Myriam n’abandonne plus
Problèmes de santé mentale, dépression, toxicomanie : Myriam Laporte-Sergerie avait bien des raisons de baisser les bras. Pourtant son retour aux études, au Centre de formation générale des Cimes de Sainte-Agathe-des-Monts, lui a prouvé qu’elle avait la force de reprendre sa vie en main.
Lauréate d’une bourse Retour Réussite 2022, remise par la Fondation pour l’alphabétisation, Myriam nous raconte son parcours. « Si mon histoire peut aider des gens », dit-elle, un sourire dans la voix.
Parcours adapté… ou à obstacles?
En raison de son trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), Myriam est classée dans un parcours adapté dès la 2e année du primaire. On lui prescrit du Ritalin. Mais elle a aussi un trouble de personnalité limite et de l’anxiété généralisée. « C’était difficile pour moi en classe. Il y avait trop de monde. Souvent, il fallait que je sorte et je pleurais. »
Elle croit également que les classes adaptées qu’elle a fréquentées ne devraient pas exister. « On regardait des films assis sur des divans. On n’apprenait rien. »
De 11 à 17 ans, elle fume beaucoup de marijuana. « Un moment donné, j’ai fumé une pof de trop. J’ai commencé à faire des grosses crises d’angoisse. Je ne pouvais plus socialiser. » À 17 ans, elle lâche l’école. « Pendant deux ans, j’étais beaucoup sur l’alcool. Je me suis retrouvé à l’hôpital plusieurs fois. Je voulais mourir. »
En 2017, à 21 ans, elle retourne à l’école aux adultes. Mais ça ne fonctionne pas. Avec son emploi au IGA, c’est trop. « L’école ne m’apportait rien, pas de revenu. Et ils m’ont classée en pré-secondaire partout. Ça m’a découragée, et j’ai abandonné. »
Durant la pandémie, elle tombe sur la PCU. Puis, grâce à un programme d’Emploi Québec, elle peut être payée pour retourner aux études.
« Là, je me suis donnée à fond. Je n’avais aucune raison de manquer mes cours. »
Retour réussi
« Pendant deux années, j’ai goalé ça. En anglais, j’ai passé les années 1 à 4 en 6 ou 7 mois », raconte-elle fièrement. Dans les autres matières aussi, Myriam réussit enfin. « Ma famille m’a vraiment aidée. Une chance qu’elle est là. »
Elle remercie aussi sincèrement le Centre de formation général des Cimes. « Quand tu entres là, tu es tout de suite accueillie. Tu te sens vraiment chez vous, à ta place. Ce n’est pas comme au secondaire.»
Au lieu d’être attaquées, ses différences y sont acceptées et valorisées. « Je me faisais dire que j’étais un arc-en-ciel, que mon rire était contagieux. Ça fait chaud au cœur. »
Aider les gens
« Si je suis là aujourd’hui, il n’y a vraiment pas d’âge pour retourner à l’école. Mon père y est retourné à 50 ans. Ma mère l’a fait, de 20 à 30 ans, avec 5 enfants en même temps, pour devenir infirmière. »
D’ailleurs, Myriam étudie maintenant pour devenir infirmière auxiliaire, au Centre de formation professionnel (CFP) des Sommets.
« Je commence lundi. Je suis vraiment contente! », s’enthousiasme-t-elle durant l’entrevue.
Comme le docteur Patch Adams, elle veut faire rire ses patients. « J’ai toujours voulu aider les gens. C’est ma passion. Je vois le potentiel dans chaque personne. On est tous différents et on a tous de la beauté à l’intérieur. »
Quel conseil donnerait-elle à ceux qui pensent retourner aux études? « De ne jamais abandonner. Je vis un mal-être souvent. Mais il faut voir le beau. Il faut prendre ton temps et vivre le moment présent. Il faut vivre tes émotions tout de suite. Si tu les refoules, elles reviennent d’une autre manière. C’est la clé du succès. Ça, croire en toi, et être bien entourée. Et tu vas voir, à la fin, tu vas être tellement fière de toi.»