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Connaissez-vous Ursula Menesi?

Par Rédaction

Si je vous cite le nom d’Ursula Menesi, je demeure certaine que cela ne vous sonnera pas une cloche. Mais si je vous dis qu’il s’agit de la dame d’un certain âge qui se promène quasiment partout dans St-Sauveur accompagnée de sa fidèle canne, une petite lumière risque de s’allumer dans votre cerveau. C’est elle. Elle a 84 ans bien sonnés et semble même s’en réjouir. Elle me reçoit dans son appartement décoré en toute simplicité.

 

La voilà qui prend un tabouret et qui s’assoit presqu’à deux pouces de ma figure.

Voilà, je suis à votre disposition. Que voulez-vous savoir? me demande-t-elle.

Elle est comme ça notre Ursula nationale. Comme un boxeur qui vous décroche un jab en plein dans la gueule. Effectivement, je me sens soudainement moins en équilibre mais pas encore dans les câbles. D’ailleurs, elle serait le genre à ramasser son adversaire si besoin était. Le moindrement que l’on commence à la connaître, elle devient un moulin à paroles. Ma plume s’essouffle, ses mots s’entassent sur ma feuille. Je finis par comprendre qu’elle est d’origine allemande. Son accent la trahit. Une enfance et adolescence heureuses, une vie de couple sereine. Veuve de son beau Peter, elle s’est faite une vie à son image. En toute simplicité. Ursula est une femme debout dans tous les sens du mot.

Une femme extraordinaire dans son ordinaire. Levée avant le soleil, couchée en même temps que lui. Une discipline de fer qui ne rouille pas. Dans ses bonnes journées, elle marche facilement six heures. Aucune erreur de frappe, j’ai bien écrit six heures. 84 ans, au risque de me répéter. Je la fixe un moment, elle surprend mon regard et laisse le silence passer. Même quand elle ne dit rien, je l’entends. Je lui demande son tracé quotidien. Elle n’en a pas sauf pour sa première sortie. C’est une chance que je sois assise. Elle me dicte exactement son chemin, je la suis en pensée, bouche bée. Je n’écrirai pas bien sûr le lieu de sa sortie matinale mais ça tient du miracle pour une dame de son âge.

J’y pense : à six heure du matin, il fait noir, Ursula! Elle éclate de rire avec ses yeux d’outremer, elle n’est pas faite de carton-pâte! Même qu’il lui arrive de tomber. À date, dans ses sorties casse-cou, elle s’est brisée une jambe, deux bras, à la tête, alouette. Toujours vivante! Il y a de quoi se shiner l’égo. Pas elle.

Elle ne déroge que très peu de son régime de vie. Avant de partir pour sa première randonnée, elle mange une rôtie, beurre de peanut and jelly, qu’elle précise. Autour de neuf heures, elle se contentera d’un yogourt et d’une tasse de thé pour ressortir aussitôt. Vers 11 heures, elle prend son gros repas comme le goulash son plat préféré qu’elle prépare avec soin. Elle ressort pour l’après-midi qu’elle passera un peu partout dans le village. Le soir, seulement des fruits trônent à son menu.

Je lui demande si elle craint la mort, elle répond du revers de la main. Comme si elle me disait que la mort ne lisait pas l’Almanach ou qu’elle ne l’aura pas vivante!

À quoi pense-t-elle lorsqu’elle marche? J’admire les paysages j’aime la paix. Je parle à mon Dieu, je n’ai pas besoin d’aller à l’église. Je lui dis que j’aime la nature, qu’elle me rassure. Et elle ajoute de son ton solennel, si vous respectez vos amis et vos proches, alors c’est mieux qu’un prêtre.

La prochaine fois, que vous verrez cette dame atypique, dites-lui : bonjour Ursula! Elle vous répondra. Ah j’oubliais, lorsque le moment devient propice, elle fait 35 longueurs de piscine. Ça c’est pour se reposer…

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