Plus d’un demi millions de dollars en frais juridiques… et ça continue…
Par nathalie-deraspe
Régie inter-municipale Rivière-du-nord
– EXCLUSIVITÉ ACCÈS –
La police inter-municipale de la Rivière-du-Nord est sans contrat de travail depuis six ans. Du jamais vu au Québec. Malgré tout, les policiers n’osent plus protester à haute voix et revendiquer de meilleures conditions de travail, de peur de représailles de la part de la direction.
Au plus fort de leurs manifestations en 2006, 13 policiers de la Régie inter-municipale de la Rivière-du-Nord sur 16 ont été suspendus. Certains d’entre eux ont été 17 jours sans salaire, des pertes évaluées entre 5 à 7 000$. Dès qu’un employé dépose un grief, la direction fait de même.
Le climat est tellement empoisonné que le ministère du Travail a dû retenir les services d’un médiateur. La problématique est d’ordre relationnelle, peut-on lire dans un document de mars 2007 obtenu par Accès. Roulement de personnel élevé, gestion à courte vue, ingérence de la part du directeur, autant de facteurs qui démotivent les policiers. La méfiance est omniprésente et le grief semble la seule façon de se faire entendre. De janvier à juin, plus d’une vingtaine ont été déposés. La seule avenue possible, déjudiciariser la dynamique de travail. Mais à en croire les policiers municipaux, il y a loin de la coupe aux lèvres. Il est passé 10 capitaines en 11 ans, souligne le syndicat.
Le taux élevé d’absentéisme se traduit par l’embauche de surnuméraires qui connaissent mal le territoire. Les répartiteurs sont débordés, allèguent les policiers. «S’ils commettent une erreur, c’est la Régie qui va se faire actionner», préviennent-
L’épicerie en voiture balisée
Les revendications des policiers concernent davantage les conditions de travail que les salaires proprement dits. «On n’a même pas d’imperméables», affirme un policier sous le couvert de l’anonymat. Les locaux sont peints à moitié, faute de budget et les patrouilleurs viennent à peine d’avoir un local fermé. La patrouille nautique de Saint-Hippolyte n’a fait qu’une sortie de reconnaissance en juillet, faute d’employés, tandis que celle de la Sûreté du Québec est en opération partout en province depuis le 17 mai dernier. Idem pour les motoneiges et les tout-terrains, qui sont utilisés unique-ment pour des occasions spéciales. «Ils veulent qu’on sorte tout seul tandis que partout au Québec, ils sont deux», dénoncent les policiers.
Les cadres bénéficient de meilleures conditions, lancent-ils. Ils ont tous changé leurs véhicules pour des neufs et ont droit à une voiture balisée 24 heures sur 24, essence fournie. La Régie compte 5 cadres pour 16 policiers. Trois d’entre-eux ont le véhicule fourni alors qu’ailleurs en province, seul le directeur de police y a droit. «Ils partent en vacances sur le bras des contribuables, dénonce le syndicat. On les voit faire l’épicerie et aller partout avec ces véhicules-là. Le capitaine aux enquêtes roulait en Ford Expédition et il fallait aller le chercher chez lui si on avait une perquisition.»
Aucune issue
La Régie coûte une fortune en frais d’avocats. En décembre 2007, la firme Prévost, Auclair et Associés avait déjà engrangé pour plus d’un demi-million de dollars en arbitrage et ça se poursuit. Dix ans plus tôt, la convention avait été réglée de cette façon.
Les policiers se disent démunis face à la situation.