Parc régional Val-David – Val-Morin
Par Thomas Gallenne
Nouvelle controverse?
«Le parc est en train de se faire dénaturer, massacrer, à cause d’un manque de vision du conseil et du comité du parc secteur Val-Morin.» C’est en ces mots que Paul Laperrière, citoyen de Val-David impliqué depuis de nombreuses années à protéger le parc Dufresne, a interpellé l’administration valmorinoise, le 20 novembre dernier, suite à des travaux effectués dans les sentiers du parc, secteur Far-Hills.
En mars 2008, la municipalité de Val-Morin créait la Corporation du centre de Plein Air du Parc Dufresne, un organisme à but non lucratif, pour gérer le parc, secteur Far Hills.
Des photos envoyées par M. Laperrière présentent des sections de sentiers en plein travaux. Un des côtés est creusé pour canaliser les eaux d’écoulements et ainsi contrôler l’érosion. Ces travaux entrent dans le cadre du programme de mise en valeur du milieu forestier – Volet II pour l’année en cours. Supervisés par la firme Biofilia, les travaux d’excavation ont été réalisés par Benoit Prud’homme d’Enviro Forêt.
Dans son courriel, M. Laperrière ajoute que «c’est absolument aberrant de voir qu’après tant d’années à se battre pour protéger un territoire exceptionnel et en faire un parc, qu’un conseil détruise en peu de temps ce territoire pour des raisons purement financières et commerciales.»
Le maire de Val-Morin Serge St-Hilaire n’est pas surpris des propos de Paul Laperrière, qu’il dit connaître pour avoir travaillé avec lui durant les années 1990, lors de la constitution de la Société du Parc. «C’est l’Ayatolla du Parc. Il est toujours contre tout projet et il fait du trouble. Il a fait un chiard avec rien», renvoie M. St-Hilaire, ajoutant que les travaux étaient rendus nécessaires pour résoudre des problèmes de sécurité et d’érosion. M. Laperrière comprend cela, mais s’interroge sur l’ampleur des travaux, sur la vision qui sous-tend ce dossier et soulève des problèmes de communication entre l’administration et le conseil d’administration de la Corporation. «Il y a un problème décisionnel, il n’y a pas de tête, lance M. Laperrière. On dénature des sentiers comme la Sud Ouest (la 5), qui est une noire, difficile, pour la rendre plus facile. On nivelle par le bas. Mais c’est quoi la vision?»
Des travaux dans les règles de l’art?
Selon Louis Paquette, nouveau directeur du parc secteur Far Hills entré en fonction le 5 octobre dernier, les travaux ont été effectués selon les règles de l’art. «On a procédé à des travaux de contrôle de l’érosion à six endroits, mais on a élargi seulement à l’entrée du sentier 1, sur 150 mètres, précise-t-il. Dans le sentier 7 (Mont King), on a creusé un fossé pour canaliser l’eau. Le sentier fait entre 16 et 18 pieds de large et le fossé à été creusé à l’extérieur du sentier pour rester aux normes d’un sentier de ski de fond classique bidirectionnel avec du pas de patin au milieu.» Et que répond-il aux amateurs de vélos de montagne qui affectionnaient particulièrement une section technique, abrupte dans la Sud-Ouest (sentier 5), laquelle a été détournée? «Cette descente était très dangereuse, particulièrement en hiver, précise
M. Paquette. Malgré le panneau qui avertit les skieurs de déchausser, il y a des accidents chaque année.»
Même son de cloche du côté de Biofilia, maitre d’œuvre dans le projet et qui assiste les deux municipalités de Val-David et Val-Morin dans la demande de subventions dans le cadre du programme de mise en valeur du milieu forestier – Volet II. «On s’est assuré de conserver l’assiette existante des sentiers», confirme le Dr Martin Lavoie, vice-président à la recherche et au développement scientifique de l’entreprise basée à Labelle.
Qu’en pense la Corpo?
«On part de loin avec le Parc; ça prend de l’argent, ça prend des bras. Depuis qu’on est dessus, on a fait du beau travail», lancent à l’unisson la présidente de la Corporation et conseillère municipale Pâquerette Masse et Hugo Massé, membre récent du conseil d’administration. Pour eux, le parc est en quelque sorte leur terrain de jeu. «Je l’ai à cœur; c’est pour ça que je me bats et c’est pour mes petits-enfants», ajoute Mme Masse.
Toutefois, ces travaux font réfléchir. «Lors de la dernière réunion du conseil d’administration de la Corporation, j’ai suggéré qu’on mette en place une sorte de comité aviseur constitué d’usagers, afin de s’assurer que les sentiers ne soient pas dénaturés, notamment pour la pratique du vélo de montagne», précise M. Massé.
Que pensent-ils de la sortie en règle de
M. Laperrière concernant le manque de vision et de communication? «On a deux hommes de terrain, M. Paquette à Val-Morin et Michel Varin du côté Val-David qui travaillent beaucoup ensemble. Quant aux travaux, je pense que ça va améliorer beaucoup les sentiers. C’est facile de démolir quand on ne peut pas gérer», conclut Mme Masse.