Photo : Monia Proulx

Élections municipales : sur le fil de départ dans les Pays-d’en-Haut

Par Philippe Leclerc

CHRONIQUE

Depuis le 19 septembre, c’est officiel : la course est lancée. D’ici au 2 novembre, les citoyens des dix municipalités des Pays-d’en-Haut et la préfecture se choisiront leurs représentants. À un peu moins de 40 jours du scrutin, les affiches fleurissent, les promesses aussi. Mais que retenir d’un début de campagne où se mêlent espoirs de renouveau, vieilles rancunes et marketing politique ?

Préfecture : la chaise convoitée

Après deux mandats, André Genest se retire. Cinq candidatures se disputent le siège.

Martin Nadon, maire sortant de Piedmont, persiste pour une troisième tentative. Il a stabilisé l’administration piedmontaise et jouit d’un capital de sympathie, mais son auto-proclamation comme « le » préfet sonne prétentieuse s’il n’explique pas mieux ce qui le distingue.

Catherine Hamé, mairesse sortante de Sainte-Anne-des-Lacs et présidente du comité logement de la MRC, mise sur sa jeunesse et son profil médiatique. Mais son bilan est contesté : hausse de taxes, futur hôtel de ville coûteux, stratégie d’habitation de la MRC trop vague. On ne bâtit pas de logements avec des mots.

Richard Darveau, athlète et gestionnaire d’expérience, frappe fort avec un discours musclé contre les dépenses de la MRC. Ses idées fortes et précises séduiront, mais pourraient braquer fonctionnaires et élus, encore engourdis par le confort indolent de l’ère Genest.

Marie-Ève Ouellet, spécialiste en communications et développement et candidate défaite en 2021 avec un résultat fort honorable, aurait de nouveau déposé son bulletin de mise en candidature mais n’a pas encore lancé sa campagne au moment d’écrire ces lignes. Son profil politique, acquis dans les Laurentides et à l’Assemblée nationale, lui donne une légitimité à surveiller.

Rosa Borreggine, conseillère à Saint-Sauveur depuis 2013, forte d’une solide réputation et d’une expérience municipale incontournable, prépare officiellement sa mise en candidature. Avec ses formations en gouvernance et leadership, elle pourrait incarner une candidature de terrain face aux plus médiatisés.

Les municipalités : entre continuité et tensions

Wentworth-Nord : élection à trois. Karine Dostie, mairesse désignée, mise sur sa proximité et l’héritage de feue la mairesse Danielle Desjardins. François Ghali, ex-maire, veut un retour, promettant de réduire taxes et dépenses et de relancer les services. Sophie Larose, issue du milieu communautaire, s’ajoute et propose de tourner la page sur les divisions. Mais tous hériteront du gouffre financier et politique du pont Newaygo.

Saint-Sauveur : duel entre Luc Martel (Parti Sauverois), qui mise sur la proximité citoyenne, et Robert Gravel, secrétaire-trésorier de la chambre de commerce, en quête de revanche. Martel revendique de n’avoir pas de programme sauf celui des citoyens. Gravel gagnera peut-être à en proposer un.

Sainte-Adèle : Nadine Brière tente un retour en dénonçant le développement qu’elle avait elle-même permis en septembre 2021. Opportunisme ou volte-face ? Le retrait de la mairesse Michèle Lalonde l’avantage, alors que Martin Jolicoeur reste trop discret pour capitaliser devant une adversaire aussi solide.

Piedmont : ambiance électrique. Les conseillers sortants Bernard Bouclin et Denis Royal s’affrontent, pendant qu’un référendum sur la conservation des territoires se tiendra en même temps que le vote. Rejeter la mise à jour du plan d’urbanisme datant de près de 20 ans, après trois ans de travail, comme l’a fait Bouclin, envoie un signal préoccupant.

Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson : ça brasse. Quatre candidatures — Gilles Boucher, fragilisé par ses démêlés avec la CMQ, Pierre RichardPierre Tessier et Michaël Vangansbeck. Enjeux : tensions avec Estérel, gymnase municipal et climat politique tendu.

Saint-Adolphe-d’Howard : l’ouverture précipitée de la bibliothèque joue en faveur de Line Légaré, mais ses positions sur les lacs divisent. Alexendre Sarrazin, gestionnaire du Mont Avalanche, espère incarner l’alternative après des années de portes tournantes de l’administration à l’hôtel de ville.

Quatre municipalités sans vitalité démocratique

À Sainte-Anne-des-Lacs, le retrait de Catherine Hamé laisse la voie libre à Sean Dalzell, seul en lice. Un couronnement plus qu’un choix. À Morin-Heights, après quatre mandats de Tim Watchorn, la malheureuse tradition du parti unique se poursuit avec Louise Cossette, pressentie comme sa successeure. Au Lac-des-Seize-Îles, Corina Lupu devrait être reconduite sans opposition, alors que la viabilité financière d’une si petite municipalité reste en question. À Estérel, Frank Pappas se présente sans rival. Dans la municipalité la plus riche du territoire, déplorons son leadership totalement absent qui aurait pu bénéficier au dossier du Domaine-de-l’Estérel, juxtaposé à son territoire.

En toile de fond

Dans les Pays-d’en-Haut, certaines courses s’annoncent serrées, d’autres se résument à des couronnements. Mais partout, transparence, gouvernance, protection du territoire et crise du logement seront les vrais juges du scrutin du 2 novembre.

8 commentaires

  1. Monsieur Leclerc. Cette vue s’ensemble permet de mettre nos pendules à l’heure. Fort utile pour la démocratie. Merci. On constate donc que, si plus rien ne change, il y aura huit nouveaux maires et mairesses sur dix autour de la table du conseil de la MRC et forcément un nouveau visage comme préfet. Vous me présentez comme celui qui amène des idées fortes et neuves. C’est effectivement mon objectif: susciter la remise en question, retourner chaque pierre, ne rien prendre pour acquis. Il est malheureux que votre média n’organise pas de débat. J’estime que ce serait votre rôle pour aider vos lecteurs à se faire une opinion. Il n’est pas trop tard pour en tenir un. Comme plan B, ce pourrait être de poser les mêmes questions à chaque candidat et de réserver un espace sur votre version web pour qu’on puisse comparer les engagements de chacun. Ainsi pourrait-on distinguer les faiseurs d’images des véritables acteurs de changement.

  2. Quel journalisme lamentable ! On dirait que votre but est de maltraiter les gens. Pourquoi ne pas vous présenter vous-même au lieu de vous plaindre constamment ? Choisir de dénigrer les politiciens est décevant. Honte à vous.

    Et au fait… la MRC ne vous a-t-elle pas expulsé ?

  3. Votre acharnement contre les maires ayant entériné votre départ à titre de DG de la MRC frôle l’attaque personnelle. Ce départ, applaudi par tous, n’était ni arbitraire ni politique : il découlait simplement de votre incompétence manifeste et d’une frustration devenue ingérable.

    Puisque vous êtes aujourd’hui journaliste, il est d’autant plus malheureux de constater que cette frustration continue de vous aveugler, vous rendant incapable de la neutralité requise et teintant toute objectivité dans vos propos. Un minimum de rigueur – ou à défaut, de recul – serait de mise.

  4. Il est difficile de ne pas avoir l’impression que votre passage au journalisme découle moins d’un désir d’informer le public que d’un besoin de régler de vieux comptes. Vos attaques répétées contre les maires et la MRC jamais nuancées, jamais équilibrées par des faits qui ne cadrent pas avec votre récit relèvent davantage d’un ressentiment personnel que d’un véritable travail d’information.

    Le vrai journalisme exige neutralité, équité et rigueur. Ce que vous offrez, ce sont plutôt des prises de position déguisées en reportages, entachées d’amertume et de rancune. Dans ces circonstances, il serait tout à fait légitime que les maires et la MRC boycottent le journal et refusent dorénavant de fournir des articles, des entrevues ou un quelconque accès. Pourquoi des institutions publiques devraient-elles donner de la crédibilité à une publication qui se laisse instrumentaliser pour des règlements de comptes personnels?

    Encore plus troublant est le choix de la direction du journal de publier un tel texte à la veille d’une élection. Ce calendrier n’est pas seulement irresponsable, il mine l’intégrité même du processus démocratique. Un journal qui se place ainsi au cœur des luttes politiques locales dessert autant ses lecteurs que la communauté qu’il prétend servir.
    Si la crédibilité et l’équité demeurent des valeurs que le journal souhaite incarner, ce type de dérive doit cesser. D’ici là, aucun maire ni la MRC ne devrait se sentir tenu de collaborer avec un média qui a choisi d’abandonner l’équilibre au profit de la rancune.

    • Bonjour M. Dostie,

      Nous tenons à souligner que Philippe Leclerc est chroniqueur, pas journaliste. À ce titre, il écrit des chroniques d’opinion, et non des articles ou des reportages journalistiques. Il n’a donc pas à se contraindre à la neutralité. Au contraire : le but d’une chronique est justement d’égratigner, de soulever le débat et de critiquer les personnes en position de pouvoir (ou qui souhaitent le devenir). Les opinions exprimées dans une chronique doivent tout même être ancrées dans les faits et la rigueur, et nous avons jugé que c’est le cas dans la présente chronique.

      Respectueusement, le rôle d’un média local est de rapporter des faits neutres, équitables et rigoureux (ce que nous faisons avec nos articles journalistiques), mais aussi de tenir responsables les élus et les institutions de leurs positions et de leurs décisions. Se lancer en politique, c’est s’exposer à la critique, puisqu’on devient redevable et imputable face aux citoyens. La critique, mesurée et respectueuse (comme nous jugeons que c’est le cas ici), est essentielle à une démocratie saine et dynamique.

      J’ajouterai que les aspirant(e)s élu(e)s doivent être prêt(e)s à recevoir les critiques et les doléances des citoyens qui eux, malheureusement, ne s’obligent pas toujours à être mesurés ou respectueux. Cependant, les aspirant(e)s élu(e)s doivent, eux, être prêt(e)s à leur répondre avec sérénité, rigueur et respect. Tout comme nos journalistes et nos chroniqueurs. Selon nous, c’est ainsi qu’on élève le débat sans le taire.

      Cordialement,
      Simon Cordeau
      Rédacteur en chef

  5. Bien d’accord avec vous monsieur Cordeau que le débat dans le contexte actuel est une règle de démocratie qui protège nos différentes opinions et constats. Dans les commentaires susmentionné, il faut saisir les inquiétudes des lecteurs découlant de son passage à la MRC

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