Choix santé: La multiplication des produits SANS: «Sanbonsen?»

Par Journal Accès

Sans gluten, sans lactose, sans œufs, sans arachides, sans sucre, sans sel, sans gras trans. Est-ce que tout cela devient sans goût? Sans plaisir? Sans bon sens? Ou est-ce un autre bon coup marketing qui rapporte des millions à l’industrie alimentaire?

Si on commençait par sans «cochonneries», ne serait-ce pas prendre le problème par le bon bout? Sans additifs chimiques, sans agents de conservation indésirables, sans pesticides, sans OGM, sans nitrites, sans sulfites, sans hormones, sans antibiotiques, sans sous-produits. Si on s’en tenait à ce côté de la médaille, c’est-à-dire la liste de plus en plus longue de ce que le consommateur ne veut plus ingurgiter, l’autre liste aussi longue des intolérances diminuerait peut-être au lieu d’augmenter? Et si l’alimentation devenait sans risque pour la santé? Ironique comme situation!

Profiter des faiblesses

Comme toute faiblesse peut-être profitable ($) à qui sait renverser la vapeur, toute l’exploitation autour des «sans» ne serait-elle pas un bon coup marketing pour l’industrie alimentaire? De plus, le souci grandissant des gens quant à leurs choix alimentaires allant jusqu’à choisir les produits «sans», assumant qu’ils sont meilleurs pour la santé même s’ils ne souffrent pas d’intolérance, inspire-t-elle un autre appât du gain pour ceux qui la fabriquent?

«En Europe, le tiers de la population se dit allergique à un aliment, même si en réalité, le taux est plutôt de 2% chez les adultes», relate Sophie de Reynal, directrice marketing de la firme NutriMarketing. Ce n’est donc pas un hasard si le marché du «sans gluten» explose. Même phénomène ici où selon Packaged Facts, le marché canadien des aliments sans gluten a enregistré un taux de croissance annuel composé de 26% de 2008 à 2012. Même chose pour le marché du «sans lactose», affirme Sophie de Reynal.

Message reçu

Loblaws a annoncé dernièrement avoir éliminé tous les arômes et colorants créés à partir de synthèses chimiques de ses 4000 produits de marque le Choix du Président. Häagen-Dazs a mis en marché une gamme de crèmes glacées appelée Five, qui contient seulement cinq ingrédients, tous naturels. Maple Leaf vend désormais deux marques de charcuteries sans nitrite. Le consommateur impose de plus en plus ses exigences quant à ce qu’il ne veut plus manger. C’est donc pour dire que l’industrie capte bien les messages qui lui sont envoyés!

Intolérances profitables

Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par les sensibilités, les allergènes et les intolérances alimentaires. Le marché des aliments destinés aux personnes en souffrant a enregistré une croissance considérable atteignant environ 9,1 milliards de dollars américains en 2011 et la croissance devrait se poursuivre pour dépasser les 13,2 milliards de dollars américains en 2015 selon des études réalisées par Agriculture et agroalimentaire Canada. Le nombre croissant des problèmes est à l’origine de cette progression du marché. Ces produits spécifiquement ciblés devenant de plus en plus savoureux et novateurs ouvrent la voie à un créneau très prometteur sur le marché mondial. Les fabricants sont donc encouragés à investir davantage dans la catégorie des aliments «sans»: sans gluten, sans blé, sans lactose, sans produits laitiers, sans noix, sans œufs, sans soja… Alouette!

De plus, tel que mentionné précédemment, ces produits destinés aux personnes souffrant d’intolérances alimentaires devenant de plus en plus prisés des consommateurs qui ne souffrent pas de cette affection, mais qui les perçoivent comme meilleurs pour la santé, augmentent par le fait même les ventes qui se chiffrent en milliards de dollars supplémentaires pour l’industrie alimentaire.

Donc les produits «sans» sont-ils sans goût, sans plaisir? Il n’y a pas intérêt!

Sont-ils un bon coup marketing? Poser la question est «sans» doute… y répondre.

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