaine de pompiers bénévoles.

Un commerçant résiliant

Propriétaire du commerce depuis 28 ans, Robert Boyer n’a pas idée de ce qui a pu se passer. «On avait plusieurs véhicules branchés sur les chauffe-moteurs dans l’entrepôt, a précisé ce dernier. Est-ce l’origine de l’incendie? Pour l’instant, on n’a pas le détail. La police a fait le tour des lieux; la clôture était intacte. À date, rien n’indique que l’incendie est d’origine suspecte.»

Appelé vers 5h10, Robert Boyer est arrivé sur place un quart d’heure plus tard. «J’ai voulu récupérer mes ordinateurs et des documents importants, mais les pompiers m’ont dit qu’ils allaient sauver le commerce, raconte-t-il. Malheureusement, ils ont manqué d’eau et la quincaillerie a pris feu. Elle s’est effondrée quelque temps après.» L’homme d’affaires dit avoir perdu de précieux plans et des dossiers qui pourraient lui prendre des mois à reconstituer.

D’après ses premières estimations, les pertes se chiffreraient entre trois et cinq millions de dollars. L’homme d’affaires avait repris le commerce que son père Claude Boyer avait fondé en 1953. Ce dernier fut maire de Sainte-Anne-des-Lacs de 1961 à 2009.

Près d’une vingtaine d’employés sont touchés de plein fouet par le sinistre. «J’ai fait venir une roulotte pour qu’on soit prêt à opérer et à prendre les commandes dès lundi, et j’ai aussi des locaux commerciaux sur le bord de la route 117, qui serviront de base arrière», a confirmé M. Boyer.

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