(Photo : Nordy - Sébastien Fleurant)

Nos écoles en piteux état

Par Charles Séguin

Dans quel état est l’école de votre enfant ? Sur le territoire des Laurentides, il y a fort à parier qu’elle soit en « mauvais » ou en « très mauvais » état, selon les plus récentes données obtenues par Accès. 

82 % des écoles publiques des Pays-d’en-Haut et des Laurentides entre Huberdeau, Mont Tremblant et Saint-Donat ont obtenu D ou E comme indice d’état gouvernemental (IEG), aussi appelé cote de vétusté. Celle-ci oscille entre A et E et est attribuée à chaque bâtiment sous la responsabilité du ministère de l’Éducation.

Les écoles publiques primaires, secondaires, de formation professionnelle et des adultes des Laurentides ont en moyenne 62 ans. Certains bâtiments sont centenaires. Un investissement minimal de 14,8 M$ serait nécessaire pour ramener tous les bâtiments à un niveau acceptable. 

« Tous nos bâtiments demeurent sécuritaires », assure le directeur général du Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL), Sébastien Tardif.

Dans le secteur de la Rivière-du-Nord, les résultats sont plus modérés, alors qu’un peu plus de la moitié des écoles n’atteignent pas le seuil d’acceptabilité. Ce bilan est tout de même meilleur que sur le plan provincial, où 63 % des bâtiments obtiennent D ou E.

École Marie-Rose
L’école primaire Marie-Rose à Saint-Sauveur est cotée E.

Défectuosité élevée

L’IEG est un outil de classification mis en place par le Conseil du trésor. Un bâtiment peut obtenir la cote « très satisfaisant » (A), « satisfaisant » (B), « acceptable » (C), « en mauvais état » (D) ou « en très mauvais état » (E).

Selon le Plan annuel de gestion des investissements publics en infrastructures, les bâtiments sous le seuil d’acceptabilité ont souvent dépassé leur durée de vie utile et présentent un « niveau élevé [ou très élevé] de dégradation et de défectuosité ». Des travaux de maintien d’actifs parfois ou souvent urgents sont à effectuer et les ralentissements ou les  pannes de service sont fréquents. Pour les bâtiments classés E, « un rétablissement dans un état au moins satisfaisant, un remplacement ou une mise hors service de l’infrastructure s’impose. »

Dans les écoles vétustes, l’environnement n’est donc pas optimal pour l’apprentissage, pour l’enseignement et pour le déroulement des activités scolaires et parascolaires.  Le secteur public est d’ailleurs aux prises avec une importante pénurie de personnel et ces mauvaises conditions d’éducation sont souvent mises en cause.

Angle mort

Cette cote de vétusté a cependant un angle mort, selon Sébastien Tardif. « Cette cote évalue les travaux qui sont nécessaires pour remettre nos bâtiments dans leur état de base, sans faire d’amélioration », note-t-il. « Les besoins évoluent et les standards de l’époque ne répondent plus aux besoins. Par exemple, le nombre de prises électriques nécessaires dans une classe a augmenté et la ventilation est devenue une priorité », explique M Tardif. Il évoque également les locaux en forme de L ou contenant des colonnes, qui servent de classe même s’ils sont inadaptés pour l’enseignement. 

Or, selon lui, les travaux qui amélioreraient la « fonctionnalité » des installations ne sont ni pris en compte ni exprimés par l’IEG. Le chantier qui se dresse devant serait donc encore plus important que ce que laisse paraître la cote de vétusté. Dans ses communications avec le Ministère, le CSSL tente de faire valoir la nécessité d’améliorer plutôt que de maintenir.

Pour les écoles, l’IEG est déterminé par les centres de services scolaires (CSS) d’après les constats d’une inspection menée par une firme externe d’ingénierie. Le premier ministre Legault avait émis un doute quant à la fiabilité de cette cote, puisque, selon lui, elle pourrait servir aux CSS d’outil pour demander davantage d’argent au gouvernement.

« Nous faisons notre travail consciencieusement et les dossiers que l’on présente sont réalistes », répond M Tardif. « Nous voulons avant tout le bien-être de nos jeunes et nous n’aurions aucun avantage à exagérer dans nos évaluations. »

Petites écoles, gros problèmes

« Nos bâtiments ont de l’âge, et les petites écoles en région sont désavantagées », croit M. Tardif. Selon lui, ces bâtiments sont généralement conçus avec des matériaux ou des techniques moins durables.

Le directeur général est cependant optimiste. « On a fait beaucoup de demandes au Ministère pour des nouvelles constructions, des remplacements ou des rénovations majeures. » En plus de la nouvelle école de Saint-Sauveur, dont la construction devrait débuter incessamment, Sébastien Tardif fait aussi référence à des projets à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et à Mont-Blanc.

« Au Québec, on n’a pas été les champions du maintien des infrastructures et on conçoit que la demande est énorme dans tous les domaines » explique le directeur général. Il espère obtenir des réponses positives aux nombreuses demandes faites au ministère de l’Éducation. « Sinon, ce n’est que partie remise », dit-il.

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