(Photo : Courtoisie)
De gauche à droite : Frédérick Marceau et Mario Fortin (Prévost); Jocelyn Tremblay (Blainville); Mélanie Lauzon (Abrinord); Laïla Ait Kadi (MTQ); Charlie Desrochers (Nordikeau); et Simon Poitras (Abrinord).
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Moins de sel sur nos routes, pour protéger l’environnement

Par Simon Cordeau

Abrinord organisait une rencontre régionale sur la gestion environnementale des fondants et abrasifs hivernaux, le 16 mars dernier à Prévost. Près de 50 participants du milieu municipal s’y sont réunis, pour échanger sur leurs impacts environnementaux et des stratégies pour réduire leur utilisation. Résumé des enjeux avec Simon Poitras, chargé de projets chez Abrinord.

Chaque hiver au Québec, on épand 1,5 million de tonnes de sel de voirie sur les routes pour faire fondre la glace et la neige, indique M. Poitras. Mais par ruissellement, une partie appréciable de ce sel se retrouve dans les eaux souterraines et de surface. Et les impacts sur l’environnement sont importants.

Impacts

D’abord, la biodiversité est affectée. « Les organismes vivants indigènes ne sont pas adaptés à ces conditions. Et on va avoir des espèces exotiques qui sont plus tolérantes », explique M. Poitras. Cela peut mener à une perte de la biodiversité et à un déséquilibre de l’écosystème. De plus, les fondants et abrasifs peuvent changer les propriétés physico-chimiques des cours d’eau, par exemple en accélérant l’eutrophisation, ou le vieillissement, des lacs.

« Au Québec, les lacs sont brassés deux fois par année : au printemps, avec la fonte des neiges, et à l’automne, avec le changement de température et les vents. Ça vient défaire la stratification des eaux, ce qui permet de réoxygéner le fond du lac », explique le chargé de projet. Cependant, le sel peut bloquer ce mécanisme, comme l’eau salée est plus dense que l’eau douce. Et les abrasifs, comme le gravier et le sable, accélèrent la sédimentation au fond des cours d’eau.

Par divers processus biologiques, cela favorise la prolifération des algues et fait vieillir les lacs prématurément. « Aussi, les cyanobactéries [algues bleues] vont se sentir attaquées par les sels, et elles vont produire des toxines », ajoute M. Poitras.

Une eau plus salée peut aussi accélérer la corrosion des tuyaux. Cela amène plus de métaux lourds dans la chaîne alimentaire, « autant pour le poisson que pour nous », explique le chargé de projets.

Optimiser

Lors d’une séance du conseil municipal de Sainte-Adèle, un citoyen demandait s’il y avait des alternatives au sel, au sable et au gravier. Le directeur général, Simon Filiatreault, lui avait répondu avec humour qu’à travers les années, la Ville avait « tout essayé, même le jus de betterave ».

« C’est exactement ça l’enjeu », admet M. Poitras. « Pour le moment, il n’existe pas de meilleure alternative que la réduction. On n’a pas trouvé de produit miracle. Le jus de betterave, c’est sous forme de sucre, et ça crée d’autre problèmes. »

La seule solution, pour l’instant, est donc d’optimiser. « Il faut répandre la bonne quantité, la bonne qualité, aux bons endroits et aux bons moments », illustre M. Poitras. Les municipalités peuvent concentrer l’épandage à des endroits stratégiques, comme les intersections, les courbes et les pentes, par exemple. Déneiger et gratter davantage peut aussi aider.

Écoroutes

« Mais pour changer notre manière d’épandre, les gens doivent aussi changer leur conduite. On doit s’adapter aux conditions hivernales. On est habitués de rouler vite pour se rendre partout. Il faut peut-être changer de paradigme, pour protéger nos lacs et nos cours d’eau », plaide M. Poitras.

Dans la région, il y a déjà 18 écoroutes gérées par les municipalités sur ce modèle, et une par le MTQ. M. Poitras donne l’exemple de Prévost. « Il y a à peu près 10 % des routes qui sont des écoroutes. Souvent elles sont dans des quartiers résidentiels. L’un des critères est qu’il y ait un maximum de 500 voitures qui circulent sur la route par jour. »

En plus de réduire les impacts sur l’environnement, moins de fondants et d’abrasifs réduit aussi les coûts pour les citoyens. Déjà, la quantité à acheter est moindre. Cela augmente aussi la durée de vie des infrastructures, tant pour les routes et les ponts que pour l’aqueduc et les égouts. Même remplacer le sable par du gravier permet, au printemps, de faire le balayage plus rapidement. « Et il y a moins de poussière. C’est bénéfique pour tout le monde », indique M. Poitras.

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