La mobilisation s’organise autour de l’aéroport Mont-Tremblant International
Par nathalie-deraspe
Les élus du nord des Laurentides n’auront jamais été aussi mobilisés que dans le cas de l’aéroport de Tremblant qui, dans sa lutte pour faire lever les frais de douanes, se bat pour préserver l’industrie touristique, ultime levier économique de la région.
Après la perte de centaines d’emplois reliés au domaine forestier, les élus des Lauren-tides appuient en force la MRC d’Antoine-Labelle et l’aéroport Mont-Tremblant International afin qu’Ottawa abolisse les frais de douanes qui lui sont imposés. Au fil des semaines, ce cas isolé est en train de devenir un dossier pan-canadien. Plusieurs aéroports au pays commencent à endosser la position de Serge Larivière, directeur général de l’aéroport de Tremblant. C’est le cas notamment de l’aéroport de Moncton, qui doit clôturer ses activités à 17 hres sous peine de frais supplémentaires.
L’affaire a débuté en décembre 2007, alors que l’aéroport s’était engagé envers le transporteur Continental Airlines à recevoir des passagers en provenance des États-Unis. À trois jours des premiers vols, l’Agence de douanes Canada a exigé la signature d’un contrat qui engageait de verser 1093,68$ par avion qui atterrissait à La Macaza. Le directeur général de l’aéroport affirme être pris en otage. À ses yeux, cela n’est ni plus ni moins que de l‘extorsion.
Le ministre Stockwell Day se défend en affirmant que plus de 200 aéroports au pays subissent le même sort et respectent malgré tout leur contrat. Rien n’est plus faux, relance Serge Larivière, qui prétend qu’une quinzaine d’aéroports tout au plus sont dans une situation identique. «En grande majorité, on offre des services incomparables à ceux de Tremblant. Ici, c’est du clé en main. Les exploitants de charters et de jets privés peuvent refiler la facture à leurs clients mais pour un transporteur étranger qui ne paie rien ailleurs, c’est beaucoup plus compliqué.»
M. Larivière stipule que dans près de 85 % des cas, il s’agit d’argent neuf. Pour l’hiver qui vient de se terminer, les retombées sont estimées à 1 M$ alors que la facture réclamée s’élève à moins de 100 000 $ pour six mois d’opération.
Depuis deux semaines, les tractations se sont multipliées et plusieurs demandent de rencontre sont demeurées sans réponse. La semaine dernière, une délégation d’élus s’est rendue à Ottawa dans l’espoir de rencontrer le ministre de la sécurité publique, Stockwell Day. Celui-ci a décliné l’invitation. Ceux-ci ont toutefois rencontré le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, et son homologue du parti Libéral, Stéphane Dion, qui se sont tous deux ralliés à la cause.
Le 28 mai dernier, la députée de Lauren-tides-Labelle, Johanne Deschamps, a fait parvenir une lette en désespoir de cause au ministre Jean-Pierre Blackburn, reconnu pour avoir une oreille attentive aux préoccupations du Québec, afin d’intervenir dans le dossier. Celle0-ci indiquait entre autre que «l’impasse actuelle que vit l’aéroport met en péril la signature d’autres contrats avec des transporteurs d’Europe et du Mexique qui sont actuellement en pourparlers avec l’administration.»
Lundi, le Bloc Québécois a déposé une motion qui demande à ce que l’aéroport Mont-Tremblant international de Rivière-Rouge (YTM) soit reconnu comme un aéroport d’entrée au pays, sans frais douaniers imposés aux vols commerciaux réguliers et ce, au même titre que les aéroports de Montréal et de Québec.
Ce vendredi, une lettre doit être envoyée au Premier ministre Harper afin qu’il intercède directement au dossier. Au cours de la journée, la délégation laurentienne tiendra également une conférence téléphonique afin de poursuivre le plan de match amorcé pour sauver l’aéroport. «J’ai clairement indiqué au ministre Blackburn, vous fermez l’aéroport et on vous donne la clé de la région, ou vous agissez pour trouver une solution», a indiqué Johanne Deschamps.