(Photo : Martine Doyon)
Pierre Duchesne, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, a fait ses études collégiales à Saint-Jérôme.

Pierre Duchesne journalisme, politique et éducation

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

-Rencontre-

En 50 ans, le Cégep de Saint-Jérôme a formé plus de 35 000 diplômés. Parmi eux Pierre Duchesne, qui a été journaliste et ministre de l’Enseignement supérieur, a accepté d’être l’un des ambassadeurs de l’institution. Discussion.

M. Duchesne commence ses études collégiales en 1981, en sciences humaines. Deux professeurs en particulier marquent son passage au cégep, confie M. Duchesne. D’un côté, Jean-Pierre Huot, son professeur de science politique, et de l’autre, Bernard Dionne, son professeur d’histoire. « Huot m’inspirait, Dionne me choquait. Les deux me motivaient de façon différente, de par leur approche, et m’amenaient à accroître mon sens critique. Je leur dois beaucoup. Et au-delà d’eux, il y avait tous les autres. »

Déjà, il a un appétit dévorant pour l’actualité. « Mon abonnement au journal Le Devoir date de cette première année de cégep. Huot nous avait invité. « Si vous vous intéressez à l’actualité, il faut au moins que vous puissiez lire un journal quotidiennement. » C’est une habitude que je garde encore aujourd’hui. »

Journalisme

Le jeune Pierre Duchesne est un élève séri-eux, très soucieux de bien réussir, malgré la liberté collégiale, raconte-il. « Pour moi, les études et le cégep, c’était la préparation à l’université. D’autres ont vécu ces années différemment », admet-il.

Avant même d’arriver au cégep, il a l’intention de devenir journaliste : un emploi qu’il occupera à Radio-Canada pendant plus de 20 ans. « Je me souviens d’avoir une discussion avec mon père, en secondaire 4, sur où je m’en vais, et c’est assez clair. J’avais une enregistreuse quand j’étais petit garçon. J’aimais faire des émissions de radio amateur, dans ma chambre au sous-sol. J’écoutais Bernard Derome, qui était chef d’antenne de Radio-Canada et qui a été là pendant quatre décennies. Pour moi, c’était une source d’inspiration. »

Sa formation collégiale lui est très utile, souligne-t-il, même que sa première année à l’Université Laval lui est « relativement facile ». « J’avais eu tellement une bonne formation en science politique, entre autres, que j’avais l’impression de revenir dans des sentiers que j’avais déjà passés. »

Dénouer la crise étudiante

En 2012, Pierre Duchesne se lance en politique, aux côtés de Pauline Marois. Nous sommes au plus fort du printemps érable. « Quand la crise a éclaté, avec le gouvernement Charest et le mouvement étudiant, j’étais correspondant parlementaire, donc sur la colline à Québec. J’étais quand même dans des analyses assez critiques de la façon dont le gouvernement gérait cette crise-là. […] Il y a eu beaucoup d’instabilité, de manifestations. Il y eu des blessés et des arrestations de manière exagérée. Alors j’étais bien sensibilisé à tout ça. »

Après son élection, M. Duchesne est nommé ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Il ne s’attendait pas à recevoir tout de suite la confiance de la première ministre Pauline Marois pour résoudre la crise, confie-t-il. « C’était un sacré défi! Il y avait une crise sociale qui avait été envenimée, qui était enracinée dans la société québécoise. Le gouvernement Charest avait réussi à opposer les générations les unes contre les autres. Et moi, je devais rapidement dénouer tout ça. »

L’augmentation de 82 % en 7 ans des frais de scolarité des libéraux est abolie. Le nouveau ministre choisit le dialogue et la rencontre comme approche, en organisant des sommets sur l’éducation, avec les leaders étudiants, les recteurs, les professeurs et des chercheurs. Finalement, une indexation annuelle de 3 % des frais de scolarité, mesurée à la croissance du revenu disponible des familles, est adoptée. « Ça n’a pas été facile. Finalement, on y est arrivé », raconte M. Duchesne.

Chargé de cours

Aujourd’hui, Pierre Duchesne est chargé de cours à l’Université Laval, à l’UQAM et à l’ENAP. « Avec l’expérience que j’avais, je voulais transmettre ça aux nouvelles générations. Je peux parler de journalisme, que j’ai vécu des deux côtés. »

Il continue aussi son travail de biographe, avec un second tome sur le sociologue Guy Rocher, paru cet automne.

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