Les représentants syndicaux Chantal Maillé, Geneviève Bastien, Josée Dufort, Benoît Gagnon et Sylvain Goulet unissent leurs voix pour exiger du personnel et des mesures pour contrer la violence à l’école. Photos : Luc Robert

Les syndicats dénoncent la violence dans les écoles

Par Luc Robert

Sous le thème DéNONce la violence, quatre syndicats de la CSN, représentant plus de 4 000 travailleuses et travailleurs du réseau scolaire, ont interpellé en conférence de presse les directions des centres de services scolaires, les députés et le gouvernement, le 13 mai dernier, pour que leurs employeurs respectifs prennent acte de la réalité violente du terrain.

Le problème de la violence dans les écoles défraie les manchettes depuis longtemps, mais « il s’est, semble-t-il, amplifié sans que des mesures concrètes et concertées avec les intervenants du milieu soient appliquées à l’école », ont évoqué ces professionnels.

Selon des chiffres rapportés par un quotidien montréalais, entre 2022 et 2024, les réclamations à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour violence au travail ont bondi de 77 %, passant de 650 à 1149 cas. Pour le personnel de soutien, ces chiffres ont grimpé de 359 à 703 réclamations (+96 %). Et ce ne serait que la pointe de l’iceberg, puisque la CNESST ne compile que les incidents documentés.

« Malgré la multiplication des cas et l’aggravation de ceux-ci, le gouvernement annonce des coupures, pendant que les directions gardent le silence. Dans deux centres de services scolaires de la région, des coupures ont été faites ou annoncées dans les services directs aux élèves, notamment dans les classes d’emploi de techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES) », ont relaté les syndicats unis, via un communiqué.

Pour Chantal Maillé, présidente du syndicat des employé(e)s de soutien (SE) du Centre de service scolaire des Laurentides (CSSL), les enjeux sont bien réels. « Le travail ne doit pas nous rendre malades, et encore moins nous tuer. Nous venons de souligner, le 28 avril dernier, la Journée de commémoration des personnes blessées ou décédées au travail. Les statistiques sont encore trop lourdes, avec 23 décès seulement pour les Laurentides, en 2024. L’austérité est là et il n’y a pas de prévention de faite. Combien de cas de détresse psychologique ou de démissions faudra-t-il encore ajouter avant que l’on agisse ? », a-t-elle questionné tout haut.

Principale source

Le phénomène de la violence dans les écoles est largement documenté par les CSS. Pour le SE du CSSL, le Syndicat du personnel de soutien Pierre-Neveu, le Syndicat du personnel de soutien de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI) et le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la Commission scolaire Sir Wilfrid-Laurier, les rapports d’accidents remplis par les membres victimes de violence de la part des élèves démontrent qu’il s’agit de la principale source d’accidents et d’incidents.

Le Syndicat de personnel de soutien de la CSSMI dénombre d’ailleurs, du 1er décembre 2024 au 15 avril 2025, un total de 1 336 déclarations d’accidents à caractère violent ou sexuel. « Les déclarations peuvent comporter plusieurs événements. On sait aussi que les déclarations, c’est la pointe de l’iceberg. Les gens n’ont pas toujours le réflexe de prendre le temps de les remplir », a soutenu Mme Josée Dufort, présidente du syndicat. « Les déclarations concernent principalement des coups, des lancers d’objets, des morsures, des bousculades ou des agressions physiques. Le personnel est exposé du matin à la fin des classes », a-t-elle fait valoir.

Même son de cloche pour le SE du CSSL. Geneviève Bastien, présidente du syndicat, constate aussi une augmentation des plaintes à la CNESST. « De notre côté, on observe une augmentation de l’exercice du droit de refus. Pour nous, c’est une nouveauté préoccupante. Le droit de refus, c’est le dernier recours. Cela témoigne de la détresse de nos membres. »

Plusieurs postes touchés

Bien que le gouvernement ait indiqué qu’aucune coupure ne toucherait les services aux élèves, deux syndicats dénoncent les compressions effectuées dans le soutien direct. Le constat semble frappant du côté du personnel de soutien du CSSL. « On a appris la semaine dernière que plus de 80 heures de postes de techniciennes en éducation spécialisée seront coupées. Le portrait est encore plus inquiétant pour les préposé(e)s aux élèves handicapé(e)s, dont plus de 175 heures seront retranchées. Ces personnes offrent un service direct aux enfants ayant un handicap. Ce choix affectera directement le service aux élèves. En parallèle, l’employeur ouvre trois nouvelles classes en adaptation scolaire », a détaillé Mme Bastien.

Reconnaître l’apport

Pour Mme Dufort, « réduire la violence passe aussi par une meilleure concertation dans les équipes de travail ». « Nous voulons que notre personnel de soutien soit mieux intégré dans les rencontres de concertation des écoles, où sont discutés les services et les mesures à mettre en place pour certains enfants suivis. Il existe des comités pour élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), dans les écoles où le personnel enseignant et les directions prennent des décisions sur les plans d’interventions. »

Pistes de solutions

Des solutions relativement simples seraient à portée de main pour améliorer la situation. Pour une meilleure gestion des crises, les syndicats suggèrent de :

1) pourvoir et de bonifier rapidement les postes vacants afin de réduire la surcharge et la fatigue du personnel;

2) avoir plus de concertation impliquant le personnel de soutien, de la formation ciblée sur la violence et la gestion des risques psychosociaux, de meilleurs protocoles d’urgence, une uniformisation des pratiques en santé et sécurité du travail;

3) et faire un meilleur suivi des incidents.

Face aux constats, les syndicats de la région unissent leurs forces et agissent collectivement.

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