Philippe Couillard en visite au journal Accès lors de la course à l'investiture au Parti libéral du Québec en décembre 2012. (Photo: Thomas Gallenne)
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Course à la chefferie du PLQ

Par Thomas Gallenne

Philippe Couillard visite les Laurentides

Philippe Couillard était de passage dans la région la semaine passée pour rencontrer les militants et mobiliser les troupes de son parti. Entrevue avec ce neurochirugien de formation et ancien ministre de la Santé sous le gouvernement Charest et actuel candidat à la chefferie du Parti Libéral du Québec (PLQ).
 

Qu’est-ce qui vous amène dans les Laurentides?

La course à la chefferie du Parti Libéral du Québec (PLQ) se déroule en trois phases distinctes, d’octobre 2012 jusqu’au moment du vote soit le 17 mars prochain.
Nous sommes actuellement dans la première phase où je rencontre les militants, les membres du parti dans chaque région.

Comment évaluez-vous vos chance de remporter le poste?

Je ne veux pas m’avancer de peur d’être arrogant. Et mes deux autres collègues (Raymond Bachand et Pierre Moreau) sont des personnes de grande valeur.

Pourquoi vous choisirait-on?

Je veux que le parti se renouvelle et retourne à ses racines, à ses quatre grandes valeurs libérales soit l’attachement aux fondements, la tolérance, l’inclusion et le développement économique. Et je veux faire du Québec, un leader de la fédération canadienne. Quant à la question linguistique, il est important de la protéger sans pour autant exclure d’autres cultures ou communautés.
Pour revenir aux fondements du parti, ça passe par le renouvellement de la base, par le renforcement du parti dans ses comtés. Le parti est avant tout un mouvement d’idées et non pas une entreprise commerciale. Il faut décentraliser les moyens financiers, le soutien pour les organisateurs, les bénévoles. Et c’est particulièrement important de mobiliser les partisans dans les comtés qui ne sont pas libéraux. On ne peut plus laisser des comtés orphelins. Le parti libéral est un vieux mouvement, il faut le réancrer dans les régions.

Parlant des régions, quelle est votre lecture des enjeux qui caractérisent notre grande région, une région qui connaît un boom démographique sans précédent, notamment au sud, et qui connaît aussi une grande diversité de réalités socioéconomiques?

Effectivement, dans la région, on assiste au double phénomène de la venue des retraités et des familles. D’un côté, les aînés – bien qu’en bonne santé de plus en plus – auront besoin de services à moyen terme, alors que les familles ont besoin de services de garde et de places dans les écoles. Ce qui oblige à harmoniser les services en fonction des besoins de la population. Il faut aller rejoindre les populations là où elles se déplacent. Les Laurentides ont un déficit de services notamment de santé car pensant longtemps, les efforts ont été placés avant tout à Montréal et à Québec. Pour pallier à ça, évidemment cela passe par les budgets de fonctionnement, par les investissements dans les infrastructures. Par exemple à Saint-Jérôme, l’Hôtel-Dieu a besoin d’investissement; dans la région, il y a un besoin de médecins de famille, de groupes de médecine familiale. Mais il y a aussi des besoins dans les infrastructures routières, etc.

Vous êtes bien placé pour le savoir, quand on devient ministre avec le plus gros budget de l’État (la Santé), ou premier ministre, la population s’attend à ce que la personne règle tous les problèmes. Comment comptez-vous vous y prendre advenant le cas?

D’abord, il n’y a rien qui se règle d’un claquement de doigt. Ensuite je miserais sur les forces dans les régions. Prenons l’exemple du nord des Laurentides, vers Mont-Laurier, où l’industrie forestière est toujours très forte. On continue de produire du deux par quatre, mais on développe aussi de nouveaux produits avec des produits dérivés du bois, comme la cellulose. Plus au sud vers Mont-Tremblant, c’est le tourisme qui est fort. Comment harmoniser ces poches de population mieux nanties comme vous disiez et celles plus pauvres, et faire en sorte que le tourisme s’étale à l’ensemble de la population, et profite à tous finalement? En permettant que la saison touristique se prolonge, en aidant les opérateurs par des programmes fiscaux, cela soutient l’emploi local.

Avec les nombreux scandales qui éclaboussent la classe politique ces dernières années, on assiste à un cynisme grandissant, à un affaiblissement du lien de confiance entre la population et sa classe politique. Comment allez-vous reconstruire ce lien?

Encore une fois, ça passe par un renouvellement de la classe politique. Il est important par exemple de quitter un poste «pépère», et d’aller relever de nouveaux défis. C’est important que les gens entrent et sortent.
Le défi est d’avoir de nouveaux membres, et d’aller chercher des bénévoles.

Revenons sur les enjeux. Vous parliez de valeurs fortes tantôt, et on a l’impression que ces valeurs changent selon des cycles courts (situation économique). On a parlé de réingénierie de l’État, puis de développement durable, et enfin d’économie. Avec toujours en toile de fond, une opposition entre l’environnement et l’économie, le dernier tassant l’autre.

Je ne suis pas d’accord. Le Québec est un leader en matière d’environnement, l’a prouvé et est reconnu internationalement. J’ai encore essayé une voiture électrique à Saint-Jérôme, et on peut faire des choses formidables ici. Dans le cas des audiences du BAPE, il serait bon d’apporter des études économiques indépendantes et non pas faites par le promoteur, pour équilibrer l’évaluation des projets et que celle-ci ne soit pas uniquement environnementale.
Et dans le développement durable, il a aussi l’aspect économique. Le gouvernement doit s’occuper des finances publiques, gérer la dette, mais aussi favoriser le savoir et l’innovation, le transfert technologique, dans des pôles d’excellence. Il faut renforcer la fiscalité qui encourage le travail, l’effort, la création de richesse. Il faut soutenir les PME par l’accès au capital. Enfin, il faut s’attaquer à la faible productivité relative du Québec qui résulte d’un manque d’intégration de la main-d’œuvre étrangère qualifiée, d’investissement dans la recherche ou de l’automatisation des processus par exemple.

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