Photo : Monia Proulx

Et si Bellefeuille devenait la prochaine Sainte-Adèle ?

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

CHRONIQUE

Ça gronde dans les Laurentides

À Sainte-Adèle, une pétition circule actuellement. Lancée par des citoyens inquiets, elle réclame un moratoire sur les nouveaux projets immobiliers. Près de 750 personnes l’ont déjà signée.

Ces habitants ne sont pas contre tout développement. Mais ils veulent comprendre. Être entendus. Pas mis devant le fait accompli.

On assiste ainsi à des séances de conseil tendues. Des élus sur la défensive. Des citoyens debout. Et le sentiment que les décisions se sont prises sans eux.

Une pression qui monte

Entre 2011 et 2021, la MRC des Pays-d’en-Haut a gagné 8 000 habitants. Une croissance de 20 %. À Saint-Jérôme, c’est 11 700 de plus. Une poussée de 17 %.

Et l’élan continue. Les Laurentides séduisent. Télétravailleurs, familles, retraités : tout le monde cherche son coin de paix dans la nature.

Mais qui dit plus de monde, dit aussi plus d’infrastructures. Routes, égouts, écoles, logements. Et souvent… en réduisant les espaces naturels tant recherchés.

Le rêve et le risque

Pourtant, développer, c’est aussi créer. Accueillir. Redonner vie à un village. Mais mal planifié, c’est défigurer. Accumuler les projets sans vision. Oublier l’harmonie. Et voir les paysages se faire gruger par le béton.

Oui, un territoire, ça se bâtit. Mais ça se respecte aussi.

Bellefeuille : miroir d’un avenir à choisir

À Saint-Jérôme, le secteur Bellefeuille est dans la mire des urbanistes. La Ville a dévoilé une vision stratégique pour développer l’ouest, caractérisé par de grands espaces verts, encore disponibles. Forêts. Lacs. Silences précieux.

Bref, les mêmes ingrédients que détenait Sainte-Adèle avant son boom immobilier sans précédent des dernières années.

On y projette des quartiers verts, des milieux de vie durables. Belles ambitions bien alignées.

Mais si on n’y prend pas garde, nous assisterons sous peu aux mêmes tensions, questions et oppositions qui hantent les élus de Sainte-Adèle des dix dernières années.

Développer, oui. Mais pas n’importe comment

Le vrai débat, ce n’est pas « développement ou pas ». C’est : comment ? Pour qui ? À quel rythme ? Et surtout, avec qui ?

Développer, ça peut être sain. Nécessaire, même. Ça permet de construire des logements là où on en manque cruellement. Ça offre une chance aux jeunes familles de s’installer. Ça stimule l’économie locale, garde les villages vivants, et permet aux municipalités d’augmenter leurs revenus pour investir dans leurs routes, leurs aqueducs, leurs parcs. Ça peut créer des milieux de vie modernes, agréables, réfléchis.

Mais tout ça vient avec un prix.

Parce que développer, si c’est mal planifié ou trop précipité, ça risque aussi de fragmenter les écosystèmes. De défigurer l’identité d’un lieu. D’asphalter ce qui faisait le charme. De tasser tranquillement les gens qui avaient choisi ce coin de pays justement parce qu’il n’était pas une banlieue ou une ville.

Le développement rapide crée des tensions sociales. Il surcharge les services publics. Il bouscule les habitudes. Il fatigue les communautés.

Et il finit parfois par nous faire perdre ce qu’on cherchait à protéger en premier lieu : la beauté du territoire, sa douceur, sa simplicité.

Certain·es sont venu·es s’installer ici pour fuir la densité. Pour vivre autrement.

Ce « autrement » mérite mieux qu’une simple densification à la va-vite. Ou qu’on les targue aussitôt de « pas-dans-ma-cour ».

L’appel du territoire

À Sainte-Adèle, les gens se lèvent. Certains pour dire non. D’autres pour dire : pas comme ça.

Ce n’est pas un caprice. C’est une alerte. Une volonté de mieux faire. Un signal à écouter. Parce que ce qui se passe là-bas… pourrait bien se passer à Bellefeuille.

On peut faire autrement. Planifier avec sagesse. Anticiper. Respecter. Co-construire plutôt que gérer les conflits après coup. Et ça, ça commence maintenant.

Un devoir citoyen

Le territoire ne parle pas. Il ne crie pas. Il ne vote pas. Mais il peut souffrir, s’effriter, se fragmenter. Ce sont les citoyens qui doivent porter sa voix.

Assistez aux conseils municipaux. Posez les bonnes questions. Lisez les avis publics. Informez-vous. Participez. Et surtout, dans six mois, allez voter.

Pas pour choisir un camp. Mais pour choisir une vision. Celle qui bâtit avec. Et non malgré. Car à force de bâtir sans écouter, on finit par se construire des opposants.

1 commentaire

  1. Voici ce qui se passe à Sainte Marguerite du Lac Masson : il n’y a aucune vision. Il propose des monstruosités qui bloquent les plus belles vues sur le lac. Des projets extravagants avancent sans aucune transparence, comme un gymnase à 660 000 $ construit dans un sous-sol—tandis que la population n’en est informée qu’une fois les contrats attribués. Ensuite, certains projets sont soudainement annulés, oubliés, et l’argent est gaspillé.

    Il n’y a pas de plans clairs ou alors ils changent constamment sans aucune consultation publique. Les citoyens sont tenus dans l’ignorance, et même ses propres conseillers découvrent souvent les décisions importantes seulement lors des séances du conseil. Deux d’entre eux le dénoncent régulièrement. Les autres se contentent de suivre.

    La transparence a disparu. Il se promène en disant aux gens : C’est moi le roi. C’est moi qui décide.

    Ce n’est pas du leadership. C’est de l’arrogance, et cela coûte cher à la ville.

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