MTQ et municipalités : Des demandes qui attendent
Les maires et mairesses des Laurentides multiplient les efforts pour encourager la mobilité active et rendre les déplacements sécuritaires. Pourtant, ils se buttent souvent à un obstacle de taille : les routes nationales qui traversent leur territoire. Elles relèvent du ministère des Transports du Québec (MTQ), mais ce dernier peut être bien lent à répondre aux demandes des maires.
« Ça fait 8 ans que je suis maire, et ça fait 8 ans que je fais des pressions auprès du ministère. » Jacques Gariépy, qui débute un troisième mandat à la mairie de Saint-Sauveur, ne mâche pas ses mots. Il demande que des feux de circulation soient installés sur le chemin Jean-Adam, la route 364, là où se trouve la voirie et le service d’incendie.
« On met d’énormes pressions, statistiques à l’appui, mais ça n’a pas été suffisant jusqu’à maintenant. D’autres maires ont aussi fait des demandes auparavant. Le ministère dit que le nombre d’automobiles et le nombre d’accidents ne le justifie pas », regrette M. Gariépy.
Pourtant, le trafic accru sur la route 364 empêche souvent les véhicules des travaux publics de sortir. Plus inquiétant encore, les camions de pompier doivent parfois attendre de longues minutes avant de pouvoir prendre la route. « Même avec les gyrophares et les sirènes, le trafic ne s’arrête pas. Et ça roule vite! », déplore le maire de Saint-Sauveur.
Un défi de patience
Plus tôt cette année, la Ville de Prévost a réussi à convaincre le MTQ de réduire la vitesse sur la route 117, entre le chemin du Lac Écho et la rue de la Station environ. Des trottoirs ont aussi été aménagés, pour permettre aux enfants de se rendre à l’école primaire Val-des-Monts en toute sécurité.
Combien de temps cela a-t-il pris pour que ces demandes aboutissent? « Ç’a pris pratiquement 3 ans. C’est la première démarche que j’ai faite quand j’ai été élu », affirme Paul Germain, maire de Prévost. Il souligne cependant que des demandes avaient été faites par ses prédécesseurs, et que le dossier traînait depuis quelques dizaines d’années.
Il note aussi que les démarches auraient été probablement plus longues sans l’aide d’un article paru dans La Presse. « Le Ministère a appelé la direction régionale. […] C’est à partir de là que les choses ont débouché. »
Pas (juste) une question d’argent
« On était même prêts à payer », ajoute M. Gariépy à propos des feux de circulation. Ces coûts peuvent toutefois être très importants, voire hors de portée pour les plus petites municipalités.
À Sainte-Adèle par exemple, un trottoir sera enfin aménagé en bordure de la route 117, entre l’école secondaire A.-N.-Morin et la station-service Esso, afin de permettre aux élèves de se rendre à leurs cours en toute sécurité. Cependant le projet va de l’avant parce que la Ville a accepté de défrayer la majorité des coûts, soit 700 000 $ sur les 970 000 $ du contrat de construction. « On parle de la protection de nos jeunes sur la 117 depuis plus de 20 ans. Eh bien, ce sera réglé », avait commenté l’ancienne mairesse Nadine Brière.
À Prévost, les nouveaux trottoirs ont été entièrement financés par la Ville. « Et je ne le regrette pas », insiste M. Germain. « C’est quelque chose qu’on aurait dû faire il y a 30 ans. Les gens de Place Lesage ne pouvaient pratiquement pas sortir de chez eux sans marcher à contre-courant sur la 117. L’hiver c’était particulièrement dangereux, avec les bancs de neige. Des fois ça coûte cher, mais c’était essentiel, surtout pour les tout-petits, dont la sécurité est notre priorité. »
Le maire regrette toutefois que les programmes de financement du MTQ soient aussi limités. « C’est dur, pour une ville, d’absorber la construction d’un trottoir. […] Le MTQ doit s’adapter. »
Revenir à la charge
« Deux fois par année, je vais rencontrer la direction régionale avec mes dossiers, et j’essaie de pousser », raconte le maire de Prévost. Malgré tout, certains dossiers mettent sa patience à l’épreuve. « On demande des feux prioritaires sur la rue de la Station et le chemin du Lac Écho, pour les gens qui arrivent de l’est. Tous les matins, ça refoule. Il s’agit qu’une voiture arrive de l’ouest et ça bloque. »
M. Germain dit avoir fait la demande à deux reprises auprès du MTQ. Pourtant, il ne reçoit pas de suivi sur le dossier. « Ce n’est pas grand-chose, ça ne nécessite même pas d’investissement », déplore-t-il.
Pendant ce temps, M. Gariépy n’abandonne pas. « C’est sûr qu’on va revenir à la charge. On revient continuellement à la charge. »
Revoir les relations
Isabelle Paré, conseillère en communication à la direction générale des Laurentides-Lanaudière du MTQ, a pu répondre partiellement à nos questions, peu de temps avant d’aller sous presse. « Dans les derniers mois, le Ministère s’est engagé à revoir les relations avec ses clientèles et partenaires municipaux. Le message a d’ailleurs été martelé par le ministre et le sous-ministre lors de leur tournée des régions au printemps 2021. »
Des actions concrètes ont déjà été entreprises, affirme-t-elle, dont la bonification de la section « Municipalités » du site web du MTQ et la mise en place d’un réseau d’agents de liaison. « À la direction générale des Laurentides-Lanaudière, il y a de nouvelles ressources qui ont été ajoutées pour répondre aux demandes municipales. Il y a une équipe qui s’occupe des relations avec le milieu », ajoute Mme Paré. Ces nouvelles ressources réduiront les délais de réponse, assure-t-on.
Par ailleurs, M. Germain dit remarquer une différence depuis les six derniers mois. « Il y a une nouvelle structure et du nouveau monde. On va leur laisser le bénéfice du doute. On perçoit qu’il a des efforts. »
3 commentaires
Que voulez-vous ça fait plusieurs années qu’une dame a été élue au MTQ à St-Jérôme et qui n’a qu’un diplôme d’arpenteur-géomètre !!! Très gentille, beau sourire mais elle ne sait que dire non !!! Espérons que ça change … 3 000 véhicules en moyenne à l’heure durant la période touristique cet été ! On demande un mur coupe-son depuis 10 ans parce que nous sommes en train de devenir fou avec le bruit c’est non, des lumières c’est non et 8 accidents mortels ce n’est pas encore assez !!! Ce n’est plus une route la 364 mais bien une autoroute ! Il y a plus de circulation sur la 364 que sur la 117 et c’est le Ministère des Transports qui le dit …
C’est tout de même incroyable que le gouvernement Legault ait autant dépensé en publicité – pour ne nommer que ce porte-feuille – pendant la pandémie (on parle de $600 millions, que pour la pub!!) et que les villes en soient réduites à payer elles-mêmes pour les travaux d’amélioration des routes nationales. Misère.
Le MTQ ne respecte même pas ses propres règles en terme d’aménagement et d’établissement de la vitesse sur les routes. De plus le MTQ fait la sourde oreille lorsque les citoyens se plaignent des inconvénients subis. En guise de réponse le MTQ formule des phrases pré-mâchées et se cache derrière l’immunité de l’État. Le MTQ n’a aucune connaissance des conditions réelles sur le terrain et attend que des accidents graves avant d’agir. Le MTQ méprise les citoyens.