Ci-gît matante Rita

Par Josée Pilotte

Quand j’ai vu, j’ai su.

La visite promettait d’être courte mais l’aiguille, elle… quand je l’ai vue, j’ai su!

Vingt centimètres d’acier chirurgical que la médecine veut te rentrer dans le cul question de relâcher, à la cortisone, un muscle trop tendu. J’aurais donc dû ne pas venir.

Il faut souffrir pour le vélo. Il faut souffrir…

Mais.

De-là à en mourir…

Six cyclistes, cinq femmes et un homme, qui circulaient en peloton sur la route 112 à Rougemont, ont été frappés vendredi dernier par une camionnette. De ces six, trois morts. Trois femmes.

Je ne vais pas me lancer dans le grand débat du partage de la route puisqu’à mon avis on ne devrait même pas à devoir à le faire. Il faut plutôt se questionner: si le débat du «partage de la route» est aujourd’hui autant «la mode», n’est-ce pas par manque de vision de nos élus? Le discours «écolo urbain» dont on se vante allégrement, ce même discours dont on se réclame, pour avoir bonne conscience, et que l’on placarde à grands coups de slogans sur les pancartes électorales… Ce discours-là, ben… il est devenu aussi à la mode que le bicycle l’est devenu pour matante Rita et sa nouvelle bécane hybride qui roule sur nos routes du Québec. Ce discours-là, il a presque permis à Richard Bergeron de se faire élire Maire de Montréal. Ce discours-là – et c’est terrible! – semble complètement absent de notre paysage politique laurentien.

Pourtant on devrait être une région exemplaire en la matière: les Pays-d’en-Haut, LA MRC verte du Québec. J’aimerais bien que l’on m’explique comment tout en laissant son VUS dans son parking, tout en cherchant à ne pas froisser les ayatollahs de l’automobile… et tout en restant vivant… comment en faisant tout cela peut-on aller à vélo, ou en patin à roue alignées, en poucettes, ou bedon à pied… comment fait-on pour aller s’acheter «une crème à glace» avec son kid, en toute sécurité, sur nos belles routes de villages?

Allez Monsieur Garnier, allez Monsieur Cousineau, allez Madame Deschamps, dites-moi comment, puisque je ne suis qu’une pauvre cycliste qui ne demande qu’à être éduquée. Et dites-moi du même coup (et dix ans plus tard), qu’arrive-t-il avec l’interconnection? Oui dites-le moi: qu’est-ce qu’on attend pour avoir des routes et des villages qui nous ressemblent?

Ce raz-de-marée sportif et écologique qui balaie toutes les couches sociales et les âges n’est pas que «vert», il est aussi économique. À force de se faire bombarder de prêches sur la «bonne santé», à force de ne plus fumer, de ne plus manger de gras saturés, de ne plus émettre de CO2… ben on va bien vivre jusqu’à 200 ans. Et là, les Laurentides devront

se trouver autre chose que la rue Principale de Saint-Sauveur comme attrait touristique. Parce que, honnêtement et n’en déplaise à nos élus, cela ne suffira plus.

Les temps changent, Madame et Messieurs nos élus, les gens évoluent et les matantes Rita roulent de plus en plus nombreuses. Et elles ne veulent pas mourir: Ci-gît matante Rita, morte à 103 ans en pleine santé, pour avoir voulu améliorer sa forme et réduire son empreinte écologie!

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