Shoumiss T8aminik Rankin

Par Martine Laval

Sagesse ancestrale et espoir de paix incarné

Ma première rencontre avec Shoumiss T8aminik Rankin grand-père spirituel Dominique Rankin – fut lors de la conférence qu’il vint donner à Saint-Sauveur le 24 mai. Me laissant imprégner de l’énergie bienfaisante de cet homme-médecine
reconnu dès sa naissance pour poursuivre l’oeuvre de son père en tant que Chef héréditaire algonquin, c’est une salle comble qu’il a inspirée de ses paroles de sagesse. À travers la conversation téléphonique que nous aurons par la suite, il me révélera sa grandeur, son authenticité, sa vérité, sa mission, et me comblera de ses honorables réponses à mes multiples questionnements. Rencontre avec la sagesse et l’espoir de paix incarné.

Baptisé Dominique Rankin par les missionnaires catholiques, le nom original de ce petit enfant né au sein d’une famille Anicinapek (Algonquine) de 18 enfants est Kapiteotak, «l’enfant qu’on entend pleurer de loin». Selon la prophétie des Sept Feux: au 2e Feu un enfant naîtra pour montrer le chemin de retour aux traditions. Il indiquera les étapes à suivre pour assurer les Anicinapek de leur avenir.Voici ce que la vie réservait à ce nouveau-né mis au monde dans des conditions difficiles, mais qui par son cri du coeur et son désir de vivre est en fait né deux fois.

Cet enfant aura un destin différent des autres, car dès sa naissance, il a reçu deux vies. L’une donnée par sa mère et l’autre par son père! Désigné par les traditions ancestrales comme successeur de son père à titre de chef héréditaire, son chemin est tracé d’avance, et ses années de croissance en fourniront la preuve.

Élevé librement selon les traditions autochtones de sa naissance jusqu’à l’âge de 12 ans, Kapiteotak absorbe les enseignements qui lui sont transmis au fil de son existence nomade auprès des siens. À 12 ans, il vit sa première initiation qui l’envoie à la rencontre de l’esprit de l’ours, (pour les autochtones, les animaux sont des esprits qui méritent le plus grand respect). Lorsqu’il est arraché à sa famille – comme des milliers d’autres enfants au cours des années – par le gouvernement qui veut transformer ces petits «sauvages» en «êtres civilisés bien assimilés à la société des Blancs», il perd tous ses repères, violé sur tous les plans dans les refuges les plus intimes de son être. Lorsque le calvaire des pensionnats se terminera pour lui six ans plus tard, le courage de se rétablir et de se reconstruire lui demandera une force intérieure extrêmement puissante, une croyance profonde en son chemin de vie, et une confiance illimitée en les enseignements de ses ancêtres.

Voilà de quoi est bâti cet homme, qui par la source d’amour puisée en son centre, avoue qu’il a autrefois jugé les Blancs alors qu’il était bafoué jusqu’au tréfonds de son âme. Aujourd’hui il leur en demande pardon (ne devrait-ce pas être le contraire!) puisqu’il comprend que tous les Blancs ne sont pas semblables, et que la maladie hantait ces êtres aux gestes malsains et aux agirs destructeurs. Humilité, compassion, grandeur d’âme habitent cet homme.

Celui qui croit en la Femme comme être de respect et de grandeur, puisque chaque souffle humain sur cette Terre-Maman en est issu, confie que désormais rendue au 5e Feu, l’humanité vit une réconciliation entre les Blancs et notre Terre abusée elle aussi de toute part… Voyons si nous prendrons concrètement ce chemin que la prophétie prédit.

Okima signifie le sage qui parle le langage de la nature, le conseiller et le pilier de sa communauté dont le coeur est à l’écoute. On ne vient pas à T8aminik Rankin (Dominique en Algonquin) discuter de sujets «ordinaires» de la société ou du monde comme les finances ou la politique. Ce n’est pas du pouvoir dont il a hérité, mais de la «médecine». La différence est grande. On vient à la rencontre du Chef spirituel pour entendre des paroles d’espoir, de guérison, de sagesse, afin que l’humanité prenne une autre tangente que celle d’exploiter et tirer tout le jus de la nature et de ses ressources jusqu’à épuisement. «C’est lorsque le dernier arbre sera mort, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson pêché, que l’on réalisera que l’argent ne se mange pas.» (Sagesse autochtone)

Bien qu’il soit un guide spirituel pour sa communauté et bien au-delà, T8aminik demeure intègre, et refuse tout carcan dans lequel on voudrait l’engoncer afin de réponde à l’image à laquelle les gens s’attendent. Bien qu’il voyage dans le monde pour répondre à des appels à guider, à inspirer, à raconter, il demeure humain, près des siens, et près de sa forêt qui nourrit son âme. La politique, il en est guéri. Grand chef de tous les chefs dans un système Blanc, il a refusé le poste. Ce qui importe à son coeur est le mitete8in, l’ensemble des connaissances transmises entre les hommes et les femmes-médecine Anicinapek de génération en génération, des méthodes de guérison ancestrales qui concernent autant le corps que l’esprit – seul espoir d’une coexistence harmonieuse avec notre Terre-mère.

Fier de lui et du chemin parcouru grâce aux enseignements, Dominique Rankin a accepté la présidence d’honneur de l’ONU pour la paix dans le monde entier en novembre dernier: «mandat assez chargé, mais je ne suis pas tout seul!», lancera-t-il.

Mik8etc Coummis (merci grand-père spirituel) d’être là et de garder vivants les enseignements de vos ancêtres, afin d’offrir une lueur d’espoir pour un monde meilleur aux générations futures.

Les citations en italiques dans le texte sont issues de son livre On nous appelait les sauvages, co-écrit avec son épouse Marie-Josée Tardif.

Un film basé sur ce livre sortira en juillet

www.dominiquerankin.ca

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