L’entraide bénévole vit sur la corde raide

Par Éric-Olivier Dallard

Gros mandat que celui de Pierre Bertrand, officiellement en poste à titre de directeur général de l’Entraide bénévole depuis le 16 mai dernier. À peine arrivé qu’il doit revoir de fond en comble les mandats de l’organisme.

L’exercice comptable n’exclus pas la possibilité de se défaire du bâtiment de Saint-Adèle, qui abrite également trois autres organismes communautaires aux revenus incertains, le Garde-Manger des Pays-d’en-Haut, l’Échelon et le Centre d’intégration au travail (CIT). «La relocalisation de l’organisme se parlait déjà quand Gino Yanire était à la tête de l’Entraide», a confié Pierre Bertrand lors d’une entrevue exclusive accordée à Accès mercredi après-midi. Étonnamment, la nouvelle n’aurait pas suscité de réactions lorsque le conseil d’administration en a fait mention à l’assemblée générale annuelle du 5 juin dernier. Pourtant, la vente de l’édifice pourrait mettre en péril les locataires actuels et signifier la fin des bingos à Sainte-Adèle. Même si l’apport financier de cette activité n’a cessé de diminuer depuis les cinq dernières années, il n’en demeure pas moins que le bingo apporte de l’eau au moulin et constitue pour plusieurs, une importante occasion de rassemblement et de divertissement. «À l’é-poque, l’idée était sans doute de réunir sous un même toit un ensemble d’organismes communautaires, explique l’ex-cadre du CSSS. Mais ça n’a pas fonctionné. Maintenant il va falloir revoir point par point nos activités pour qu’on s’en tienne à notre mandat initial: venir en aide aux personnes handicapées, âgées ou en perte d’autonomie». Pourtant, l’organisme est supporté par une armée de bénévoles (371) dont 150 particulièrement actifs. À eux seuls, ils valent près de 18 employés à temps plein, estime Pierre Bertrand. Mais les levées de fonds organisées chaque année sont devenues insuffisantes, comme les recettes des divers services offerts, semble-t-il. Les détracteurs questionneront le fait que l’organisme envoie ses employés jouer au golf, mais pour Pierre Bertrand, il s’agit d’un investissement. «J’étais dans le même kart que le peintre adélois Carl Dubreuil. Quand je lui ai dit que des peintres de Saint-Sauveur avaient donné sept toiles pour le marché aux puces, il m’en a donné deux. De toute façon, renchérit-il, si je ne vais pas aux tournois des maires, ils ne viendront pas à mon souper bénéfice, c’est comme ça que ça fonctionne.» Un seul coup d’œil au rapport financier suffit pour se rendre compte que l’organisme est au bord du gouffre, même si Pierre Bertrand continue d’affirmer que l’Entraide est en équilibre budgétaire. L’organisme reçoit une subvention de près d’un quart de million de dollars mais doit d’entrée de jeu, y ajouter 63 000$ de plus rien que pour combler la masse salariale. Depuis son entrée en fonction, l’ex-enseignant cumule les postes de coordonnateur et de directeur général. À moindre coût que celui occupé par son prédécesseur, soutient-il. «Je crois aux organismes communautaires. Y’a pour moi une part de mission dans mon travail.» Il n’empêche, ses nombreux contacts dans le milieu promettent un bel avenir à sa compagnie Synergie-réseau, qui cumule les contrats. Pierre Bertrand ne s’en cache pas. Pendant qu’il gardait encore quelques dossiers comme cadre au CSSS en tant que chef d’administration des programmes, celui-ci effectuait du mentorat via sa compagnie auprès de Johanne Paquette, mandatée pour prendre sa relève. Il a également élaboré le protocole du projet clinique de l’établissement. En devenant commissaire à la commission scolaire des Mille-Isles, l’ex-conseiller municipal a recréé son réseau. Au point d’obtenir entre autres le contrat d’élaborer la politique familiale de Wenthorth-Nord; incidemment l’Entraide a participé activement aux comités de politique familiale et des aînés dans cette municipalité (rapport d’activités 2007-2008)…
«Comme partenaire privilégiée, je n’ai pas été avisée de la relocalisation de l’Entraide», a affirmé jeudi la directrice-générale du Garde-manger-des-Pays-d’en-Haut, Catherine Lan-dry-Larue. Déménager des cuisines collectives et un centre de distribution alimentaire n’est pourtant pas une mince affaire.

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