Santé: Marc Fortin conserve sa jovialité
Par nathalie-deraspe
Après une première année passée à la tête de l’Agence de la santé et de services sociaux des Laurentides, Marc Fortin demeure d’un optimisme à tout crin. Dans une entrevue exclusive accordée à Accès, le pdg trace sa vision des choses.
Malgré l’alarmisme de tout un chacun, des négociations qui achoppent, du personnel épuisé et des urgences bondées (jusqu’à 235% d’occupation à St-Eustache, 141% à Saint-Jérôme et 114% à Sainte-Agathe), le pdg de l’Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides garde le sourire.
Marc Fortin affirme même que le système a connu des améliorations dans la région. «On avait à reconstruire les liens avec le réseau. Aujourd’hui, nous avons une rencontre à toutes les deux semaines et il y a une belle compréhension des rôles.»
Selon lui, les annonces récentes du ministre Bolduc ne seraient pas étrangères au consensus nouvellement établi entre les différents partenaires du réseau de la santé dans les Laurentides. Il n’empêche. Le premier projet de rénovation de l’Hôtel-Dieu, rebaptisé depuis l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, date de 2002. Et pour l’instant, l’établissement ne bénéficiera que d’une subvention de 4 M$. Des miettes comparées aux 80 millions nécessaires à une réfection en bonne et due forme.
Lunettes roses ou gains réels?
Le pdg de l’Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides maintient que la situation dans les urgences s’est améliorée. De façon épisodique, s’empresse-t-il de préciser. «Saint-Eustache n’a pas connu de surplus d’attente durant les Fêtes». Cependant, Marc Fortin concède qu’il faut augmenter le nombre de civières et de lits de longue durée dans les hôpitaux de la région et qu’il faut s’attaquer de front aux problèmes vécus à Saint-Eustache.
En attendant, de nouveaux groupes de médecine familiale (GMF) continuent de faire leur apparition sur le territoire. On en compte 14 en opération. Quatre autres devraient voir le jour d’ici avril. L’objectif total est de 22. Parallèlement, l’Agence a réussi à recruter 16 nouveaux spécialistes. Le défi sera de les retenir, admet Marc Fortin. En dépit de ces quelques bonnes nouvelles, le Plan régional d’effectifs médicaux révèle qu’il manque toujours 130 médecins et 30 spécialistes sur le territoire.
À l’interne, la direction régionale des affaires médicales et hospitalières a été scindée en deux. La clinicienne spécialisée Julie Boucher dirigera le département de santé physique, tandis que le Dr Réal Cloutier sera en charge des affaires médicales. Le pdg se défend bien de multiplier les postes de cadres à l’Agence. Cela étant dit, ils sont 24 pour diriger 183 employés, alors que, de l’avis même de Marc Fortin, le ratio habituel est de un cadre pour 12 ou 15 employés.
Une clientèle satisfaite
Bien que la population subisse les revers de la crise dans le domaine de la santé et plus particulièrement dans le département des urgences, une étude de l’Institut de la statistique du Québec rendue publique en janvier 2008 indique que 91,3% de la clientèle est satisfaite des services de santé et de services sociaux obtenus dans la région. Mais que dire des infirmières, qui réclament année après année une amélioration de leurs conditions de travail? Au CSSS de Saint-Jérôme, on cherche à combler 8 postes de nuit à l’urgence. Près d’une soixantaine d’infirmières sont recherchées. Plus de 40% des emplois disponibles sont à temps partiel. «Les critères ont changé, affirme Marc Fortin. Aujourd’hui, les infirmières réclament une meilleure conciliation travail-famille.
Mais quelle est la solution? Fermer les hôpitaux les fins de semaine pour les accommoder?» À Rouyn, une majorité d’entre elles ont proposé des horaires de 12 heures par jour pour éviter d’être forcée à en faire régulièrement 16 d’affilée. Mais comment expliquer que tant de postes soient offerts à temps partiel si ce n’est pour laisser une meilleure place au privé, qui réussit à répondre adéquatement aux besoins du personnel infirmier? «Il ne faut pas céder aux intérêts corporatistes, convient le pdg de l’Agence, mais miser sur le bien-être de nos populations.» Cela dit, Marc Fortin refuse d’accorder des intentions malhonnêtes au gouvernement en place.