ÉLECTIONS FÉDÉRALES

Par Éric-Olivier Dallard

Monique Guay n’est pas prête à passer le flambeau

Affichage minimal, pancartes allumettes, bolide hybride, Monique Guay, a décidé de faire une campagne verte et près du terrain, dans Rivière du Nord.. «Et on ne refuse aucune rencontre», a confié cette pionnière du Bloc québécois, entre deux visites d’électeurs.
«Cette année, 50 % des gens savaient déjà pour qui voter», lance une bénévole de longue date. Il est vrai qu’à l’entrée des Laurentides, Monique Guay n’a pas besoin de s’afficher à outrance.

Membre fondatrice du Bloc en 1990, la députée sortante n’a jamais été délogée de Rivière-du-Nord. Depuis le début de sa campagne, celle-ci a tenu un kiosque au cégep de Saint-Jérôme, assisté à une table ronde à Ici par les Arts, visité des foyers de personnes âgées. «Les gens me disent que j’ai toujours été présente pour eux et j’ai bien l’intention de continuer comme ça, souffle Monique Guay, juste avant une autre rencontre. Mais s’il y a un débat, je veux que tout le monde soit là, et qu’on ne débatte pas sur la francophonie internationale, comme le veut mon adversaire conservateur. Il a beau avoir été diplomate pendant vingt ans, y’a d’autres questions qui intéressent les gens de mon comté.»

Les préoccupations des cégepiens sont sensiblement les mêmes qu’à l’échelle de la province: présence du Canada en Afghanistan, coupes dans la culture, environnement. Mais ce qui saute aux yeux de Monique Guay, c’est que le comté souffre de pauvreté. Cela se traduit par une augmentation importante de l’itinérance et de la prostitution. «Même en plein jour!», s’offusque-t-elle. La bloquiste espère donc pouvoir convaincre le Parlement de la nécessité d’investir dans les services pour «récupérer ces gens-là»..

Par ailleurs, les coupes dans la culture affecteront les projets d’agrandissement du musée d’art contemporain, la construction de la salle de spectacles (un dossier qui prend de l’âge) et l’essor des artistes de la relève. «La première chose qu’on va demander, promet Monique Guay, c’est de dédier 1 % du budget total global du gouvernement fédéral à la culture et de le diriger vers les provinces.»

La députée sortante affirme avoir senti un certain flirt avec les conservateurs à l’échelle du Québec mais jamais comme avec les adéquistes, précise-t-elle.

Après 15 ans en politique, Monique Guay confie que chaque nouvelle campagne fait place à une réflexion. «Mais j’adore ce que je fais, j’ai de l’expérience et en plus, je suis une femme. Mon idée au départ c’était de faire un bloc fort pour gagner le référendum de ’95. On l’a perdu. On se l’est fait voler même. Mais comme on ne voulait pas tuer le mouvement souverainiste, on est restés à Ottawa. Tant qu’on est là, il y a une voix pour le Québec.» Et il faudra bien quelqu’un pour former la relève, lance Monique Guay en guise de conclusion.
«Laurentides-Labelle: une lutte à deux!» – Pierre Gfeller, candidat libéral

Après 25 jours de campagne, Pierre Gfeller se dit convaincu que la lutte se fera entre lui et la bloquiste le 14 octobre prochain.
«J’ai rencontré des milliers de personnes dans tout le comté depuis le 7 septembre dernier et je sens un vent de changement dans les Laurentides. Dans la MRC d’Antoine-Labelle, les gens veulent que la situation économique de la région s’améliore et désirent être entendus à Ottawa sur ce sujet.», a-t-il précisé. On sait que cette MRC a dégringolé au 6e rang parmi les plus pauvres au Québec en 2007.
«Dans le sud, les gens désirent un député qui sera présent et efficace, qui sera en mesure de comprendre et d’agir dans des dossiers complexes. Ils remettent en question la pertinence d’un simple vote de protestation envers un tiers parti», poursuit-il.

Le candidat libéral se dit fier de sa campagne intensive qui l’a déjà mené dans plus de 30 des 43 municipalités du comté.
«Avant le 14 octobre, j’aurai visité la circonscription au complet et je suis confiant que les électeurs sauront reconnaître la valeur de ma candidature au moment de voter», a déclaré Pierre Gfeller.
«On est la conscience de ce pays-là» – Mario Laframboise

L’organisateur électoral en chef du Bloc Québécois, le député d’Argenteuil-Papineau-Mirabel, Mario Laframboise, continue de croire à la pertinence de son parti à Ottawa. «Si le Bloc n’existait pas, il faudrait l’inventer!» Mario Laframboise affirme que jamais personne n’a pu remettre le travail du Bloc en question. «Tous les analystes, y compris ceux de l’extérieur du Québec admettent que nous connaissons nos dossiers à fond. Ils ne peuvent trouver autre chose que de discuter de notre utilité», lance le député sortant. Mario Laframboise répond à ses détracteurs que le pouvoir fonctionne par lui-même et que l’important consiste à défendre pleinement les intérêts de la province.

Selon lui, son parti réussit tellement bien à mettre le Québec en évidence, que les autres chefs n’ont eu d’autres choix que de venir y lancer leur campagne.

Dans une longue entrevue téléphonique, Mario Laframboise a réitéré les motivations qui l’ont conduit à défendre les couleurs de son parti: un déséquilibre fiscal qui n’a jamais été ajusté – «On paie 22,5 % de la facture», la militarisation à outrance – «Un budget de 14 G $ au détriment de l’industrie aéronautique, qui attend toujours la création d’un programme de développement», les coupes dans les programmes culturels – «On attaque le berceau de la culture francophone en Amérique» – l’environnement – «Le Bloc veut réduire de 50% notre dépendance au pétrole».

Mario Laframboise considère que Montréal, Mont-Tremblant et Gatineau constituent un triangle d’affaires qu’il faut à tout prix développer. Seul un plan d’ensemble sur 15 ans permettrait de concentrer nos efforts sur le développement économique, estime le député. En installant les futures entreprises près des lieux de loisir, la région des Laurentides tirerait avantage des nouvelles réalités économiques. Pour cela, il faut que la classe politique et économique s’ajuste et fasse preuve d’ouverture, prétend le député sortant. «En 2006-2007, Mirabel a connu le plus haut taux résidentiel par habitant en Amérique du Nord, souligne le bloquiste. Notre région est idéale en tout points, mais il faut aider les communautés à se prendre en main. Si on ose, tout le monde va en bénéficier.»

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