Accès suit un député des Laurentides…
Par Thomas Gallenne
Une journée au Parlement
J’avais rendez-vous à midi ce mercredi 14 mars, avec le député NPD de Rivière-du-Nord, Pierre Dionne Labelle. Je devais le rejoindre au bâtiment de la Confédération et passer la journée avec lui. Au programme: période de questions à la Chambre des communes, et comité parlementaire sur le projet de loi C-11 sur les droits d’auteurs.
Le trajet de Saint-Sauveur jusqu’à Ottawa se fera sans encombre. Après avoir récupéré ma carte d’accréditation d’une journée à l’Édifice national de la Presse, je rejoins le député de Rivière-du-Nord au pied de l’Édifice de la Confédération.
Pas de commission
parlementaire
Il est un peu avant midi. Pierre Dionne Labelle revient d’une réunion du caucus des députés du NPD, le dernier sous la houlette de la chef intérimaire du parti, Nycole Turmel. «Je me suis couché à deux heures ce matin, m’annonce-t-il d’emblée. Finalement les Conservateurs ont adopté le projet de loi C-11 en deuxième lecture. Ils ont rejeté tous nos amendements. Le projet de loi devrait revenir en dernière lecture la semaine prochaine.»
Donc pas de séance de la commission parlementaire concernant la loi sur les droits d’auteurs pour cette fois-ci!
La prochaine séance de la Chambre des communes débutant à 14 heures, nous avons le temps de visiter les lieux et de dîner à la cafétéria du Parlement. Mais avant, le député a une petite visite à faire.
Manifestation des machinistes d’Air Canada
Durant la nuit, le gouvernement Harper avait voté le projet de loi C-33, une loi-bâillon imposant l’arbitrage et interdisant toute grève ou lock-out jusqu’à ce qu’une nouvelle convention collective soit signée. Cette mesure visait les 8 600 employés de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA), qui représente bagagistes, mécaniciens et agents de fret d’Air Canada. Ce mercredi matin, quelques syndiqués manifestaient devant les bureaux du Conseil canadien des relations industrielles, rue Queen. Yvon
Godin, député d’Acadie-Bathurst et porte-parole du NPD en matière du travail, accompagné de quelques autres députés NPD, principalement de la région de Montréal, était venu appuyer les travailleurs. «On retire un droit fondamental des travailleurs qui est celui de négocier, a déclaré le président de la section locale 1751 de l’AIMTA à Montréal, Marcel Saint-Jean. Le gouvernement renvoie les négociations des conventions collectives devant un arbitre. C’est de la dictature, du fascisme, et cela ne fait que commencer.» Suite à sa privatisation en 1989, Air Canada conserve ses services d’entretiens légers alors qu’elle délègue ceux plus lourds à des compagnies comme Aveos. Quatre jours plus tard, cette dernière se serait placée sous la protection des lois sur la faillite.
Retour sur la colline
Après cette immersion dans l’action, nous voilà de retour au Parlement. À chaque point d’entrée, les visiteurs doivent passer les portes électroniques avec détecteur de métal et inspection des effets personnels. Avant de filer vers la cafétéria, Pierre Dionne Labelle me fait un rapide tour de quelques endroits clés: la Bibliothèque du Parlement, la salle de repos des députés qui connecte à la Chambre des communes, les couloirs et les halls où se donnent les points de presse, etc. À la cafétéria, nous nous installons un peu à part, dans une sorte de grande alcôve. Peu après notre arrivée, Olivia Chow, la veuve de Jack Layton s’installe à la table juste en arrière de nous. Saluts discrets. Tout autour de nous, des députés, certains plus connus que d’autres. En quoi consiste le métier de député? «On a toute une partie de travail législatif, où on travaille et réfléchit sur des lois, explique Pierre Dionne Labelle. On travaille aussi beaucoup sur le terrain, et sur des dossiers d’intérêt collectif pour le comté. Et il ne faut pas oublier qu’on travaille comme un gouvernement en devenir. Étant l’opposition officielle, on doit se préparer à prendre le pouvoir s’il le fallait.» S’attendait-il à avoir une tâche de travail aussi importante? «Honnêtement non. Je consacre mes dimanches à ma famille. Le reste c’est du travail de député. J’ai vendu mon bateau l’an passé, je voyais bien que je n’aurais plus le temps d’en faire.» Que pense-t-il du climat politique fédéral actuel? «On a affaire à un gouvernement d’idéologie qui travaille sans compromis, croit-il. Il ne cherche même pas à rallier le pays, il sème plutôt la division.»
Le dîner doit s’achever, il est bientôt l’heure pour les députés d’entrer en chambre.
Période de questions
Après les quinze minutes d’allocutions diverses, la joute des questions-réponses a démarré sur les chapeaux de roue, en commençant par une attaque de l’opposition sur les appels téléphoniques trompeurs, suivie du dossier sur la commande ou non des avions de combat F-35, pour ensuite revenir sur les allégations d’appels téléphoniques. Chaque pupitre de député, ainsi que toutes les places attribuées au public qui assiste aux débats de la Chambre sont munis d’appareils d’écoute. Outre le fait de pallier la méconnaissance de l’une des deux langues officielles, cet écouteur permet surtout d’entendre la voix de la personne qui prend la parole.
Les débats s’achèvent peu après 15 heures. Il est temps pour chacun de retourner à ses occupations. Pierre Dionne Labelle retournera à son bureau de député à l’Édifice de la Confédération, prendre quelques minutes pour souffler. La journée n’est pas finie, une réunion informelle avec quelques collègues l’attend pour un débriefing du caucus du matin et d’autres travaux parlementaires sont au programme en soirée.
Finalement, cela ne chôme pas un député!