Les Fermes Desrosiers : Les Ambassadeurs du bœuf au Québec
Par France Poirier
Une entreprise familiale du secteur Saint-Hermas de Mirabel révolutionne le milieu de la vente du steak au Québec, avec la production de son très recherché bœuf Angus AAA, vieilli pendant 28 jours.
Les éleveurs de Mirabel ne fournissent aucune épicerie, ni de grandes chaînes. Ils vendent ces délices à leur boutique du rang Saint-Hyacinthe (près de la route 148) et approvisionnent les abattoirs.
« Nous vendons 7 jours sur 7 à notre boutique de ferme, afin de montrer aux clients nos installations et notre procédé, tout en les rapprochant de la nature. Notre boeuf Angus AAA est d’une qualité imbattable. Nous nourrissons nos animaux avec du grain de maïs et aux fourrages que nous produisons et cultivons sur nos propres terres. Les retours sont très rares. Notre viande est vieillie pendant 28 jours et cela la rend tendre et un peu sucrée. Nos animaux sont traités avec les meilleurs soins et nous les surveillons à tous les matins pour nous assurer qu’ils sont en pleine forme. Nos veaux proviennent de l’Ouest canadien et du Québec (Lac Sain-Jean, Gaspésie, Outaouais et Abitibi). Nous fournissons des abattoirs à Terrebonne, Valleyfield et même en Pennsylvanie », a détaillé le co-propriétaire Éric Desrosiers.
Les frères Desrosiers comptent sur ce procédé pour se distinguer de la compétition. Ils possèdent l’espace pour traiter 2 000 bovins et atteignent jusqu’à 2 800 têtes annuellement.
« Nous ne sommes pas différents des producteurs de l’Est canadien, dans l’alimentation de nos veaux, mais nous nous distinguons des producteurs de l’Ouest, qui eux les engraissent à l’orge. Leur production est plus axée vers le commercial et des bœufs plus vieux en âge. On ne cherche pas des nouveaux marchés, mais disons que les Japonais semblent raffoler de nos viandes de bœuf. C’est bien de savoir que notre réputation a dépassé les frontières», a-t-il entendu comme rétroaction, tout en demeurant modeste.
Quatrième génération
L’entreprise familiale des Desrosiers s’est forgée par le travail de 3 générations, alors qu’une 4e se trouve en formation. «L’entraide demeure au coeur de notre réussite. Mon grand-père Aury a démarré la terre dans les années soixante, puis mon père a acheté en 1979. Mon frère Benoît et moi avons pris le flambeau. Mon fils Félix et mon neveu Jonathan poursuivent notre idéal : développer, produire et vendre nos produits québécois, localement en priorité. »
La tâche demeure un engagement de tous les instants, avec tous les déboursés qui en découlent.
« Depuis la pandémie, les coûts de production ont augmenté de 40 %. Avant, un veau valait 1 200 $. Il peut nous coûter aujourd’hui jusqu’à 2 800 $. Pour garder notre qualité, ça implique de grands investissements. Il faut avoir foi en son produit de qualité. La famille reste très engagée », a-t-il assuré.
Routine quotidienne
Chaque matin, le père Jacques, aîné du clan, est chargé de nourrir les animaux. Il prépare un mélange équilibré en combinant différents ingrédients adaptés.
« Ces ingrédients sont versés dans un camion, qui sert de mélangeur géant. Les ingrédients sont mélangés à l’aide de batteurs. Une fois le mélange prêt, une portion est distribuée dans les mangeoires des étables. Cette tâche quotidienne, essentielle et cruciale pour le bien-être des animaux, doit être réalisée avec soucis sans exception », est-il spécifié sur le site de l’entreprise.
Procédé écologique
Les Desrosiers ont fait l’acquisition d’une machine placée derrière leur moissonneuse batteuse.
« À l’aide de celle-ci, on ramasse les cotons de maïs laissés par la moissonneuse dans les champs. Une fois hachés, ces cotons servent de litière pour les animaux. Cette innovation nous permet de réduire l’utilisation de bran de scie. C’est une procédure économique et surtout écologique. On fait aussi notre part environnementalement parlant. »
Pas de frime
« Même chose pour les quantités vendues en boutique : si nos réserves sont épuisées, comme par exemple dans le filet mignon, on peut se permettre d’attendre la prochaine production pour la vendre. Il n’y a pas de racket, comme à certains endroits, qui vont en acheter ailleurs pour le repasser. On tient à notre réputation et à notre qualité AAA. »
Érablière
La ferme Desrosiers opère aussi une érablière familiale depuis plusieurs années. La passion se ressent aussi dans leur large gamme de sous-produits d’érable.
« On fonctionne par le bouche à oreille pour nos ventes. Nous ne tenons pas de salle et de repas sur place. On produit notre sirop, tire, beurre d’érable et autres par passion. Nous vendons à la fois à notre boutique et évidemment un quota à la Fédération des acériculteurs du Québec. Nous procédons à 5 000 entailles d’érables pour la récolte, via des tubulures. »