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Réussissez votre burnout!

Par Mimi Legault

La chronique à Mimi

mimilego@cgocable.ca

Métro-boulot-dodo. Métro-boulot-dodo. Et soudain, votre cadran se dérègle. Ne sonne même plus. Ça va mal au boulot et on fait de moins en moins de beaux dodos. Crack, on craque. C’est le crash total. Un tunnel noir d’où on ne voit plus la fin.
J’ai pensé vous donner des ingrédients pour réussir un bon burnout. Ainsi, pour être en parfaite santé, évitez de suivre mes conseils et le tour sera joué. Mais gardez ma recette à vue! Vous n’aurez qu’à coller l’article sur le mur de votre bureau ou sur le front de votre patron. Génial, n’est-ce pas?
D’abord, gardez toujours la même routine. Ne changez surtout rien à votre vie. Le pâté chinois le lundi soir. L’amour le samedi soir, mais le 6/49, deux fois par semaine. Les mêmes numéros surtout. Le steak de surlonge, même épaisseur, sur le BBQ le dimanche soir. Vos pantoufles roses et brunes en « phentex » pour ne pas égratigner le plancher de bois franc. La carte de crédit loadée comme un 10 roues. Les films-vidéos vendredi-samedi. La même brosse à dents depuis deux ans. Et le dimanche midi chez belle-maman. Lâchez pas! La routine, mon vieux, ça sécurise.
Au bureau, durant les pauses-café, ne discutez que du travail. Chialez contre le patron. C’est bon pour l’esprit d’équipe. Faites venir votre délégué syndical. Comptez vos minutes de repos auxquelles vous avez droit. Fumez deux cigarettes coup sur coup durant « l’entracte ». Pompez, pompez. Rapprochez- vous des gens « négatifs ». Ils ne travaillent pas tous pour la photographie! Associez-vous avec ceux qui nient carrément le bonheur. Qui chialent sur tout ou rien. Surtout sur rien. Le bonheur? ‘Me font rire avec le bonheur, les psys. Le bonheur, c’est une maison payée, un beau « char neu », des « tites » fleurs qui poussent sur le terrain, un chien fidèle et une pizza all dressed au milieu de la table.
Branchez-vous sur les mauvaises nouvelles à 18 h. Plaignez-vous tout le temps. Vous avez tant de raisons de le faire. Protestez contre la température, les joueurs du Canadien, les urgences, la politique. Ça fait tellement de bien!
Faites des heures supplémentaires à votre travail. Dites toujours oui. Ce sera pour le meilleur ou pour le pire. Vous deviendrez un héros aux yeux de votre patron.
Donnez-vous corps et « âne » pour votre travail que vous détestez peut-être, finalement. Rappelez-vous une chose : le travail, c’est la santé! Apportez, si vous le pouvez, des dossiers à étudier à la maison pendant que les enfants dorment. Vous êtes une superwoman. Et vous monsieur, un être irremplaçable. « C’est-y » pas merveilleux? C’est tellement bon pour l’ego de sentir que personne d’autre ne pourrait mieux faire s’il occupait notre place.
Ne pratiquez aucun sport. D’abord, vous n’avez plus le temps. Et puis, le régime que vous suivez vous prouve, hors de tout doute, que faire de l’exercice ne fait pas perdre de graisse à moins d’en abuser. Abusez-vous bien! De toute façon, vous courez tout le temps. À la garderie, à l’épicerie, au travail, à la maison. C’est pas du sport, ça? Au « yable » le jogging ou la marche rapide.
Prévoyez une activité désagréable lorsqu’une journée difficile s’annonce. Comme aller au Centre Bell voir nos Valeureux Guerriers Bleu-Blanc-Rouge. Ou allez rencontrer votre gérant de banque pour vos REER, car c’est bien connu, le REER (rire), c’est la santé. Cet été, prévoyez quinze jours de vacances sous la tente avec vos quatre enfants. Ils vous feront apprécier la sérénité de votre lieu de travail.
Ne demandez jamais, mais jamais au grand jamais, de l’aide. Ce serait comme vous abaisser. Parler à vos proches? ‘Sont trop éloignés de vos problèmes, vos proches. Faudrait quelqu’un… de plus proche, justement. Vous me suivez? Tant mieux!
Mais permettez-moi de tricher. D’injecter un antipoison aux ingrédients de ma recette. Au lieu de métro-boulot-dodo, que diriez-vous de porto-resto-porno et… après ça, un beau dodo! Au moins, essayez-le avant de… craquer.
Suivez mes conseils, mais à l’envers. Un jour, j’avais discuté burnout avec une amie dans le même sens que ma chronique de cette semaine. Elle me dit sur un ton de blâme : « J’ai suivi ton conseil. Je ne me suis pas laissé accaparer par mon travail. J’ai cherché à me distraire, à me détendre et je viens de me faire flanquer à la porte »! Je lui ai alors répondu que c’était normal pour un monde à l’envers dans lequel nous baignons : on te « remercie » quand on n’est pas content de ton rendement…

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